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Tracasseries et pots-de-vin sur les routes ouest-africaines : Alerte rouge

Publié le mercredi 18 juillet 2007 à 06h45min

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Les premiers résultats de l’étude de l’Observatoire des pratiques anormales (OPA) sur les axes routiers inter-Etats, restitués aux PDG (Police, Douane, Gendarmerie), aux transporteurs, aux chargeurs et administrations publiques, les 05 et 06 juillet 2007, sonnent l’alerte tant les rackets et les pertes de temps perturbent la compétitivité économique.

Désormais, une étude permet de mesurer, de comprendre comment et combien perçoivent les PDG (Police, Douane, Gendarmerie) sur les corridors routiers, causant par là même une sérieuse perte de vitesse à l’économie sous régionale.

En fait, le secteur des transports a besoin de sortir de la situation où les PDG s’alimentent de faux frais au motif qu’ils "ne mangent pas du papier" pour finalement gêner l’économie au lieu de favoriser son essor.
Selon l’étude réalisée entre octobre 2006 et mai 2007 auprès d’un échantillon de 265 chauffeurs, le corridor Téma-Ouaga est celui où il y a plus d’arrêts avec 25 arrêts sur 100 km, soit un arrêt tous les 4 km. Il est suivi de Lomé-Ouaga avec 18 arrêts sur 100 km.

Cette situation se traduit par des retards subis par les camions de l’ordre de 1 heure 54 mn au Togo, 3 heures 17 mn au Burkina Faso, 2 heures 44 mn au Ghana et 2 heures 40 mn au Mali, révèle l’étude. En termes de rackets, le Mali arrive en tête du peloton (51 264 F CFA) par camion, suivi du Burkina Faso (40 457 F CFA), du Ghana (16 532 F CFA) et du Togo (12 186 F CFA).

Mais, ces moyennes cachent des écarts considérables pouvant atteindre 300 000 F CFA par camion et par pays traversé.

Dans l’ensemble, le Togo et le Burkina Faso semblent être les pays où les transporteurs subissent le moins de tracasseries. Sur le corridor Bamako-Ouaga, Lomé-Ouaga et Téma-Ouaga, les faux frais représentent respectivement 70 500 F CFA (dont 52 000 F CFA perçus au Mali), 25 000 F CFA et 26 000 F CFA. Suivant les perceptions illicites par corps, la police, la douane et la gendarmerie sont les forces les plus corrompues. Elles perçoivent illicitement plus de 30% des faux frais.

Ces données brutes ne prennent pas en compte les nombreux véhicules qui ne sont pas en règle et n’évaluent pas clairement les coûts des retards dus aux faux frais sur la compétitivité de l’économie. Le trafic routier dans l’espace communautaire souffre des longues et complexes procédures de contrôles nécessitant au moins 20 pièces à fournir par les transporteurs contre 4 exigées en Europe. Pour le commissaire chargé du département de l’aménagement du territoire communautaire, des transports et du tourisme de l’UEMOA Ibrahim Tamponé, les obstacles non tarifaires à la fluidité du trafic, dont les arrêts sur les couloirs routiers se traduisent par des contrôles redondants et des perceptions illicites qui constituent une charge financière et causent des retards.

Pour lui, ces pratiques longtemps décriées persistent en dépit des mesures prises qui n’ont pas permis d’éradiquer le fléau. Et la première conseillère de l’ambassade des USA d’ajouter que face à cette situation, il ne faut pas baisser les bras. Mme Cynthia Akueteth a soutenu qu’il faut une concertation plus accrue entre les secteurs privé et public pour trouver une solution.

D’ailleurs, il serait judicieux, selon la rencontre, d’étendre la présente étude aux infrastructures routières, au transport de passagers et à d’autres corridors (Ouaga-Niamey, Bamako-Dakar) pour cerner davantage les contours et les effets pernicieux de la corruption sur les axes routiers. En cela, la société civile devrait ouvrir le débat pour évaluer les frais financiers indûment supportés par les chargeurs tout en disséminant les présents résultats pour inverser la tendance.

S. Nadoun COULIBALY

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 19 juillet 2007 à 00:49 En réponse à : > Tracasseries et pots-de-vin sur les routes ouest-africaines : Alerte rouge

    Et vous auriez pu rajouter que toute cette prébende officielle n’empêche pas la délinquance de se démultiplier aussi sur tous les axes du Faso et d’autres contrées de la sous-région. Vous auriez pu encore faire un judicieux parallèle entre ce racket -sic- routier et le refus poli des chefaillons d’Etat d’inventer d’hypothétiques états-unis d’Afrique. Mal payés, certes, les ’fonctionnaires’ qu’on appelle du coté d’Abidjan ’corps-à-billets’, mais au moins anesthésiés sur le dos de la bête sans sirène, sans escorte tonitruante, sans 4x4 rutilants... L’hurluberlu des sables tyrénaïques a beau se démener comme un beau diable, pour le panache un brin futile et ostentatoire, les responsables sud-africains, responsables en effet, n’y ont jamais cru et font eux-mêmes, seuls, leur Afrique : ils ne palabrent pas, eux, ils font. Vont finir, comme le Che jadis, comme Fanon aussi, vite découragés par cette Afrique-là qui ne change pas, par regretter de n’être pas en Amérique latine ou en Asie, les compatriotes et dignes héritiers de Madiba ! Car s’il fallait qu’ils attendent leurs pairs sans âme ni idées, jamais le géant Nasper n’aurait sauvé des oubliettes des centaines de films africains en les rachetant pour un usage exclusif de vingt-cinq ans, jamais non plus il n’y aurait eu, via sa SABC, la première CNN continentale... Et qu’on ne me dise pas, vieille antienne remâchée, qu’il s’agit de sous : le Faso avait bien sous son toit une école de cinéma, un institut de relations internationales et même, suprême panafricanisme, un institut des peuples noirs ! Non ? Même ces sous qui rendent fous, et par millions, venus d’une Europe pas très panafricaine se perdent en chemin ’officier’ sans jamais arriver chez les bidasses chargés de protéger les "frères" africains du Darfour... Mais chut, ça on n’en parle pas, sous nos tropiques. Ces petits détours peuvent aussi faire comprendre comment et pourquoi les routes d’Afrique sont un enfer pavé de très mauvaises intentions. Vivement le chaos, pour une vraie renaissance, après, après seulement. On ne fait pas une Afrique avec des bandits.
    Frédéric Bacuez dit Fretback.

  • Le 20 juillet 2007 à 16:37, par Binkièvo En réponse à : > Tracasseries et pots-de-vin sur les routes ouest-africaines : Alerte rouge

    FREDO, ton écrit est bien mais le francais est trop fort. Je suis d’accord avec toi, il faut un cataclysme en Afrique pour faire disparaître une majeurs partie des gens qui le peuple aujourd’hui. Le restant sera obligé de s’entendre et bien travailler. Il nous faut une déflagration salutaire du genre big bang pour faire disparaître tous nos chefaillons, mêmes les chefaillons traditionnels que sont les naabêtes en bonnets avec.

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