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Sécurité incendie : Mettre fin au laxisme

Publié le mardi 26 juin 2007 à 07h57min

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Rood Woko en feu

Le 27 mai 2003, une partie du poumon économique de Ouagadougou, Rood Woko, le marché central, partait en fumée. Les pertes sont énormes. Plus de quatre ans après ce sinistre, les Ouagalais ont-ils tiré les leçons ? La sécurité incendie est-elle entrée dans les moeurs au Burkina ? Enquête.

La protection contre l’incendie et la panique est -elle devenue une préoccupation pour les citoyens ? Les autorités elles-mêmes en ont-elles fait leur affaire à titre de sécurité publique ? Rien n’est moins sûr. Avant l’incendie du marché de Ouaga, il y a eu celui de Koudougou le 15 novembre 2000,

L’Administration a la lourde mission d’assurer la sécurité des citoyens et des populations. C’est à cette fin qu’un règlement sur la sécurité contre l’incendie et la panique, a été adopté. Ce règlement qui existe depuis 1997 s’applique à tout établissement recevant du public (ERP), selon l’usage, la hauteur et le nombre d’usagers. Les administrations, les marchés les hôtels, les stades, les supermarchés, les boîtes de nuit, hôpitaux, etc., sont ainsi classés en catégories et en types d’établissement.

Le décret d’application de cet arrêté a été signé en 2002, soit une année avant l’incendie du grand marché. Avec le recul, le constat est clair. Ce qui est arrivé est le fait des hommes. Le laxisme des autorités compétentes en matière de sécurité civile et l’incivisme des locataires du marché ont constitué une part importante dans la survenue de la catastrophe. Quelques exemples :

le téléphone direct qui relie le marché aux sapeurs-pompiers était défectueux le 27 mai 2003. Les voies d’accès au sinistre étaient obstruées, rendant difficiles les manoeuvres des soldats du feu. La mairie n’a jamais pu faire dégager ces voies de secours. Pire, en cette période de l’année, les bouches d’incendie n’étaient pas alimentées à cause d’une pénurie d’eau.

Aujourd’hui, les spécialistes estiment que vu le niveau de fréquentation du marché, l’on aurait dû prévoir des bâches d’eau permanentes, toute chose qui aurait peut-être permis de faire face rapidement au feu. A-t-on vraiment pris des dispositions pour parer à toute éventualité ? Oui ! Rassure le président de l’Ordre des architectes du Burkina Faso, Sylvain Thiombiano, mais leur application laisse à désirer. "Les textes existent mais la culture sécurité incendie n’existe pas encore. Tant qu’on n’appliquera pas les textes comme il le faut, le réflexe sécurité incendie ne se développera pas", avertit-il.

La mairie de la ville de Ouagadougou, a décidé de durcir les conditions d’obtention des permis de construire à compter du 1er juin 2007. En amont, elle entend contraindre les promoteurs immobiliers à intégrer dans leurs projets le règlement sur la sécurité contre incendie et la panique. (Voir encadré 1)

La demande d’autorisation de construire doit recueillir l’avis technique d’au moins cinq services, avant la décision du maire. Il s’agit des Sapeurs-pompiers, du service des Domaines et de la publicité foncière, de la direction générale de l’Architecture, de la direction générale de l’Urbanisme, et des Services techniques municipaux. Ce parcours, de l’avis des acteurs du secteur, est lourd et complique le suivi des dossiers dans la mesure où c’est le demandeur qui fait le tour des services. D’où l’idée d’un guichet unique pour faciliter la procédure. Le délai de rigueur est de trois mois, selon la loi. Si au bout de ce temps, l’Administration ne donne pas un avis motivé, le promoteur est libre de commencer ses travaux.

Comment rattraper les erreurs ?

En attendant, comment rattraper le laxisme d’une Administration qui ne se donne pas toujours les moyens d’appliquer les textes adoptés ? L’Administration elle-même n’applique pas la loi. Nombreux sont les édifices publics qui ne respectent pas les dispositions de la sécurité incendie.

Au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, la conception du bâtiment en W a tenu compte des prescriptions en matière de sécurité panique. Il existe au moins trois voies d’accès et une quatrième possibilité avec l’ascenseur. En cas de panique, les usagers ont le choix. Tel n’est cependant pas le cas du bâtiment du ministère des Finances et du Budget, rénové à coup de millions de nos francs, dont les deux issues sont presque situées au même endroit. L’escalier serpente l’ascenseur tout au long des quatre étages. En cas de panique, d’alerte au feu, tous les usagers du palier convergent vers le même endroit et cela pourrait compliquer leur évacuation de l’immeuble.

Deux exemples pour illustrer le fait que la sécurité contre l’incendie et la panique est une donnée qui doit être intégrée déjà dans les plans de construction des immeubles accueillant du public. C’est le travail des architectes qui, dès la conception de l’ouvrage, doivent prévoir : ventilation des locaux, colonnes sèches, issues de secours, alarmes... Tous ces détails font l’objet d’un contrôle par les services techniques compétents avant l’ouverture des bâtiments au public. Le bâtiment des Finances, de l’avis d’un technicien qui a voulu garder l’anonymat, aurait dû être déclassé. A cause de sa position, (situé entre le Conseil et la Présidence), ses ouvertures sur l’extérieur ont été modifiées, rendant difficile toute intervention des secours à partir des façades.

Face à l’anarchie qui règne dans ce domaine, la mairie de Ouagadougou a publié un communiqué au mois d’avril 2007 pour rappeler que les demandes d’autorisation de construire sont désormais composées, à compter du 1er juin, de deux études. L’une sur le sol, certifiée par le Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics (LNBTP) et l’autre sur la sécurité contre l’incendie et la panique. Celle-ci doit être désormais réalisée par un service agréé qui doit avoir le quitus des spécialistes de la Brigade nationale des sapeurs- pompiers (BNSP). Dans l’ancienne procédure, les pompiers faisaient l’étude et donnaient leur avis.

Les pouvoirs publics veulent désormais amener les uns et les autres à respecter le Code de l’habitat et de l’urbanisme en amont en durcissant l’octroi du permis de construire pour les établissements R+1 et surtout ceux accueillant du public. Le plus dur est de faire respecter la réglementation en vigueur, notamment le suivi des chantiers de construction. "L’esprit du communiqué est que tout promoteur doit se soumettre aux dispositions en vigueur", selon le directeur de l’Urbanisme et de l’Habitat de la ville de Ouagadougou, Yacouba Traoré.

Le commandant, Ernest Kisbedo, directeur de la prévention incendie à la BNSP, rappelle que le rôle des soldats du feu ne se limite pas à combattre le feu. Une partie de leur mission est consacrée à la prévention par l’examen des dossiers d’autorisation de construire des promoteurs immobiliers. Principalement, il s’agit de vérifier si les règles en matière de sécurité incendie et de panique sont prévues dans les projets de construction. Et une fois le bâtiment érigé, la fonctionnalité du dispositif est contrôlée et éprouvée à travers des simulations.

Très peu de simulations

Cependant, sur la place, très peu d’établissements se livrent à cet exercice. La SONABHY (Société nationale burkinabè des hydrocarbures) et la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) sont des exemples en la matière, selon nos informations.

Le dernier exercice de simulation en date est celui qui a eu lieu le 4 juin 2007 à Bobo Dioulasso au siège social de la SOFITEX (Société burkinabè des fibres et textiles). Pour l’une des sociétés-phares du Burkina, le constat des défaillances est surprenant. La première concerne la conception même du bâtiment qui n’a prévu aucune façade accessible de l’extérieur. Le manque de moyens de secours a été relevé par les pompiers de la deuxième Compagnie des sapeurs-pompiers de Bobo Dioulasso : pas d’alarme, ni d’éclairage de sécurité et pas de plan d’évacuation.

Les anomalies doivent être corrigées

La sécurité incendie est drastique quand il s’agit par exemple d’usine. Là-dessus, Sylvain Thiombiano, président de l’Ordre des architectes du Burkina, est on ne peut plus clair : "En fonction de l’usage du bâtiment, la réglementation est claire. Si c’est un local qui abrite des produits explosifs ou très inflammables, naturellement, il faut prévoir des murs suffisamment armés, des portes coupe-feu, des revêtements stables à feu, c’est-à-dire qui résistent au feu pendant un certain temps. Le souci ici est de retarder la propagation de l’incendie et de donner le temps aux secours d’arriver sur les lieux. Par exemple, pour les salles de conférences, tous les revêtements sont tenus d’être stables à feu. De telle sorte que si un mégot tombe, on ait le temps de l’éteindre".

Les architectes se frottent les mains avec cette décision qui les met au coeur du dispositif. Il s’agit pour les cabinets d’architectes de se doter maintenant des compétences nécessaires pour conseiller les promoteurs, avoue Sylvain Thiombiano. Selon lui, les cabinets n’ont pas en leur sein les compétences pour toutes les études, à l’image des grands cabinets américains. Il existe des personnes morales et physiques agréées au Burkina qui peuvent assurer les aspects techniques de la sécurité incendie tels les alarmes, le type d’extincteurs, etc." Les honoraires seraient abordables selon le président de l’Ordre des architectes, qui estime que l’argument du coût élevé de l’expertise pour l’étude ne tient pas la route. Cependant, dans la mise en oeuvre du projet architectural, la protection incendie et les équipements ont un certain coût. Cela augmente forcément le coût des travaux. "Mais s’abstenir de faire ces travaux de sécurité incendie, c’est à la limite criminel, s’exclame Thiombiano. C’est la responsabilité civile et pénale des promoteurs qui est engagée selon lui.

Quid des bâtiments qui n’ont pas respecté la réglementation et qui reçoivent du public ? Il est possible de mettre tous ces établissements aux normes. Tout dépendrait de la volonté des pouvoirs publics, relève l’architecte Thiombiano.

La vie des habitants et le patrimoine immobilier en dépendent. Les détecteurs d’incendie ou de fumée, les alarmes, les blocs de sécurité et l’extincteur ne seraient pas de trop même dans les habitations, souligne-t-il.

D’ailleurs, les chiffres des sapeurs-pompiers sont éloquents. Pour les 5 premiers mois de 2007, ils sont à 190 interventions avec un pic de 62 interventions au mois de mars.

Les assureurs à la rescousse ?

DS, est un habitant de Ouagadougou. Sa maison a pris feu sans que l’on puisse encore situer les causes de l’incendie. Sa famille en est sortie indemne grâce aux deux issues indépendantes de la villa. Grâce aux voisins, une bonne partie des effets a échappé aux flammes. Il n’était pas assuré, comme nombre de Burkinabè.

Auprès des assureurs, l’assurance incendie ne semble pas être un produit en vogue. Les Burkinabè connaissent mieux l’assurance automobile qui est obligatoire. L’assurance incendie quant à elle ne l’est pas. Seules quelques grandes entreprises de la place et des usines prennent la précaution de s’assurer.

Les particuliers qui viennent s’assurer ces derniers temps le font par contrainte. Ce sont plutôt des clients que les banques "obligent" à assurer leurs immeubles dans le cas de prêts hypothécaires.

C’est ce que confirme Drissa Traoré, chef du département Production chez l’assureur COLINA-Burkina. "La plupart des bâtiments à Ouagadougou ne sont pas assurés. Ce sont les banques qui obligent certains de leurs clients qui mettent leur immeuble en garantie, à les assurer."

La clientèle classique reste les institutions internationales qui assurent généralement les logements de leurs agents et les expatriés.

Ce sont ces cas de figure qui permettent aux assureurs de corriger les dispositifs anti- incendie et panique de certains établissements. Selon M. Traoré, le rôle de l’assureur est d’indemniser le client en cas d’incendie. Sont concernés dans la procédure d’indemnisation, les incendies autres que ceux volontaires.

Avant de couvrir le risque incendie, l’assureur soumet un questionnaire d’identification au propriétaire qui renseigne sur la situation géographique, le matériau utilisé, les moyens de protection et de prévention.

Les moyens de protection renvoient à tous les moyens qui permettent d’agir sur la gravité du sinistre (extincteur par exemple).

Les moyens de prévention sont : bacs de sable, bouches d’incendie, robinet d’incendie armé (RIA), détecteur d’incendie...

L’assureur a besoin d’autres éléments d’information pour fixer sa cotation d’après le responsable à la Production de Colina Assurance. Il s’agit, entre autres, de savoir si le bâtiment est surveillé et si les vigiles effectuent des rondes et sont munis de détecteurs d’incendie pour ceux qui contiendraient des produits dangereux. Un élément important pour l’assureur : ce que contient le bâtiment. Est-ce un produit volatile, inflammable, etc. ?

Le contenu du bâtiment détermine le niveau de protection et les moyens de protection, notamment la nature des extincteurs. Ceux-ci doivent être en nombre suffisant, prêts à l’usage et surtout visibles. Généralement, un expert commis par l’assureur, évalue le bâtiment et le risque. L’assureur ne s’engage que si le client accepte les recommandations issues du rapport de l’expert commis par la maison d’assurance. C’est l’ultime occasion pour un bâtiment de se mettre en règle vis-à-vis du décret. Mais combien sont-ils en réalité à passer par le biais de l’assureur pour sécuriser, malgré eux, leur bâtiment ? En attendant, ils sont nombreux à confier leur sort au hasard se disant que peut-être qu’il n’y aura jamais le feu... Peut-être.


Eléments constitutifs d’un dossier de demande d’autorisation de construire dans la commune de Ouagadougou

1 - La photocopie légalisée du titre de propriété de la parcelle (permis urbain d’habiter, permis d’exploiter, attestation d’attribution, titre foncier)

2 - Les reçus de paiement de la taxe de résidence des 3 dernières années

3 - La photocopie de la carte d’identité ou du passeport

4 - Le plan de bornage

5 - Les plans côtés du bâtiment comprenant :

a) - Un plan de chaque niveau (rez de chaussée, R+1, 2, 3, ...) ;

b) - La façade sur rue ; la façade postérieure ; les façades latérales ;

c) - Une coupe

6 - Le croquis d’implantation du bâtiment comportant l’emplacement des fosses septiques

7 - Le plan des fosses septiques

8 - Le devis estimatif du bâtiment

9 - Le devis descriptif du bâtiment

10 - La note de calcul pour les bâtiments simples (villas F1, 2, 3, 4) comportant au moins une terrasse ou un auvent en béton accessible.

Pour toutes constructions d’immeubles comportant au moins un niveau ou étage (R+1, 2, 3, 4...), un sous-sol ou une toiture terrasse, les immeubles complexes, industriels ou commerciaux, les établissements recevant du public (établissements scolaires, églises, temples, mosquées, cinémas, hangars, etc.), il est obligatoirement exigé la fourniture des pièces suivantes :

a) - Une étude des sols et fondations délivrée par le Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics (LNBTP)

b) - Une étude sur la sécurité-incendie

c) - Une note de calcul portant le nom de l’auteur.

Hormis la copie de la carte d’identité ou du passeport, les pièces ci-dessus énumérées doivent être fournies en quatre (4) exemplaires.

Le dossier, dûment constitué, est accompagné d’une demande timbrée à 300 francs (timbre communal) comportant votre contact (téléphone) et adressé à M. le maire de la commune de Ouagadougou S/C voie hiérarchique. L’ensemble du dossier doit être déposé au Service courrier de la mairie de l’arrondissement où doit se faire la construction.

Pour le maire et par délégation,
Le directeur général des Services techniques municipaux


Sylvain Thiombiano (Président de l’Ordre des architectes) :
"Les gens ignorent la réglementation"

"Le constat que nous avons fait est le suivant : les gens ignorent totalement la réglementation sur la sécurité incendie. Depuis que nous sommes à la présidence de l’Ordre, nous avons travaillé avec la Brigade des sapeurs -pompiers et la ville de Ouagadougou pour que cette réglementation soit obligatoire pour toute demande de permis de construire. C’est à ce niveau qu’on peut toucher tous les investisseurs et les promoteurs en les obligeant à avoir recours à un architecte. C’est à l’architecte de prendre toutes les dispositions pour que les prescriptions en la matière soient respectées et dans les règles de l’art. C’est à ce niveau que nous pouvons sensibiliser progressivement les gens. On élargira au fur et à mesure. L’architecte est le principal responsable dans l’érection d’un bâtiment. C’est le maître d’oeuvre. C’est lui qui choisit ses techniciens pour la réussite des travaux. C’est lui qui demande les différentes interventions techniques, sécurité incendie, électricité, béton armé... Chaque intervenant doit disposer d’un agrément technique et est responsable devant la loi en cas de problème.

Le constat est que beaucoup de plans sont faits sur le dos des architectes. C’est le fait de dessinateurs en bâtiment qui n’ont pas les compétences de l’architecte conseil. Ce sont des gens qui font une concurrence déloyale aux architectes parce que certaines personnes veulent des plans moins chers avec tous les risques que cela comporte. Si on continue à ne pas faire appliquer les textes, dans quelques années, on va vivre des catastrophes comme Rood woko."


Les conseils du Commandant Kisbedo

Le commandant Ernest Kisbedo a en charge la prévention sécurité incendie à la Brigade nationale des sapeurs-pompiers. Voici quelques conseils qu’il donne pour prévenir les risques liés à l’incendie.

Avant de construire un bâtiment, il faut toujours soumettre le plan pour avis ; c’est à ce niveau que c’est facile. Un coup de gomme, ça ne coûte rien pour corriger une porte ou pour prescrire toute autre solution. C’est le lieu de faire prendre en compte toute la réglementation sur la sécurité incendie et panique.

Une fois le bâtiment construit, le travail devient difficile ; on est obligé d’adapter le bâtiment. Et ce n’est jamais au même niveau que si le plan avait été corrigé au départ.

Après avoir soumis le plan et une fois le bâtiment achevé, les pompiers et les services techniques agréés reviennent tester les équipements, couper le courant par exemple, pour vérifier si les signaux de sécurité fonctionnent.

Un procès-verbal sera alors signé pour autoriser l’ouverture du bâtiment au public. Même après cette étape, des visites de sécurité sont nécessaires.

C’est un travail de routine qui permet de contrôler le système de sécurité, constater les détériorations et demander des corrections, vérifier si les voies de dégagement ne sont pas obstruées, etc.

Il y a le volet formation du personnel. Les établissements recevant du public doivent disposer d’une équipe sécurité et développer le réflexe incendie chez les travailleurs.

Suivant la taille de l’établissement, il y a des personnes spécialement commises à cette tâche, chargées de gérer la situation avant l’arrivée des secours.

Il faut que les promoteurs consultent les services compétents pour savoir quelles dispositions de la réglementation leur sont applicables.


Action de la BNSP pour la prévention incendie

1 - Etude et la rédaction d’avis sur les dossiers de construction transmis par l’Administration et les particuliers (250 dossiers en 2006)

2 - Visite de sécurité incendie dans les ERP et dans les installations classées (81 visites en 2006)

3 - Formation et recyclage en "prévention incendie" des agents et personnels de sociétés ou institutions de la place (1030 personnes en 2006)

4 - Sensibilisation de l’opinion publique à travers conférences, exposés, expositions, et débats.

5 - Participation à l’élaboration de la réglementation incendie (par le retour d’expérience) et l’animation de certains services au niveau de la DGPC

7 - La gestion des poteaux d’incendie, environ 300 au total (Ouaga : 245, Bobo 32, Koudougou 9 et Ouahigouya 6)

Source BNSP

Par Abdoulaye TAO


Equipement contre l’incendie : "Il y a beaucoup de négligence", selon Harouna Nikiéma

Pour comprendre le marché des équipements incendie, nous avons rencontré, Harouna Nikiéma, équipementier de la place spécialisé dans le transport de fonds et la sécurité incendie.

Sa société, BURVAL SA, commercialise des extincteurs et surtout des systèmes de détection et d’extinction d’incendie

"Le Pays" : Quel matériel faut-il pour faire face à un éventuel incendie ?

Harouna Nikiéma, BURVAL SA : Il y a une gamme variée : le matériel de première intervention (extincteurs à main, robinet d’incendie armé...). Les extincteurs sont fonction de la source du feu à combattre (papier, essence, bois, etc).

La détection automatique est constituée d’un système de détecteurs optiques ou ioniques pour alerter tout début d’incendie. Il existe aussi l’extinction automatique qui est liée à la détection automatique. Cette technologie donne la possibilité de commander l’extinction automatique à travers des gaz. Une fois le départ du feu détecté par le système, des gaz sont libérés pour étouffer le feu naissant. Les gaz sont de deux types. Il y a le CO2 et le SM 200. Ce dernier n’est pas nocif pour l’homme, car une fois libéré, il permet de rester quelques minutes dans la salle. Le CO2 en revanche étouffe l’homme.

Un autre système qu’il est bon d’avoir est le Sprinkleur. Ce système détecte le début de l’incendie et le combat avec l’eau.

Faut-il donc un réseau hydraulique supplémentaire ?

Ce système est installé avec un réseau d’eau dans le plafonnage. Dès le début de l’incendie, le système libère l’eau contre le feu.

Vous êtes sur le marché de la sécurité incendie. Peut-on dire que ça va ?

Sur ce volet incendie, nous sommes présent depuis 2003. Il y a un grand problème au Burkina Faso. Il y a beaucoup de textes sur la réglementation au sujet de la sécurité incendie, mais ça ne bouge pas comme il faut. Au lendemain de l’incendie du grand marché, on a senti une certaine mobilisation des acteurs pour réglementer le domaine de la sécurité incendie. Mais je dis qu’il y a un besoin urgent d’une grande campagne de sensibilisation de la population pour prévenir le danger. Il y a beaucoup de négligence en matière de sécurité incendie. Les gens sont plus préoccupés par les équipements de luxe qu’ils vont mettre à l’intérieur des bâtiments que par leur sécurité. C’est le jour où il y a une catastrophe qu’on y pense.

Cependant, il y a des institutions qui sont obligées de se conformer aux normes internationales. Elles nous font souvent appel. En dehors de celles-là, il faut faire des démarches commerciales pour convaincre les gens de se protéger contre les incendies et pouvoir placer un extincteur. Il faut dire que c’est un marché récent. Notre souhait, c’est que l’Etat s’y mette pour obliger les propriétaires et les promoteurs à se conformer aux normes de la sécurité incendie. Les autorisations de construire sont assorties de dispositifs contre l’incendie mais au finish, on se demande si les gens en tiennent compte. Il faut que l’on soit rigoureux en vérifiant si ce qui était prévu dans le projet est réalisé. Un contrôle en amont et en aval est nécessaire.

On nous a souvent demandé une étude en matière de protection incendie pour des projets de construction. On fait l’étude. Ceux qui l’ont demandée la joignent à leur dossier. Mais on constate qu’au finish les installations ne sont pas effectives. On voit beaucoup d’immeubles où il n’y a aucun système d’incendie. Le minimum, c’est l’extincteur à main dans un bâtiment.

Encore faut-il qu’il soit fonctionnel....

Tout à fait. J’étais dans une pharmacie et j’ai remarqué que leur extincteur avait été vérifié depuis 1999. Un extincteur doit être vérifié tous les ans afin de contrôler si la matière qui est à l’intérieur est toujours active et si l’appareil est utilisable. En fonction de la sensibilité du site, le contrôle se fait deux fois l’an.

L’Etat ne vous sollicite-t-il pas ?

Pas pour l’instant. Nos principaux clients sont des organismes internationaux. Quelques démembrements de sociétés d’Etat nous font appel de temps en temps à travers leur département Sécurité. L’administration publique elle-même ne respecte pas toujours les textes en la matière. Allez dans les mairies, dans les ministères, et ailleurs : il n’y a souvent pas d’extincteurs, pas d’issues de secours, etc. Les blocs autonomes de sécurité sont absents. En cas de coupure, c’est le noir total.

Ne serait-ce pas la cherté des équipements qui décourage les gens ?

Non, pas du tout. Tout dépend du niveau de sécurité recherché. L’extincteur ne coûte pas vraiment cher. A BURVAL, nous faisons de la sensibilisation et du conseil gratuitement. Nous avons initié des séances de formation à l’utilisation des équipements, il ne suffit pas d’en disposer, il faut savoir les utiliser en cas de besoin.

Propos recueillis par Abdoulaye TAO

LE Pays

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