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Forum international de la Tarîqa Tijania à Fès : Une rencontre bénie pour le salut de la foi

Publié le mardi 3 juillet 2007 à 08h03min

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Le ministère marocain des Habous et des Affaires islamiques vient d’organiser à Fès, la capitale spirituelle du Royaume du Maroc, un forum international sur la Tarîqa Tijania. C’était du 27 au 30 juin 2007, sous le très haut patronage de Sa Majesté le roi Mohammed VI.

La rencontre a regroupé des maîtres soufis, des savants, des chercheurs, des disciples, des adeptes de la Tarîqa Tijania ainsi que des personnalités religieuses en provenance d’une quarantaine de pays, surtout africains et arabo-islamiques.

Fès ! La 3e plus grande ville du Maroc. Une ville coquette, dotée d’une forte charge symbolique. Elle brille de ses manifestations cultuelles et culturelles. C’est la ville spirituelle du Royaume par excellence. En effet, cette cité est restée au fil des âges « un haut lieu de rayonnement de la culture islamique grâce à sa célèbre université d’Al-Quarawiyyine, lieu de convergence pour les oulémas et point de ralliement pour les maîtres et les adeptes du soufisme.

Son sol, où reposent de nombreux saints et hommes pieux, exhale le parfum exquis de leur souvenir mémorable et de leurs œuvres grandioses ». Fès abrite au cœur de la cité, le sanctuaire et le mausolée du célèbre Cheick Sidi Ahmed Tijani, le fondateur de la Tarîqa Tijania. Cet homme(né à Aïn Madhi en l’an 1150 de l’hégire), selon le témoignage de l’histoire islamique, fut un pieux et érudit de l’islam, notamment de la Tijania.

La quête du savoir religieux et de la connaissance soufie l’a conduit dans de nombreuses contrées, avant qu’il ne s’installe en 1798 à Fès où il érige le siège de sa Zawiya. Lorsqu’il arriva à Fès, le Sultan Moulay Slimane, lui réserva un accueil chaleureux digne de sa personne et l’entoura de bienveillance et d’estime, fidèle à la tradition marocaine. Depuis lors, les rois de la dynastie Alaouite chérifienne qui se sont succédé sur le trône du Maroc, se sont montrés toujours bienveillants à l’égard des Cheikhs de la Tarîqa Tijania.

Devoir de respect et d’estime à leur égard et surtout assurance de moyens nécessaires pour leur permettre de s’acquitter de la mission de promouvoir l’éducation spirituelle, d’assurer l’ancrage au sein de leurs communautés respectives, « des valeurs sublimes de l’islam et y diffuser les principes de haute moralité qu’il prône, notamment dans les pays du Sahel et l’Afrique profonde ».

Fès, la spirituelle

Par la force de la spiritualité, Fès est depuis un lieu de pèlerinage pour les adeptes de la Tarîqa soufie qui, à travers des milliers de zawiyas, connues pour leur rayonnement spirituel, ont contribué à diffuser l’islam dans tout le continent africain.

Les bénédictions de Cheick Sidi Ahmed Tijani, sont aujourd’hui sources de réputation, de sérénité et de quiétude. Sa foi au Créateur a été manifeste et affirmée. En héritage, il a légué au patrimoine de l’humanité un trésor d’enseignements profonds, de vertus sublimes et surtout de sagesse spirituelle, dans un esprit d’équilibre et d’harmonie, de rectitude morale et de discipline, conformes à la nécessaire observation des prescriptions religieuses.

Soigneusement sauvegardés par ses compagnons, ses khalifs et les disciples de la Tarîqa, ces référents sont de nos jours et pour bon nombre de musulmans, sources d’inspiration, de savoirs et de modèles. C’est donc en reconnaissance et en héritage à toute cette sagesse soufie de Sidi Ahmed Tijani que s’est tenu dans la cité où trônent le sanctuaire et le mausolée bâtis en son hommage le récent forum des adeptes de la Tijania.

La rencontre a réuni des personnalités religieuses, des oulémas, des maîtres soufis, des savants et des chercheurs de renom, des disciples et des adeptes de la Tarîqa Tijania. Environ 2500 personnes. Ils sont venus de divers horizons, animés d’idéaux communs : renforcer leurs liens de solidarité, de fraternité, d’entente et d’entraide, consolider leur esprit de tolérance et de paix, raffermir leur foi en Allah...Bref, tracer les voies à même de garantir à la Tijania,sa grandeur, sa renommée et sa réputation pieuses.

D’où toute la joie du Royaume du Maroc d’avoir abrité cette réunion bénie qui a rassemblé à Fès, cet aéropage d’adeptes et de personnes affiliées à la confrérie. Dans son message à l’adresse des participants au forum de Fès, un message lu par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, M. Ahmed Taoufiq, Sa Majesté, le roi Mohammed VI voit en cette rencontre « une aura de mysticisme nourrie des bienfaits du souffle divin ».

Aussi a-t-il appelé « à une élevation de l’âme qui transcende les rancoeurs et les rancunes, au sens du pardon à montrer, même en position de force, à la tolérance et à la coexistence avec autrui, au devoir de transparence les uns envers les autres et à la mansuétude, à l’émulation dans l’accomplissement d’oeuvres de charité, à la modération, au dévouement et au raffermissement des liens de fraternité religieuse.

Une fraternité si fortement ancrée dans les coeurs que ces adeptes se plaisaient à s’appeler entre eux “Ahbab” (pluriel de “habib” qui veut dire “bien-aimé”) ». Tant et si bien que la doctrine de la Tariqa s’est muée en un modèle d’éducation reconnu pour « son efficacité et sa capacité à éclairer les esprits et à les guider sur la trace des hommes pieux de la première heure ».

Les travaux du forum de Fès ont porté sur « La personnalité du Cheick Sidi Ahmed Tijani », « La Tarîqa Tijania, spécificités et caractéristiques », « Le rôle socioéconomique de la Tarîqa Tijania en Afrique », « Le rôle de la Tarîqa Tijania dans la consolidation des liens entre le Maroc et les pays subsahariens », et « la Tarîqa Tijania et son rôle dans la propagation de la culture de la paix ».

Assurer l’ancrage des valeurs

Les réflexions et les échanges autour de ces thèmes ont permis aux participants de débattre des affaires propres à la confrérie et des questions liées à ses zawiyas disséminées à travers le monde islamique, voire dans le monde entier.

L’époque actuelle étant marquée par l’ébranlement des valeurs spirituelles et la remise en cause du référentiel religieux, consécutifs à la mainmise des matérialismes et la quête effrénée des vils plaisirs terrestres, le forum de Fès s’est évertué à montrer la voie « du Bien » à suivre fermement et avec détermination pour espérer demeurer fidèle au patrimoine spirituel et civilisationnel de l’Islam.

Mise au service de la solidarité entre les pays du monde islamique, du Maghreb et de l’Afrique, la Tariqa, selon Sa Majesté, entend être « un des piliers sur lesquels repose l’unité africaine, ainsi que l’un des outils de lutter contre la pauvreté, la précarité et la marginalisation », en créant les conditions propices à une vie digne.

En ce sens, la rencontre de Fès qui vient après la première session de la Tariqa Tijania tenue, il y a plus de vingt ans, dans cette même ville, sous le règne de feu le Roi Hassan, marque une nouvelle étape dans l’action : celle d’assurer l’ancrage des valeurs de tolérance, d’amour du prochain et de propension de la paix que prône l’islam. De la conviction de Sa Majesté Mohammed VI, « Cela devrait se traduire par une action efficiente, une coopération soutenue, des relations fraternelles sincères, ainsi qu’une adhésion agissante aux chantiers de développement humain qui doivent être engagés dans toutes les contrées islamiques ».

Pour ce faire, aussi bien en Afrique que dans le reste du monde islamique, il ne fait pas de doute que la Tariqa Tijania se doit de « promouvoir l’éducation morale et spirituelle, de purifier les âmes par l’élimination des facteurs de division et de scission et de prêcher, en retour, les vertus de la concorde et de l’unité », renchérit le forum. Telle est l’assise solide sur laquelle doit s’édifier la société islamique qui se veut être « cohérente, solidaire et saine ».

C’est là également le socle sur lequel doit reposer l’édifice de la Oumma islamique, comme Dieu aurait voulu qu’elle soit, à savoir « une nation médiane à laquelle Il a consenti de révéler le message de l’islam, en tant que religion pérenne et source de guidance éternelle ».

Sita TARBAGDO


Bon à savoir

* Cheick Sidi Ahmed Tijani est né à Aïn Madhi (Algérie) en l’an 1150 de l’hégire. Son père, Sidi Mhammed Ben El Mokhtar ben Ahmed Ben Mhammed Ben Salem était d’une vaste érudition. Sa mère est la fille de Mohammed Ben Sanoussi. Dès son premier septain,
le jeune Sidi Ahmed Tijani apprit tout le Coran par cœur, les recueils didactiques, pour devenir dès la fin de sa deuxième décennie, un grand alem, juriste et homme de lettres. Les gens affluaient de toute part pour le consulter et profiter de sa vaste culture. Il se maria avant 16 ans. A cet âge, il était déjà au rang de mufti (forum plénier des sciences et des arts islamiques).

Réceptacle d’une forte inspiration, Cheick Sidi Tijani s’installe à Fès en 1798. Il y mène une activité cultuelle très intense, se fortifie dans les sciences islamiques et dispense des cours dans la célèbre université , la Qaraouiyyine. Sa vie intègre et son érudition émerveillent tout le monde qui trouve en lui le symbole personnifié de la foi, selon les règles de l’Islam.

Résultat, La Tarîqa Tijania qu’il a créé acquiert un impact sur les populations du monde islamo-musulman et même au-delà.
Après sa mort en 1822, cette confrérie se propage de plus belle dans des contrées comme le Niger, le Mali et le Sénégal. Aujourd’hui, la Tijania continue à travers le monde de propager et de diffuser la culture et les sciences islamiques. L’action est mis sur les principes de fraternité, de paix et de concorde sociale, dans un esprit d’harmonie spirituelle.

La Tarîqa Tijania est fondée sur la tradition du prophète. Elle préconise l’invocation continuelle de Dieu, la bénédiction de son prophète, la récitation du Coran, l’accomplissement en groupe des cinq prières...Elle recommande également le Bien et déconseille le Mal. Elle est bâtie sur le respect du droit à la différence en rejettent toutes les formes de violence et d’extrémisme. La confrérie compte aujourd’hui plus de 300 millions d’adeptes.

* La délégation burkinabè qui a participé au forum des adeptes de la Tijania était forte d’une vingtaine de membres. Elle était conduite par Cheick Aboubacar Maïga II, conseiller des affaires islamiques, membre fondateur de la Tijania au Burkina Faso. Cette délégation a apporté sa modeste contribution aux réflexions, échanges et débats sur les différents thèmes qui ont fait l’objet de communications d’éminentes personnalités de la Tijania. Entre autres animateurs de ces conférences, on peut citer le Pr Ahmed El Azami du Maroc, Cheick Ibrahim Mahmoud Djob du Sénégal, Cheick Ibrahim Saleh Al Hussseini du Nigeria, Cheick Zine Abidine du Soudan et Cheick Mohamed El’Id Attamassini d’Algérie.

* Dans un message adressé au forum, les descendants de Cheick Sidi Ahmed Tijani ont appelé les adeptes de la Tijania à travers le monde, au respect des valeurs de rectitude, de tolérance, de paix, au renforcement des liens de fraternité et de solidarité entre les musulmans et surtout à la fidélité au droit chemin, dans l’honneur et la dignité. Le salut de la foi Tijania passe par là.

*La grande salle de conférences de Jnan Palace de Fès qui a abrité les travaux du forum des adeptes de la Tijania était tout de blanc vêtue, aux lumières éclatantes. Les participants également brillaient par l’éclat de leurs boubous brodés. Cette conjugaison de blancheur et d’éclats donnait à la conférence de Fès une image de pureté, de grâce, de bénédiction et de perfection.

*Convaincus que le forum de Fès a été d’un intérêt capital en termes de réflexions, d’échanges d’expériences spirituelles sur la vie et la marche de la Tijania, les participants ont sollicité du Maroc, sa tenue tous les deux ans, soit à Fès soit dans une autre ville africaine. D’ores et déjà, le Maroc s’est dit volontaire à organiser le forum de 2009. En attendant, les adeptes de la Tijania ont été conviés à intensifier par le biais des nouvelles technologies et des médias, la nécessaire diffusion des nobles idéaux de la confrérie.

* En marge du forum, une soirée de louanges au prophète a été organisée par les dignitaires de la Tijania et ses différentes branches présents à Fès.

S.T.

Sidwaya

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