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Sociétés d’Etat burkinabè : Un besoin d’assainissement

Publié le lundi 2 juillet 2007 à 08h12min

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La XVe session de l’Assemblée générale (AG) des sociétés d’Etat s’est tenue, les 28 et 29 juin 2007 à Ouagadougou. La rencontre a permis de s’enquérir de l’état de ces structures en général, de la situation de chaque société afin d’adopter les résolutions et recommandations appropriées.

"Le chiffre d’affaires global réalisé par les treize (13) sociétés d’Etat en 2006 est de 388 milliards de francs CFA contre 303,480 milliards en 2005, soit une augmentation de 27,85 %". C’est entre autres, ce qui est ressorti du bilan financier des entreprises publiques au Burkina, lors de l’Assemblée générale des sociétés d’Etat. Ce résultat général a été jugé satisfaisant, mais n’a pas empêché de prendre des résolutions et recommandations en vue de consolider les acquis et d’améliorer les
performances.

Les trois principales recommandations sont relatives à l’apurement des dettes fiscales, au règlement effectif des dettes sociales et aux décaissements non sécurisés des fonds dans les sociétés d’Etat.
L’assemblée générale a permis également de prendre des mesures et/ou de faire des observations aux responsables des sociétés d’Etat.

Ainsi, l’ONEA et la SONABEL, par exemple, ont été autorisés à ne pas verser les dividendes à l’Etat sur la période 2007-2010. De l’avis du Premier ministre, Tertius Zongo, cela témoigne de la volonté du gouvernement "d’accompagner les ambitieux programmes d’investissement de ces sociétés dans les secteurs de l’eau et de l’électricité et par conséquent, un plus grand accès des Burkinabè à ces deux ressources vitales".
Quant à la Société de patrimoine de l’abattoir de Ouagadougou (SOPAO) qui s’est penchée sur le problème des abattages clandestins, des aires d’abattage périphériques et des conditions d’hygiène dans les abattoirs, elle a été invitée à faire des propositions en vue d’une résolution idoine de ce problème.

L’AG a aussi exprimé son insatisfaction sur la gestion de la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO) suite aux importantes irrégularités relevées par le commissaire aux comptes. De même, le BUMIGEB a été invité à poursuivre ses efforts sur le payement des cotisations sociales tout en veillant à éponger les dettes fiscales et sociales auxquelles cette société fait lourdement face.
Par contre, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a été félicitée et encouragée à poursuivre ses efforts pour une amélioration constante de ses résultats.

La SONAPOST a été également félicitée et encouragée dans le sens de la modernisation de son réseau en vue de favoriser la complémentarité avec les autres services.
Idem pour la SONABHY qui a été congratulée pour les résultats réalisés "dans un contexte marqué par la flambée des hydrocarbures".

Le chef du gouvernement est par ailleurs revenu sur certaines questions qui, selon lui, peuvent permettre un meilleur suivi des sociétés d’Etat. Il s’agit de la responsabilité des conseils d’administration et des commissaires aux comptes quant au suivi et au contrôle rigoureux de la gestion des sociétés. Ensuite, du paiement des dividendes et enfin, la ponctualité.
A propos de la ponctualité, Tertius Zongo a souligné que "les uns et les autres doivent comprendre que la ponctualité est la première qualité de tout cadre qui se veut responsable".

Alban KINI


Le paradoxe de la bonne santé financière des sociétés étatiques

Les sociétés d’Etat burkinabè ont toutes enregistré, en 2006, des résultats satisfaisants (une hausse de plus de 74,26 % en comparaison à l’année 2005). Cependant, leur contribution aux impôts et autres taxes de l’Etat a considérablement baissé (une baisse de plus de 17 % par rapport à 2005). Un paradoxe qui n’a pas laissé indifférent le Premier ministre, Tertius Zongo, à l’ouverture de la XVe session de l’Assemblée générale des sociétés d’Etat, le 28 juin 2007. En effet, séance tenante, Tertius Zongo a dénoncé avec vigueur "cet incivisme notoire".

Le Premier ministre trouve qu’il est inadmissible que les sociétés d’Etat enregistrent de si bons chiffres d’affaires et refusent de payer leurs taxes. Si le chef du gouvernement, lui-même, a exigé des explications (de la part des administrateurs et directeurs généraux des entreprises concernés), parce qu’il ne s’en revient pas, qu’en sera-t-il pour le citoyen lambda ? N’est-il pas en droit de se demander : a qui la faute si la contribution des sociétés d’Etat au budget national a dégringolé ?

D’autant plus que dans son allocution d’ouverture, le Premier ministre a laisser entendre : "En organisant en juin 1993, la toute première session de l’AG des sociétés d’Etat, le gouvernement entendait non seulement répondre à des exigences d’ordre juridique, mais aussi et surtout, renouer avec les pratiques éprouvées de gestion saine et efficiente des entreprises publiques". Y avait-il donc manque de rigueur, impuissance de l’Etat ou complaisance de certaines personnes face au refus des entreprises étatiques à respecter l’ordre juridique ?

En tout état de cause, l’optimisme reste de mise puisque la question a été soulevée et débattue. Et des réflexions menées avec le Premier ministre déterminé à combattre toutes formes d’injustice, sont sorties des enseignements utiles et indispensables. Seulement, que chacun respecte les recommandations et ses engagements.

Toute chose qui permettra une gestion "propre" et adéquate des entreprises étatiques afin qu’elles puissent accroître sans cesse leur contribution à la création de richesses nationales et répondre au mieux, aux attentes légitimes des populations.
Alban KINI


Des directeurs généraux de sociétés d’Etat se prononcent sur la situation de leur entreprise

* Arthur Kafando, directeur général de la SONAPOST : "La Société nationale des postes (SONAPOST), depuis l’année 2004, a une situation qui se renforce. La structure de l’entreprise se consolide de plus en plus. Nous travaillons avec l’ensemble du personnel à faire de l’entreprise, une société qui va se porter davantage mieux. Les autorités nous soutiennent à ce propos. Elles nous aident à trouver les meilleures voies possibles afin que la SONAPOST puisse avoir un chiffre d’affaires qui évolue. Toute chose qui permettra d’assurer notre mission de service public et d’être une entreprise citoyenne devant offrir des produits de meilleure qualité.

En 2006, nous avons enregistré un accroissement du chiffre d’affaires, ce qui est nettement positif pour nous. Cette situation nous réjouit, mais il reste que la direction et l’ensemble du personnel de l’entreprise doivent se mobiliser davantage pour que 2007 soit encore meilleure. Nous avons des ratios d’activités qui restent à améliorer.
En ce qui concerne notre contribution à la fiscalité, la SONAPOST a toujours été un bon élève. Nous avons été toujours à jour sur l’impôt et sur la dette sociale".

* Innocent Koulidiati, directeur général de la CNSS : "Lorsqu’on dirige une société comme la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), il faut travailler et se fixer des objectifs. Ce travail doit se faire en associant les collaborateurs et l’ensemble du personnel. La grosse difficulté à laquelle nous sommes confrontés est le recouvrement de nos cotisations sociales. Nous avons près de treize (13) milliards d’arriérés de reversement de cotisation, que ce soit au niveau du secteur privé ou des sociétés d’Etat.

Heureusement pour nous, l’Etat a mis à notre disposition, depuis les lois de mai 2006, un certain nombre de mécanismes juridiques qui nous permettent de passer par la sensibilisation ou les voies de droit pour faire pression en vue de recouvrer nos arriérés. L’assemblée générale a pris fortement en compte cette préoccupation à propos des recouvrements.

Les cotisations sociales comportent deux (2) parts. Il y a une partie qui est retenue sur le salaire du travailleur et il y a une autre qu’il revient à l’employeur de payer. Il est inconcevable que des employeurs retiennent la part des employés qu’ils ne reversent pas. Les lois de 2006 nous ont positionné au même niveau que le recouvrement lié au Trésor public. Nous avons eu donc des privilèges très importants à la sécurité sociale pour faire rentrer les cotisations".

* Hubert T. Yaméogo, directeur général de la SONABHY : "A l’issue de la l’assemblée générale, il y a eu un certain nombre de recommandations en ce qui concerne la SONABHY. Il s’agit entre autres, davantage de communication sur notre entreprise et sur l’ensemble de ses activités pour mieux nous faire comprendre par l’opinion de façon générale. Il est nécessaire, en tant que responsable de société d’Etat que nous puissions donner le maximum d’informations aux citoyens sur le marché pétrolier et sur l’évolution des prix à la pompe. Nous nous y attellerons.

Nous avons même signé un protocole d’accord avec la Radio diffusion télévision du Burkina (RTB) et avec la presse écrite pour divulguer les informations chaque fois quand il le faut. Certaines personnes pensent souvent à tort que nous augmentons ou abaissons les prix selon notre gré.
A propos des fiscalités, la SONABHY ne doit à personne. Nous avons été toujours une entreprise citoyenne. Nous sommes régulièrement à jour quant à nos obligations".

Propos recueillis par
Alban Kini

Sidwaya

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