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Dynamique et importance du commerce extérieur en Afrique

Publié le samedi 9 juin 2007 à 09h00min

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Abdoulaye Bio Tchané

Bien que le rythme annuel de croissance économique en Afrique subsaharienne ait systématiquement dépassé 5% ces trois dernières années, cela ne sera pas suffisant pour permettre à la plupart des pays de la région de faire reculer la pauvreté autant que nous le souhaiterions tous.

Et même si les gouvernements ont beaucoup mieux géré leurs économies ces dernières années-ce dont témoignent la baisse de l’inflation et la réduction des déficits budgétaires-cette évolution favorable est de toute évidence imputable pour une large part à l’augmentation des cours mondiaux des matières premières dont l’Afrique est richement dotée.

Les booms des matières premières n’ont qu’un temps. La demande intérieure enfle et décroît. Mais, globalement, le commerce international ne fluctue pas-il ne cesse de croître.

Pourtant, en dépit des résultats économiques grisants des dernières années, la part de l’Afrique dans le commerce mondial, elle, reste faible : elle est tombée de 4% en 1970 à tout juste 2% aujourd’hui. Dans le même temps, la part de l’Asie dans les échanges mondiaux a bondi d’un peu plus de 5% à 20%. Pourquoi cette différence ?

Les facteurs cruciaux pour le développement des échanges, partout dans le monde, sont une main d’œuvre qualifiée, complétée par le capital, la réduction du protectionnisme et la baisse des coûts de transport.

Plus un pays investit dans l’éducation, plus le niveau de qualification de sa main d’œuvre s’accroît. Mais cela ne suffit pas en soi. Tout pays a besoin de capital, qui doit assurément provenir en partie de l’épargne intérieure, et en partie du secteur privé. Cela signifie que le pays doit avoir des banques bien gérées et correctement supervisées qui inspirent la confiance. Une partie du capital peut provenir de l’étranger-mais encore faut-il que les investisseurs étrangers soient certains que les coûts d’investissement dans le pays ne sont pas prohibitifs.

Pour cela, il faut réduire autant que faire se peut les entraves à l’initiative privée. Un pays où il est difficile et coûteux d’investir n’a guère, voire aucun attrait pour les investisseurs. Malheureusement, selon les indicateurs de l’enquête Doing Business de la Banque mondiale, la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne sont très très bas dans le classement.

L’aptitude à exporter des produits diversifiés favorise la croissance économique et permet au pays de relever le niveau de vie de sa population. Comme l’ont démontré les pays asiatiques, il faut exporter toujours plus de biens manufacturés. Or, même lorsque les pays africains ont toute une gamme de produits à exporter, ils ne se soucient pas assez de leurs coûts de production.

C’est là qu’intervient la protection commerciale (et son élimination), aussi étrange que cela puisse paraître. Nombreux sont ceux qui pensent que les tarifs élevés et autres obstacles non tarifaires n’ont d’incidence que sur les importations. Mais une taxe à l’importation peut être à la fois une taxe à l’exportation, dans la mesure où elle accroît le coût des matériaux et des composants nécessaires pour produire des biens manufacturés.

Le niveau tarifaire moyen est élevé en Afrique par rapport à d’autres régions et les échanges restent encore soumis à trop de licences commerciales, de barrages routiers et de postes de contrôle en raison du mauvais état des routes, de l’inadaptation des installations portuaires et de la complexité des procédures douanières.

Rien ne sert de rechercher la solution à l’extérieur. Les efforts de l’Organisation mondiale du commerce pour libéraliser les échanges sont au point mort. Et même si le cycle de Doha devait être relancé prochainement, nous devons être réalistes quant aux bienfaits que peut en attendre l’Afrique. En effet, la plupart des pays africains n’ayant pas offert de réduire leurs propres tarifs, nul ne peut prédire l’incidence qu’aura la conclusion du cycle de Doha sur les termes de l’échange.

Les pays africains feraient bien d’abaisser leurs tarifs vis-à-vis du reste du monde pour que les autres pays ne se tournent pas vers d’autres partenaires commerciaux.
Que le cycle de Doha soit couronné de succès ou non, les pays africains doivent mener à bien leurs propres réformes. Ils doivent s’efforcer d’accroître l’efficacité de leur production intérieure pour être à même d’exploiter les débouchés commerciaux lorsqu’ils se présentent.

On ne peut faire l’économie de réformes ardues et volontaristes. Des accords commerciaux régionaux bien conçus peuvent contribuer à accroître la taille des marchés afin que les pays ainsi associés puissent tirer parti des économies d’échelle et développer la concurrence ; mais la plupart des accords régionaux en Afrique sont de trop faible portée pour donner lieu à un élargissement véritable des marchés et ils regroupent souvent des pays qui ont une même base de ressources. La plupart des pays africains sont parties à au moins quatre accords commerciaux régionaux, dont beaucoup comportent des dispositions contradictoires. Il est impératif de remédier à cette situation.

Les négociations en cours pour la conclusion d’accords de partenariat économique avec l’Union européenne offrent l’occasion de simplifier les accords commerciaux régionaux par la création de quatre unions douanières, qui pourraient ensuite passer des accords de libre-échange avec l’UE. Bien structurés, ces accords pourraient être très bénéfiques aux pays africains, mais ceci dépendra, dans une large mesure, de la façon dont ils seront négociés.

Bien que la dynamique du commerce international soit la même, la promotion et l’expansion des échanges peut prendre diverses formes. Des pays aussi différents que l’Argentine, fortement tributaire de son agriculture, et l’Indonésie, qui a triplé la part des produits manufacturés dans ses exportations, ont obtenu d’excellents résultats.

En dernière analyse, c’est à l’Afrique qu’incombe la responsabilité du développement de son commerce extérieur. Chaque pays de la région doit promouvoir ses échanges avec le reste du monde. Il en va du bien-être de sa population.

Abdoulaye Bio Tchame

Sidwaya

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