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Pays sans littoral : Plaidoyer pour un commerce international juste

Publié le mardi 19 juin 2007 à 07h54min

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Ouagadougou, capitale du Burkina Faso abrite du 18 au 20 juin, une conférence thématique des pays sans littoral et des petits Etats insulaires sur le développement des infrastructures de transport et de transit, en vue d’asseoir les bases propices de leur accès à la mer et au commerce mondial.

Lancé en 2003 à Almaty au Kazakhstan, 80 experts venus des pays sans littoral, d’Etats insulaires et d’institutions donatrices se concertent à Ouagadougou pour faire le point à mi-parmours du programme d’Almaty, notamment en son volet développement des infrastructures de transport et de transit.

Cette réunion se tient au moment où les lourdes procédures administratives et douanières, l’éloignement des ports, induisant des coûts élevés de transport, leur enclavement ralentissent et compromettent la participation des 31 Etats n’ayant pas un accès direct à la mer, au commerce mondial. Cette situation est encore aggravée par la faiblesse voire la vétusté des infrastructures de transport, leurs coûts de réalisation trop élevés. Sans accès direct à la mer, ces pays dépensent en moyenne 15% de leurs recettes d’exportation dans le transport. Ces frais peuvent atteindre jusqu’à 50% pour des pays comme le Malawi et le Tchad, contre 4% pour les pays développés, a fustigé Joséphine Ouédraogo, secrétaire exécutive adjointe de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

L’Afrique regroupe quinze (15) pays sans littoral dont neuf (9) parmi les plus pauvres au monde. Au regard de ces contraintes, le programme d’action d’Almaty vise à répondre aux besoins des pays en développement sans littoral, en créant des partenariats pour suppléer leur isolement et leur éloignement des marchés mondiaux. Ce programme d’action a défini cinq (5) domaines prioritaires, à savoir entre autres les politiques de transit, le développement et l’entretien des infrastructures, la facilitation du commerce.

Privilégier l’approche régionale

Face à l’impuissance des Etats sans littoral pris individuellement à faire face au volume des investissements requis pour densifier et moderniser les infrastructures de transport, les intervenants ont plaidé pour la mise en place de stratégies régionales et sous-régionales. Celles-ci vont facilter la contruction de réseaux routiers, ferroviaires, aériens plus propices à leur insertion aux échanges mondiaux. "Il faut une aide internationale plus accrue pour renforcer leurs capacités à construire des infrastructures modernes capables de rendre l’économie régionale plus compétitive", a préconisé Mme Joséphine Ouédraogo.

Et le ministre malien de l’Industrie et du Commerce, Choguel M. Maïga d’ajouter : "Les routes, les chemins de fer, les voies fluviales et maritimes, les ports et les aéroports sont à l’économie ce que sont les veines pour le corps humain". Ces propos traduisent si bien toute la pertinence et la nécessité pour ces Etats de se doter d’infrastructures modernes qui vont minimiser les coûts de transit des marchandises importées et rendre ainsi leurs économies plus compétitives et attractives.

En fait, c’est par elles que les marchandises circulent des centres de production vers les centres de consommation. Affirmant qu’en Afrique, la route demeure le principal moyen de déplacement (90% des transports interurbains par exemple).

Pour le secrétaire général adjoint des Nations unies et le haut représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits Etats insulaires (UN-OHRLLS), Anwarul K. Chowdhury, il faudrait 126 milliards de dollars sur les quinze prochaines années pour moderniser les infrastructures de transport en Afrique, améliorer et développer les neufs (9) autoroutes sur le continent. Un investissement colossal qui aura une incidence d’environ 250 milliards de dollars sur le développement du commerce en Afrique subsaharienne, a-t-il estimé.

Pour le ministre d’Etat burkinabè, ministre de la Santé, Alain Bédouma Yoda, le défi de la modernisation des infrastructures de transport et de transit ne peut être relevé sans la création de partenariats bilatéraux et multilatéraux, nationaux et sous-régionaux entre les secteurs privé et public. Alain B. Yoda mentionnant les efforts du Burkina pour favoriser son accès à la mer et créer des infrastructures de transit efficaces, a indiqué que plus de 14 000 km de routes ont été entretenues en 2006 pour près de 9 milliards de F CFA.

Nadoun S. COULIBALY


Les acteurs apprécient

Sur la portée de la conférence des pays en développement sans littoral, la secrétaire exécutive adjoint de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), ainsi que le ministre malien de l’Industrie et du Commerce livrent leurs impressions.

Madame Joséphine Ouédraogo, secrétaire exécutive adjointe de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) : Lorsque l’on observe tous les investissements et efforts qui sont faits pour accéder à la mer, même si c’est à travers d’autres pays, on perçoit tout de suite la différence entre les pays à littoral et ceux sans littoral. De tels investissements consentis par ces pays sans littoral au nombre de quinze (15) en Afrique sont énormément coûteux. Il convient donc que la communauté internationale soit sensibilisée parce que les efforts des pays enclavés à eux seuls ne suffisent pas.

Aussi, lorsque ces pays accèdent à la mer, il existe des barrières des complications, des procédures, en somme, une sorte de bureaucratie dans la gestion des infrastructures qui sont au long des routes et même des ports qu’on doit partager avec d’autres pays. C’est vrai que des efforts ont été faits. Et la présente rencontre de Ouagadougou, consiste à faire le bilan à mi-parcours. Le bilan se fait à l’échelle de l’Afrique mais également des autres continents pour préparer le bilan global qui aura lieu dans un an.

La Commission économique pour l’Afrique (CEA) travaille étroitement avec les communautés économiques régionales. Nous sommes une institution qui effectue des études, des analyses, qui propose des pistes d’action des cadres d’intervention aux acteurs. La CEA travaille comme une organisation de conseil pour la prise de décisions politiques. Nous sommes donc présents ici pour participer au bilan.

Choguel K. Maïga, ministre de l’Industrie et du Commerce du Mali : Depuis février 2007, le Mali assure la présidence de l’organisation des pays en développement sans littoral. A ce titre il était normal que nous soyions présents à cette réunion. Le choix de Ouagadougou n’est pas fortuit. Au niveau international, les efforts des hautes autorités de ce pays en matière de désenclavement (intérieur et extérieur) sont reconnus.

Nous sommes là en vue de faire le point à mi-parcours de la mise en œuvre du plan d’action d’Almaty adopté en 2003. Cela pour qu’à l’horizon 2008, au niveau des Nations unies, le bilan puisse être fait quant à l’avancée des pays en développement sans littoral. Le poids des infrastructures dans le développement économique et social de nos pays est sans commune mesure avec l’engagement, l’appui de la communauté internationale dans ce domaine.

Il va s’en dire que tous les débats au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au niveau des Nations unies sur les atteintes des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ne peuvent être atteints que lorsqu’on aura résolu tous les problèmes liés au commerce international.

Il faut d’abord renforcer les infrastructures de production dans nos pays. C’est dire que si les grandes questions comme celle du transport ne sont pas bien traitées ce serait peine perdue. La rencontre de Ouagadougou abordera donc tous ces sujets.

Propos recueillis par Alban KINI

Sidwaya

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