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Mauvaise gouvernance dans le secteur des transports : Des millions en fumée

Publié le mercredi 20 juin 2007 à 07h20min

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Un dîner d’affaires sur le rôle des chargeurs et de la société civile dans la réduction de la corruption et des retards sur les axes de transport en Afrique de l’Ouest a réuni, jeudi 14 juin 2007 à Ouagadougou, chauffeurs, transporteurs, syndicalistes et journalistes.

Hier complices des PDG (police, douane, gendarmerie), les transporteurs veulent aujourd’hui qu’on les laisse passer librement sur les corridors routiers. La corruption et les retards sur les axes de transport sont tels qu’ils doivent être résolus par un élan d’ensemble des Etats de l’UEMOA a estimé Kossi Dahoui, coordonateur de l’Observatoire des pratiques anormales (OPA).

L’OPA est un projet financé par l’USAID qui vise à réduire les corruptions et les retards sur les corridors. Ces pratiques anormales font partir en fumée des millions, voire des milliards sur les axes routiers. En fait, la libre circulation des personnes et des biens se pose en termes de gouvernance des corridors et de compétitivité de l’économie régionale. "C’est un enfer que les chauffeurs vivent sur les axes routiers", souligne le président de l’Union des chauffeurs routiers, Jacques Francis Ilboudo.

Jusqu’ici, les faux frais sur les axes routiers représentent 2500 FCFA au Burkina Faso, 30 000 F CFA au Ghana, 20 000 F CFA au Togo par camion et par voyage selon des chauffeurs interrogés. Pis, le secteur souffre des surcharges, des tarifs de transport élevés et d’un excès de vieux camions inefficaces. Ces pratiques anormales riment avec l’insécurité routière, indique l’Observatoire des pratiques anormales qui a initié le dîner d’affaires de Ouagadougou.

Si au cours de la rencontre, les efforts consentis par le Burkina en termes de réduction des postes et des barrières de contrôle ont été salués, il faut dire que cela a engendré d’autres maux. En effet, 15% des transporteurs ne paieraient plus leur assurance, 30% des camions n’effectuent plus de visite technique contre 40% d’autres qui ne paieraient pas de patente, selon Jacques Francis Ilboudo, citant une lettre du ministère des Transports. Ces chiffres drastiques ont fait grimpé le nombre d’accidents sur les routes. En ce moment, il est enregistré un accident journalier au Ghana, trois hebdomadaires au Togo et au Bénin et des chutes fréquentes au Burkina. "Nous sommes surpris que des véhicules circulent sans visite technique, ni assurance", a indiqué Ali Traoré, représentant du CBC.

Reconnaissant que les assureurs enregistrent une baisse de frais d’assurance chez les transporteurs, la directrice des études et de la législation du ministère des Transports, Mme Maria Sanwidi a dit qu’il n’existe pas encore de lien établi entre la récrudescence des accidents de la circulation et le non paiement des assurances ou l’absence de permis chez certains conducteurs. Toutefois, a-t-elle prévenu, "si nous constatons que la sécurité des usagers en pâtit, les barrières reviendront. La balle est dans le camp des transporteurs".

Mieux, cette indélicatesse ou indiscipline seront contenues à condition que l’UEMOA se dote d’un cadre régional harmonisé. Cela va avoir l’avantage de mettre fin aux multiples contrôles, aux lourdes et complexes procédures en simplifiant le passage des camions le long des frontières et en minimisant les pertes de temps, les frais occultes.

Affirmant que chaque fois qu’un camion est garé une journée pour remplir des formalités, cela a une indice négative sur le commerce. Mme Cynthia Akuetteh, première conseillère de l’ambassade des USA, a soutenu qu’il faut sensibiliser, informer les acteurs pour faciliter le travail des transporteurs. Pour elle, améliorer la gouvernance des transports, c’est poser les bases de la compétitivité de l’économie régionale. Un problème que les Etats devraient résoudre courageusement car aujourd’hui plus que jamais, le problème ne se pose plus seulement en termes de fluidité mais de gouvernance du trafic routier.

S. Nadoun COULIBALY


Ali Traoré, directeur général du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) : "Les tracasseries routières sont pesantes."

“Les pays en développement sans littoral doivent en plus du transport maritime, supporter celui du transport routier qui est trois à sept fois plus élevé que le premier. L’Association des producteurs de fruits et légumes du Burkina est confrontée à cette difficulté. Elle faisait le transport des produits par voie aérienne.

Au regard du coût très élevé, elle essaie par le chemin de fer. Elle préachemine ses produits au port. Il est évident que si le pays de transit cultive les mêmes produits, il va se poser un problème de compétitivité d’autant plus que le producteur de ce pays n’aura pas besoin de supporter d’autres charges en dehors de celles liées au transport maritime. Le coût du transport pour les pays sans littoral varie selon les produits. La tonne de ciment revient à 110 000 F CFA à Ouagadougou alors qu’elle ne fait que 70 000 F CFA au Togo.

Comme vous pouvez le constater, les produits à l’exportation des pays sans littoral ne sont pas compétitifs et le pouvoir d’achat de ses consommateurs est réduit. C’est donc une opportunité pour le Burkina Faso d’accueillir cette réunion d’évaluation du développement des infrastructures de transport des pays en développement sans littoral et pays de transit.

Les échanges vont permettre de trouver des solutions à même de nous aider à mieux supporter notre enclavement avec moins de difficultés. Nous avons besoin de l’appui des partenaires financiers et techniques pour mettre en place des infrastructures appropriées afin d’assurer la fluidité du transport. Dans ce sens, le gouvernement burkinabè, les opérateurs économiques... se battent remarquablement et font des efforts incroyables.

En diversifiant les voies d’accès aux ports et en bitumant les différents corridors, les transporteurs burkinabè mais aussi les pays qui passent par le Burkina Faso ont le choix. Ces derniers peuvent faire les calculs et choisir leur route en fonction du coût de transport qui leur est favorable. Le Burkina Faso a aussi pris des mesures pour lutter efficacement contre les tracasseries routières qui augmentent incontestablement les frais de routes. Il faut que d’autres pays fassent autant pour réduire ces procédures pesantes.

En tous les cas, il y a un programme régional de transport au niveau de la CEDEAO et de l’UEMOA dont le mécanisme vise à mettre en place des systèmes de transport efficaces et efficients au profit des pays en développement sans littoral.”

Propos recueillis par H. T.

Sidwaya

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