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La SONABHY a-t-elle échappé au bradage ?

Publié le jeudi 19 juillet 2007 à 07h45min

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Jean-Hubert Yaméogo, DG de la SONHABY

Le dernier Conseil des ministres du gouvernement Yonli avait à son agenda un rapport relatif à " la restructuration de la SONABHY " et la libéralisation des importations des produits pétroliers au Burkina Faso. Le dossier n’a pas recueilli l’unanimité du Conseil et a été renvoyé pour plus tard.

La privatisation partielle de la SONABHY autorisée par l’Assemblée nationale depuis juillet 2001 peine à se réaliser. La privatisation partielle de la nationale des hydrocarbures devrait aller de pair avec la libéralisation de l’importation des produits pétroliers.

C’est un secteur vital pour l’économie nationale qui aiguise tous les appétits. Dans la perspective de cette privatisation et de la libéralisation de l’importation des hydrocarbures, plusieurs sociétés se sont créées ces dernières années. Ces sociétés sont le fait des nationaux et plus spécifiquement des hauts dignitaires de l’Etat en association avec un Cartel d’hommes d’affaires burkinabè bien connus.

La privatisation partielle de la SONABHY et la libéralisation de l’importation des hydrocarbures est donc une aubaine impatiemment attendue. Ce 1er juin 2007, le dossier est inscrit à l’ordre du jour du Conseil des ministres. Benoît Ouattara est sûr de son affaire. Il expose les motifs qui doivent conduire à la privatisation partielle de la SONABHY et la libéralisation de l’importation des hydrocarbures. Il cite en exemple un pays comme le Mali qui a déjà franchi le Rubicon et qui ne s’en porte pourtant pas mal. Le carburant, malgré qu’il traverse le Burkina Faso, avant d’atterrir à Bamako, y coûte à la pompe souvent moins cher qu’à Ouagadougou. Les arguments sont a priori massue. Le chef du gouvernement, Paramanga Yonli lui apporte son soutien.

C’est le dernier Conseil de l’ère Yonli, même si des bruits, en provenance de Ziniaré, laissent entrevoir une possible reconduction de l’enfant de Tansarga. La " Famille " aurait, dit-on, pris fait et cause pour lui. Il s’agit en effet, de ne pas donner l’impression au camp d’en face qu’il a gagné la bataille. Le sort de la SONABHY est donc en jeu, surtout que dans les tractations, les desseins sont à peine dissimulés.

Après l’exposé de Benoît Ouattara et le soutien résolu de Yonli, la contre attaque arrive drue et inattendue. C’est, semble-t-il, Aline Koala, " miss Kultur ", qui ouvre les premières salves contre le projet. Invoquant le caractère stratégique et hyper sensible de l’affaire, elle suggère que l’on renvoie le dossier pour donner le temps aux spécialistes de le peaufiner. Yonli corrige immédiatement en indiquant que la SONABHY a participé à l’étude et le dossier en Conseil des ministres reflète son point de vue.
Il ne me semble pas sûr que l’avis de la SONABHY ait été requis, insiste Salif Diallo. Si les premiers responsables de la SONABHY disent cela, renchérit Yonli, c’est qu’ils ne sont pas de bonne foi.

Ce que Yonli ne savait sans doute pas, c’est qu’à la SONABHY, on était loin d’être d’accord avec le projet. Certains ministres ont été donc bien briffés. Mais il reste que fondamentalement, la privatisation, même partielle, de la SONABHY et la libéralisation de l’importation des hydrocarbures posent problème dans la situation particulière du Burkina Faso. Le Mali a libéralisé l’importation des hydrocarbures sans trop de conséquences pour le consommateur et aussi sur les revenus de l’Etat.

Au Burkina, la SONABHY n’est pas née comme cela. Il y a toute une histoire autour de la naissance de cette société qui a contribué à briser l’étau de l’approvisionnement en hydrocarbures dans notre pays. Il est parfois bon, qu’en des situations semblables, l’on fasse parler certains Burkinabè qui se sont sacrifiés pour l’intérêt supérieur de notre pays. Il y a des sociétés qui ne se privatisent pas comme ça.

Il y a des produits pour lesquels la libéralisation n’est pas forcément la panacée. Au Burkina Faso, et de l’avis de ceux qui ont contribué à la naissance de la SONABHY, l’expérience est inédite. Le problème aujourd’hui est beaucoup moins la SONABHY telle qu’elle existe que des questions de gouvernance. Et puis diantre, pourquoi en Afrique, libéralisation signifie toujours déshabiller Pierre pour habiller Paul ? La France vient de libéraliser le marché de l’énergie électrique. Elle n’a pas pour autant brader l’EDF

NAB


A titre documentaire, la délibération du Conseil des ministres du 1er juin 2007

1.2- Au titre du Ministère du Commerce,
de la Promotion de l’Entreprise et de l’Artisanat

Le Conseil des Ministres a examiné un rapport relatif à la restructuration de la Société Nationale Burkinabè des Hydrocarbures (SONABHY) et la libéralisation des importations des produits pétroliers au Burkina Faso.
Le marché pétrolier mondial est aujourd’hui caractérisé par une flambée des prix sous-tendue par les tensions géopolitiques, l’insuffisance de l’offre de brut face à la demande et l’insuffisance des capacités de raffinage.
Les fluctuations du dollar, monnaie de transaction du marché pétrolier, constituent un facteur d’aggravation de la crise qui a des répercussions sévères sur les prix de vente dans notre pays.

Face à cette situation, ni les gestionnaires du secteur pétrolier, ni le gouvernement n’ont suffisamment de moyens pour endiguer la flambée des prix et contenir les tensions qu’elle cause sur le plan économique et social.
Compte tenu de toutes ces données, le Conseil des Ministres, après délibération, a réaffirmé sa volonté de libéraliser le secteur des hydrocarbures au Burkina Faso à travers l’application de la loi n° 015-2001/AN du 04 juillet 2001 portant privatisation partielle de la SONABHY. Il a donné des instructions aux Ministres en charge du dossier pour finaliser les études du schéma de privatisation retenu dans les meilleurs délais.

l’Evénement

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Vos commentaires

  • Le 19 juillet 2007 à 09:40, par Yarga En réponse à : > La SONABHY a-t-elle échappé au bradage ?

    Moi je pense qu’il faut privatiser la SHONABY. De toute les manières, elle fonctionne comme si elle était privatiée. Au lieu de la laisser ainsi pour qu’elle enrichisse quelques individus au détriment de la majorité, il vaut mieux la vendre une bonne fois car le résultat est le même.

    • Le 19 juillet 2007 à 13:07, par Amosis En réponse à : > La SONABHY a-t-elle échappé au bradage ?

      Attention à ne pas brader les acquis obtenus de haute lutte par le peuple du Burkina Faso. Souvenons-nous, si la CGP existait encore, peut-être serions nous mieux outillés aujourd’hui pour faire face à la flambée du prix du pétrole, du lait, du blé...Au lieu de la liquider, on aurait pu en faire un instrument de soutien au secteur productif national. Ce n’est pas parce que la SONABHY relève d’une gestion privée de fait que nous devons l’abandonner aux prédateurs. Ne serions nous plus un peuple de résistants ?

  • Le 19 juillet 2007 à 16:50, par Modibo TRAORE En réponse à : > La SONABHY a-t-elle échappé au bradage ?

    La vraie question est de savoir si la SONABHY est bien gérée en tant que société d’état. Le problème c’est que dans ce type de sociéte d’état la gestion n’est pas toujours rigoureuse et il n’est pas rare que des fonds en provenance de sociétés comme la SONABHY financent des campagnes électorales .Pendant que les syndicats marchent pour réclamer la baisse du prix du carburant il est grand temps de penser à des stratégies qui limitent la dégardation du pouvoir d’achat des travailleurs ; si la privatisation peut permettre cela pourquoi pas ? Après tout qu’est-ce qui n’est pas encore "bradé" dans les pays comme le Burkina ?

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