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Jeunes et emploi : Le métier de “plastificateur” menacé par la nouvelle CIB

Publié le vendredi 15 juin 2007 à 07h40min

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La plastification de documents administratifs et civils, notamment la Carte d’identité burkinabè (CIB) occupe des jeunes à Bobo-Dioulasso qui en ont fait leur gagne-pain. Cependant la nouvelle CIB en voie de vulgarisation constitue une véritable menace pour cette activité du secteur informel.

Communément appelés chez nous “ plastificateurs ”, on les retrouve généralement à l’entrée des commissariats de police. Assis sur une petite chaise à l’affût des clients, ils ont pour outil de travail : une paire de ciseaux, un presse-documents et des accessoires déposés pêle-mêle sur une table chancelante.

Du permis de conduire à la carte grise, en passant par la CIB, tout défile entre leurs mains. Mais en ce moment, l’heure n’est pas à la quiétude en leur sein car l’apparition de la nouvelle CIB constitue une menace sérieuse pour leur métier. En effet, ce nouveau document n’a pas besoin d’être plastifié comme c’est le cas avec l’actuelle CIB.

A l’évocation de cette perspective brumeuse, Abdoul Salam Ouédraogo qui exerce devant la section CIB de Bobo fait grise mine. Il n’ose même pas y penser pour le moment. Pourtant la réalité est là, têtue.
Devant les trois autres commissariats de police de Bobo, il y a également des plastificateurs, tous des jeunes. Ils semblent avoir un point commun : une formation faite soit au contact d’un ami ou à l’ombre d’un parent.

Dans cette activité, chacun semble trouver son compte. La recette journalière qui varie de 2000 à 4000 F leur permet d’assurer le pain quotidien. Assis côte à côte comme c’est le cas à l’entrée de la section CIB à Diarradougou, la bataille pour la clientèle est souvent rude entre eux, mais chacun garde ses chances, nous confie Ali Porgo plastificateur. Tout le travail se fait à la main avec une grande habileté. Le vendredi, jour de délivrance des CIB, ils sont constamment sollicités.

On les voit souvent très attentifs. Le travail à vue d’œil n’est pas difficile mais requiert un savoir-faire afin que le client puisse garder aussi longtemps que possible son document à l’abri des intempéries. La plastification de la CIB qui les occupe le plus coûte de 200 à 250F CFA, celle de la carte grise de 300 à 400 F et le reçu de motocyclette à 400F. En plus de la plastification, ils vendent des timbres (fiscaux et communaux), ce qui constitue pour eux une activité d’appoint. Les timbres sont achetés par lots de 100 dans les guichets du Trésor public à 200 F l’unité. Le même timbre est rétrocédé à 225 F ce qui leur procure un bénéficie de 25 F.

A la question de savoir s’ils se plaisent dans leur métier, la réponse est presque unanime : “ça vaut mieux que chômer” ! Mais à l’évocation de la vulgarisation de la nouvelle CIB, ces braves gens changent de ton. A les écouter, ils ne s’avouent pas vaincus. Certains d’entre eux, songent déjà à la diversification de leur activité. C’est le cas de Abdoulaye Nana, devant le commissariat central de police, qui entend renforcer son étal de cigarettes et de bonbons pour parer à toute éventualité. Sawadogo Alassane, lui pense plutôt à se rabattre sur son parking, activité qu’il entretien avec la plastification.

Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya

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