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Affaire Borrel : La révolution sarkozienne en marche

Publié le jeudi 21 juin 2007 à 07h44min

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La ténacité de Elisabeth Borrel, veuve du magistrat français Bernard Borrel retrouvé mort en 1995 à Djibouti, commence à payer. Depuis cette fatidique date de 1995, elle n’a de cesse de rejeter la thèse du suicide de son mari, qui a été privilégiée tant par les autorités djiboutiennes que françaises.

Pour elle, il n’y a pas de doute : son époux de magistrat a été purement et simplement assassiné et elle se bat pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire qui dérange en haut lieu, en France comme à Djibouti. Aujourd’hui, une date est à marquer d’une pierre blanche dans la croisade de la veuve : le 19 juin 2007.

En effet, 3 faits ont marqué cette affaire ce jour-là. Le premier est l’audience de plus d’un quart d’heure que le président français, Nicolas Sarkozy, a accordée à Mme Borrel. Le deuxième, qui est lié au premier, est la promesse faite par le premier magistrat français de déclasser certains documents liés à l’affaire et marqués jusque-là du sceau du secret d’Etat.

Le troisième fait est la confirmation de l’origine criminelle de la mort du juge par le procureur de la République de Paris, apportant, de façon officielle, de l’eau au moulin de la veuve et de son avocat. Les choses commencent à bouger dans le bon sens, dira Elisabeth Borrel qui doit une fière chandelle à Nicolas Sarkozy qui a pris les rênes de l’Etat français à l’issue de la présidentielle du 6 mai 2007. Autre temps, autre président, autre méthode de gouvernement et autres moeurs. Sans avoir besoin de dessin, l’on perçoit bon nombre de changements depuis l’arrivée de Sarkozy au pouvoir.

Certains observateurs n’ont d’ailleurs pas hésité à faire état de rupture ou de révolution en marche. La preuve la plus patente de ce changement a été donnée à travers la formation du gouvernement du Premier ministre Fillon. La relative pléthore constatée dans les gouvernements antécédents, a fait place à l’allégement avec une équipe resserrée de 15 membres. Un effectif plus ou moins maintenu dans le remaniement du gouvernement à l’issue des dernières élections législatives, si on fait abstraction des secrétaires d’Etat.

A l’occasion, il y a eu un clin d’oeil à l’endroit de ce que l’on appelle dans l’Hexagone les minorités visibles avec la nomination au poste de secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et aux droits de l’homme, d’une Sénégalaise de 30 ans. Faut-il y voir le geste d’un homme issu lui aussi de l’immigration à l’endroit d’autres immigrants ? Peut-être. Mais ce qui frappe est ce désir d’innovation et d’originalité qui habite Sarkozy. Il pousse même le bouchon plus loin en voulant faire voter une loi sur la moralisation de l’économie française.

Comment s’étonner alors de la promesse faite au moment de son investiture, de travailler avec tout le monde sans tenir compte des différences idéologiques ou raciales. Toutes choses qui tranchent avec l’idélogie du repli et de la préférence nationale professés par le Front national. La démarche et le style sarkozyens font penser au modèle américain qui a généré le fameux melting-pot, qui met la compétence de l’individu au-dessus de tout.

Pour revenir à l’affaire Borrel, Nicolas Sarkozy, par sa démarche, a opté pour la vérité au détriment de la raison d’Etat derrière laquelle s’est toujours refugié son prédécesseur Jacques Chirac. Même s’il doit subir le courroux des autorités de Djibouti et provoquer une rupture des relations diplomatiques, Sarkozy semble bien chevillé à sa promesse de changement faite aux Français. On attend la même attitude du chef de l’Etat français dans l’affaire de Guy André Kieffer, du nom de ce journaliste disparu mystérieusement en Côte d’Ivoire. Une affaire dans laquelle la veuve du journaliste franco-canadien se bat également pour que toute la lumière soit faite.

La révolution sarkozienne est en marche et l’on se demande si elle n’aura pas de répercussions utiles pour les anciennes colonies françaises, notamment celles d’Afrique. En tout cas, ce serait pour le bonheur des peuples du continent noir, qui ne cessent de demander aux dirigeants qu’ils soient véritablement à leur écoute. Toutefois, il ne faut pas trop rêver. Mais espérons que l’Afrique saura tirer tous les bénéfices de la révolution sarkozyenne.

Le Pays

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