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Côte d’ivoire : Une répartition au goût amer pour les victimes des déchets toxiques

Publié le mercredi 27 juin 2007 à 08h01min

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On a encore en mémoire que les 19 et 20 août 2006, cinq cent vingt-huit (528) m3 de déchets toxiques acheminés par un bateau russe battant pavillon panaméen du nom de "Probo Koala", affrété par la société "Trafigura Beheer BV", étaient déversés dans certaines communes d’Abidjan.

Et comme pour être sûrs que l’acte passerait inaperçu, les auteurs les évacueront en une vingtaine de points disséminés sur sept sites.

Plus de cent mille personnes seront alors intoxiquées, au nombre desquelles soixante-seize ont été hospitalisées et, pire, seize sont décédées.

Face à l’ampleur du drame, le président Laurent Gbagbo était monté au créneau pour dire toute sa désapprobation. Mais comme le mal était déjà fait, il fallait désormais exiger une réparation globale des dommages causés aux populations du district d’Abidjan et à l’Etat de Côte d’Ivoire.

C’est ce qui a amené le président Gbagbo à signer un protocole d’accord le 13 février dernier, entre l’Etat ivoirien et la Société "Trafigura Beheer BV". Les objectifs visés dans le document étaient clairs :

témoigner de la compassion aux victimes et à leurs familles ; atténuer les douleurs des populations qui ont subi des préjudices ; prendre les mesures visant à garantir l’indemnisation conséquente des victimes ; et enfin prévenir les effets néfastes futurs du sinistre actuel et les catastrophes éventuelles de même nature.

"Trafigura" annonçait alors qu’elle délierait les cordons de la bourse à hauteur de 100 milliards de francs CFA. Avec ce cas précis, les nombreuses sociétés d’Occident doivent comprendre que dorénavant, l’Afrique ne constituera plus un dépotoir où l’on peut venir déverser ce dont on ne veut pas chez soi.

Pour revenir à cette histoire des 100 milliards, c’est connu de tous que sous nos tropiques, en général, on ne se dispute pas pour de l’argent autour d’un cadavre, mais autres temps, autres mœurs.

Car les cent milliards ont aiguisé les appétits, et des victimes de la pollution, qui ont jugé insuffisants les dédommagements proposés par le gouvernement ivoirien, frappent à la porte de Gbagbo.

Et cela pour lui signifier de vive voix que les 200 000 dollars pour chacune des familles des 16 décédés et les 408 dollars réservés aux 100 000 individus ayant reçu des soins ne font pas l’affaire.

Si l’argent leur était totalement destiné, on aurait effectivement dû le leur remettre.

Mais ce n’était pas le cas, car Gbagbo, qui a vu venir les choses pour ne pas dire l’argent, avait balisé le terrain en créant une "Cellule présidentielle chargée du suivi des catastrophes naturelles et humaines" et en annonçant les modalités d’indemnisation suivantes :

l’indemnisation des dommages subis par l’Etat, l’indemnisation des dommages subis par les collectivités territoriales et les communautés villageoises ; l’appui aux structures d’intérêt national ; la couverture des dommages économiques et en dernier ressort, l’indemnisation des victimes humaines.

Pour clouer le bec aux oiseaux de mauvais augure qui viendraient à jaser, le président a tenu à rappeler à tous sa ferme volonté de réaliser toutes les opérations complémentaires de dépollution des sites pouvant encore contenir des déchets se rapportant aux événements passés. Voilà qui se passe de tout commentaire ! Mais cette répartition des 100 milliards de francs CFA a un goût amer pour nombre de citoyens.

Pierre Tapsoba

L’Observateur

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