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Mauvais débiteurs tuent crédits bancaires

Publié le lundi 9 juillet 2007 à 08h24min

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Le Burkina Faso est l’un des pays de l’espace Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dont le secteur bancaire a connu le plus grand essor ces dernières années. De quatre banques (BICIA-B, BIB, CNCA actuelle BACB, SGBB), le pays compte aujourd’hui plus d’une dizaine de banques et des établissements financiers.

Ce printemps du commerce de l’argent traduit quelque part la bonne épargne et une vitalité des affaires au pays des “Hommes intègres”.

Des observateurs vont jusqu’à dire que les institutions financières burkinabè connaissent une sur- liquidité. De nombreux entrepreneurs et promoteurs de projets réfutent une telle perception. Sur le terrain, “obtenir un crédit dans une banque relève de la croix et de la bannière”. Les institutions financières ne semblent pas accompagner les investissements. Pour bénéficier de leur soutien, il faut présenter des garanties à la hauteur du risque financier.

Aussi plausible que soit la faisabilité d’un projet, les banques ne s’engagent que lorsqu’elles s’assurent que leurs concours financiers seront couverts par une tierce personne si le promoteur arrive à obtenir de lui un aval...
Seulement au regard de certaines réalités et des comportements dans le milieu des affaires, cette appréhension des banques burkinabè paraît hâtive et fallacieuse. La réticence et la méfiance des institutions et établissements financiers à soutenir l’entreprenariat ou les investissements résulte plus du mauvais comportement de certains débiteurs.

Le directeur général d’un établissement financier n’a pas manqué de le signifier lors d’une rencontre secteur privé/gouvernement : “Il y a des hommes d’affaires qui ne remboursent jamais les prêts contractés en banque”.
“Crédit” renferme “confiance,” le remboursement est donc de mise. Les banques n’apportent leur concours à un homme ou à une femme d’affaires que si elles le ou la jugent digne et crédible.

Des opérateurs économiques ont trahi la confiance placée en eux. Comme celui qui a emprunté et refuse de rembourser les 8 milliards F CFA à la BIB. Seuls quatre débiteurs auraient tenu leurs engagements vis-à-vis d’une banque de la place qui enregistre 52 milliards de F CFA de créances. Leurs responsables font des mains et des pieds pour recouvrer les fonds prêtés. Un véritable casse-tête pour ceux-ci car après avoir bénéficié d’un crédit bancaire et réussi leurs affaires, des entrepreneurs refusent de rembourser ce qu’ils doivent et se cachent derrière des échappatoires (amicale, ethnique, politique, régionaliste) pour éviter toute saisie de biens ou poursuite judiciaire.

Face au refus de remboursement de certains clients, les banques sont obligées d’imposer des intérêts élevés aux petits entrepreneurs pour couvrir le risque des grands opérateurs. La crise de confiance entre banquiers et hommes d’affaires, mauvais payeurs, que les pouvoirs publics semblent suivre avec passivité et mutisme réduit la contribution des banques aux investissements et à l’entrepreneuriat dans un Etat qui a l’ambition d’être “un pays émergent” en Afrique.

Jolivet Emmaüs

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 9 juillet 2007 à 11:21 En réponse à : > Mauvais débiteurs tuent crédits bancaires

    Ca fait plusieurs fois que la presse parlent d’hommes d’affaires qui doivent de l’argent à une banque et refusent de payer. Mais le lecteur reste sur sa faim car les journalistes font de la rétention d’informations. Ne connaissent-ils pas le nom de la banque et les créanciers ? Il est de leur devoir de dire qui sont ces gens dont le mauvais comportement pénalise les petits entrepreneurs. Sinon, ça ne sert pas de nous dire qu’un opérateur doit 8 milliards à un banque ; on vance pas. Il a fallu nommer et citer les faits délictueux de Korgho à Kaya pour qu’il soit sanctionné par la justice. Si le journaliste ne veut pas dire le nom du mauvais homme d’affaire, qu’il ne parle pas de l’affaire

    jean

  • Le 9 juillet 2007 à 15:28, par Guetabamba KOMBELEMSIGUIRI En réponse à : > Mauvais débiteurs tuent crédits bancaires

    Le taux de remboursement des emprunts est des plus faibles au Burkina Faso. Les prinicipales sont entre autres :
    - la mauvaise foi des hommes d’affaires (toujours vestés et crânés) ;
    - les pressions politiques pour que les prêts soient accordés. Toutes choses qui poussent l’emprenteur à ne pas rembourser.
    De toutes les façons, le banquier doit mesurer le niveau de risque avant de s’engager. Sinon, comment peut-on admettre qu’une banque consente 52 milliards de prêts soit à peut 60% de de son actif à des hommes d’affaires dont le citoyen lambda sait qu’il ne va jamais rembourser.
    Faire du crédit, c’est prendre des risques généralement calculés. C’est surtout savoir se prémunir, anticiper et accompagner le promoteur. C’est là, la grande lacune de nos institutions financières.
    Ce sont les mêmes qui ont mis en faillitte la BND/B et les banques révolutionnaires. Ils en feront de même avec les nouvelles instutions bancaires. Généralement, ce sont les mêmes qu’on retrouve dans le portfeuilles des nouvelles institutions bancaires. Ce sont de vrais spécialistes et ils sont légions au Burkina Faso.
    Il faut avoir le courage de les dénoncer publiquement.

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