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Irak : La sale et meurtrière guerre

Publié le lundi 10 mai 2004 à 04h45min

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Le scandale des prisonniers irakiens suppliciés par les troupes anglo-américaines, révélé la semaine dernière, n’a pas fini de faire des vagues au sein de la communauté internationale et aux Etats-Unis même. Et pourtant, ce énième "avatar" de la campagne d’Irak, rentre dans la logique d’une guerre qui, dès le départ, s’est voulu "civilisatrice" avec les préjugés que ce sentiment de domination pourrait entraîner chez les "civilisateurs" dans leurs rapports avec les "sauvages". Un air de déjà vu en somme.

Les photos des Irakiens molestés, torturés, "transformés" en bêtes et tués par les soldats américains et anglais ont soulevé un tollé de désapprobation générale à travers le monde.

La rue arabe, déjà frondeuse depuis le déclenchement de la campagne d’Irak, est devenue grondeuse et furieuse à la vue de ces images dévalorisantes pour toute une communauté. Européens et Africains se sont, eux aussi élevé contre ces pratiques "contraires aux règles du droit international humanitaire" même si une fois encore, ces condamnations de principe émanant de ces deux continents, n’ont pas été suivies d’actes forts à même de prouver aux USA qu’ils ne sont pas les "seuls" sur l’échiquier politique international depuis la chute du mur de Berlin.

Cette disgression pour dire que depuis l’avènement de la mondialisation, les relations économiques et politiques internationales prennent une tournure telle que l’on s’achemine vers des chocs plus violents si tant est que la négation et le bafouement de l’autre semblent être la règle.

Pour en revenir à l’Irak, disons que les réactions les plus virulentes face à ces "dérapages", sont venues des Etats-Unis même. Sous la pression de la vox populi, Georges W. Bush a été contraint de présenter ses excuses au peuple irakien, affirmant au passage que ces actes ne "reflétaient" pas l’Amérique et ses valeurs.

A sa suite, le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld s’est prêté au même exercice devant les représentants du peuple américain. Tout en reconnaissant sa responsabilité dans ces actes odieux, il a cependant refusé de démissionner au motif qu’il se sentait encore "utile" (sic).

Le choc des ignorances

Paradoxalement, 69% de ses compatriotes ont approuvé cette position de leur secrétaire d’Etat à la Défense. C’est le contraire qu’on attendait de leur part, mais il faut voir à travers cette prise de position, la manifestation du patriotisme dont les Américains ont toujours su faire montre face à "l’ennemi".

Un sentiment renforcé par la condamnation de cette "guerre juste" par les amis sûrs (Allemagne, France) de l’Amérique.

C’est ce qui explique que malgré l’accumulation des scandales, (le motif invoqué pour guerroyer n’était pas le bon), Georges Bush ait surfé dans les sondages jusqu’à une date récente. Et puis, il ne faut pas oublier que Bush n’a de cesse de répéter que sa première mission est de "civiliser" les Irakiens en leur apportant la démocratie libérale. Un discours qui rappelle celui des missionnaires qui, à leur suite, des militaires qui ont "pacifié" l’Afrique avec les conséquences que l’on sait.

Tueries, ratanodes, diverses humiliations étaient le lot des "indigènes" dans le but de les réduire physiquement et moralement pour mieux les asservir. (Voir "Ainsi, on a assassiné les Mossé" de Maître Pacéré Titinga).

Et plus la résistance était grande, plus la répression était féroce et inhumaine. L’Irak présente à peu de choses près, le même tableau avec des troupes de colonisation qui se heurte à la résistance des "sauvages", lesquels ne cessent de faire roder la mort en leur sein. En conséquence, ceux d’entre eux qui sont capturés servent d’exutoire à la colère mais surtout à la peur des "colons".

Indochine, Algérie, Afrique du Sud, autant d’exemples pour illustrer les dérives et les honneurs des guerres coloniales. Mais comme Georges W. Bush n’a pas de "mémoire historique" sur les guerres coloniales, il ne peut que "s’émouvoir" devant les conséquences de son action, tout en promettant de la poursuivre et de la terminer au plus vite. Une vue de l’esprit au regard de la tournure prise par les événements.

En fait, Bush paie ainsi au plus pressé, "angoissé" à l’idée de perdre la présidentielle de novembre 2004. De sources bien informées, son dernier coup de poker résidera dans la capture d’Oussama Ben Laden entre août et septembre 2004 pour retourner l’opinion américaine en sa faveur.

Pour ce faire, le leader d’Al Qaïda serait coincé dans les montagnes du Waziristan (région à cheval entre l’Afghanistan et le Pakistan) par des unités d’élites américaines qui n’attendraient que le feu vert de la Maison-Blanche pour sonner l’hallali. En attendant ce coup de poker, cette guerre que nous avions qualifiée de sale depuis son déclenchement, n’a pas fini de révéler ses dessous nauséabonds.

Qui a dit que "l’Amérique avait besoin d’un nouveau président ?"

Boubakar SY

Sidwaya

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