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Attentat contre Guillaume Soro : Tirs de roquette sur la paix

Publié le lundi 2 juillet 2007 à 08h29min

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C’est un véritable coup de tonnerre dans le ciel bleu azur de la Côte d’Ivoire en ce vendredi 29 juin 2007. L’onde de choc provoquée par ce séisme a créé l’émoi dans tout le landerneau politique ivoirien et, au-delà, au sein des populations de la sous-région.

Le coup d’éclat de ces obscurs soldats qui voulaient envoyer ad patres le Premier ministre Guillaume Soro vient comme pour rappeler que la paix en Afrique est toujours en équilibre précaire. A fortiori, quand cette paix est en phase de reconstruction, elle requiert une vigilance de chien de garde et une prudence de Sioux.

Loin d’être un malheur, la tentative ratée d’assassinat de Guillaume Soro se présente plutôt comme un pain béni, un ferment pour le processus de paix. Si fait que ce coup ne saurait dépasser le stade de l’incident grave, qui va a contrario fouetter le processus de paix en Côte d’Ivoire. Sous cet angle, Gbagbo n’a pas tort lorsqu’il déclare que cette tentative s’identifie aux derniers soubresauts sur la route de la réconciliation nationale.

Mais peut-on croire à la bonne foi du président, lui qui traîne derrière lui ce lourd passé de "boulanger" prêt à rouler tout le monde dans la farine ? Pour une raison principale, cette question n’est pas inopportune. Très roublard, Gbagbo sait qu’il est dangereux pour son image d’homme d’Etat de perpétrer un attentat contre Guillaume Soro à Abidjan. En faisant abattre le Premier ministre en zone rebelle, il allège le poids des soupçons sur sa personne en même temps qu’il détourne et concentre les regards accusateurs sur les Forces nouvelles. Ainsi, comme Ponce Pilate, il s’en lave les mains à bon compte.

Cependant, pour une fois, on éprouve l’envie incoercible de donner à Gbagbo le bon Dieu sans confession. En effet, le processus de paix enclenché depuis le 4 mars dernier à Ouagadougou, est avant tout une initiative de Gbagbo en personne. Ce processus est donc son bébé qui porte désormais toute sa notoriété et sa crédibilité. C’est lui qui a choisi le lieu et le moment pour accoucher de ce bébé.

Par ailleurs, le chef de l’Etat ivoirien n’a pas peur de la paix aujourd’hui. Il se sent prêt pour toute élection qui se trouve au bout de cette paix. Il est riche et rusé et c’est lui qui organise l’élection présidentielle dont il choisira, au demeurant, le moment.

En attendant que l’enquête livre ses secrets, la tentation est très forte de croire que l’inspiration et l’exécution de ce minable acte d’insoumission, portent la marque de frustration des rebelles. Au sein des Forces nouvelles, il y a en effet ceux qui, pour des raisons bassement matérielles et financières, ont peur de la paix. Et il y a ceux qui se sentent ostracisés par l’accord de paix de Ouagadougou. Enfin, il y a ceux qui, pour des raisons propres à leur ego ou pour des motifs stratégiques, ont mal digéré l’acceptation par Guillaume Soro de la casquette premier-ministérielle.

En tout état de cause, la détermination et la foi qui continuent d’animer les hiérarques des Forces nouvelles sont de bon augure pour la poursuite et le renforcement de ce processus de paix qui viendra libérer toute la Côte d’Ivoire des griffes acérées de la chienlit.

"Le Pays"

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