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Coton : Plus de six milliards pour subventionner les intrants

Publié le vendredi 8 juin 2007 à 06h57min

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François Traoré, président de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina

La filière coton du Burkina Faso connaît une baisse du prix du coton au producteur et une hausse du prix des intrants. Le président des cotonculteurs, François Traoré se réjouit dans l’interview qui suit de la subvention de six milliards quatre cents millions de F CFA obtenues de l’Etat et des trois sociétés cotonnières du Burkina.

Cette subvention va permettre de réduire de plus de 1 200 F, le coût du sac d’intrants. Il évoque aussi, le mode de fixation du prix du coton et exhorte l’Etat à s’investir dans la recherche pour mettre au point un intrant.

Sidwaya (S.) : Suite à la baisse du prix du coton et la hausse du prix des intrants agricoles, certains cotonculteurs ont jeté l’éponge. Comment avez-vous vécu cette situation ?

François Traoré (F.T.) : Ce n’est pas nouveau. Chaque année, des producteurs abandonnent la culture du coton et des nouveaux se lancent dans la filière.
Preuve qu’il s’agit d’une activité libérale où le producteur intervient en toute liberté. Cette année est exceptionnelle mais il faut savoir raison garder. Vous serez surpris de voir que ceux qui disent d’abandonner produisent et récoltent du coton à la fin de la saison. Le coton occupe une place de choix au Burkina Faso. Il permet, grâce aux engrais, de produire aussi des céréales. Les producteurs ne doivent pas se décourager.

S. : La structuration de la filière est complexe. Pouvez-vous nous décrire l’organisation de la filière coton au Burkina Faso ?

F.T. : Les producteurs de coton se regroupent dans les villages en Groupements de producteurs de coton (GPC). Il y a des endroits où on a les unions villageoises qui regroupent les GPC. Après ce niveau, il a été mis en place les unions départementales des producteurs de coton.
Puis, les unions provinciales qui mettent en place l’assemblée des unions nationales.
L’Union nationale des producteurs de coton (UNPC-B) et l’Association des sociétés cotonnières (APROCOP) forment l’Association interprofessionnelle du Burkina Faso. Les cotonculteurs sont actionnaires à la SOFITEX à hauteur de 30%, à Fasocoton à 10% et à SOCOMA à 20%.

S. : Le prix du coton baisse par moments sans que le cotonculteur ne puisse comprendre exactement ce qui provoque cette situation. Qui fixe le prix du coton ?

F.T. : Le prix du coton est lié au marché mondial. L’interprofession constituée de seize membres dont huit de l’APROCOP et huit représentants de l’Union nationale des producteurs de coton se charge de fixer le prix du coton en tenant compte du marché mondial. Le système de fixation permet d’avoir un prix planché par rapport aux cours sur les deux années passées et à la prévision des cours sur les deux années à venir en tenant compte de l’année en cours. Cela se fait avec un système de calcul permettant de trouver le juste milieu.

S. : Pourquoi cette disposition ?

F.T. : Le producteur de coton veut connaître le coût du coton avant de produire. Alors que le coût du coton change à tout moment.
Il n’est pas possible de fixer le prix du coton qu’on va acheter en novembre pendant le mois de mai. Raison pour laquelle il faut trouver un mécanisme de fixation des prix. Le prix fixé est celui du coton graine mais à l’extérieur c’est le coton fibre qui est acheté.

Les sociétés sont dans l’ordre de 41% d’égrenage. Il faut 2 kilos et demi environ de coton pour avoir un kilo de fibres. Pourtant dans le système de fixation du prix, il faut 42% en fibres, un pourcentage rarement atteint par nos sociétés. Ceci est possible grâce à la qualité de la semence du coton, à la période des semis ou
même aux réglages à l’usine. En tous les cas, ce quota a été fixé pour amener les sociétés à la perfection.

S. : Le prix du coton varie d’un pays à l’autre. En comparant les différents prix, pensez-vous que le prix fixé est intéressant pour le producteur burkinabè ?

F.T. : Les Maliens par exemple, ont un prix planché minimum de 160 F et maximum de 175 F révisable à l’achat du coton. Ce qui veut dire que le prix peut être revu à la baisse ou à la hausse lors de l’achat. Par contre, au Burkina, le prix planché de 145 F ne peut qu’être revu à la hausse si le prix augmente sur le marché mondial en avril. Ici, grâce au fonds de lissage, le prix déjà fixé reste invariable même si les cours sur le marché mondial baissent. Nous gardons espoir que les prix vont s’améliorer sur le marché mondial pour que nous puissions redistribuer les bénéfices au prorata des productions de chaque producteur.

S. : L’Union nationale des producteurs de coton fait des mains et des pieds pour que l’Etat soutienne la filière. Avez-vous eu gain de cause ?

F.T. : Le coton joue un rôle très important dans l’économie du Burkina Faso. Trois cent vingt mille familles, donc quatre millions de personnes vivent directement des revenus de ce secteur. L’Etat mesure l’ampleur du rôle du coton. Il a une fois démontré qu’il soutient la filière grâce à une subvention des intrants à hauteur de trois milliards de FCFA. Je remercie le gouvernement burkinabè pour ce geste. Les trois sociétés cotonnières, à savoir la SOFITEX, Fasocoton et SOCOMA vont prendre en charge les autres taxes d’une valeur de trois milliards quatre cent millions de FCFA.

Ce sont ces six milliards quatre cent millions qu’on divisera par le nombre de sacs d’engrais. Sur un sac de NPKSB, on a désormais une réduction d’au moins 1 200 de FCFA. Mais le prix de l’engrais reste tout de même supérieur à celui de l’année dernière. Nous aurions souhaité encore plus de soutien de la part de l’Etat même s’il faut reconnaître que nous ne sommes pas les seuls au Burkina.

S. : Un producteur a laissé entendre qu’il peut admettre la baisse du prix du coton mais pas la hausse du prix des intrants. Quel commentaire faites-vous ?

F.T. : Les intrants viennent d’Ukraine par bateau. Et c’est à prendre ou à laisser. Le vendeur d’engrais n’a rien à voir avec l’acheteur. Le Burkina vend son coton essentiellement à la Chine et l’Ukraine ne se soucie pas du prix du coton et de qui l’achète. Je souhaite que les producteurs fabriquent plus de fumure organique qui est plus efficace que l’engrais importé. J’ai également en ma qualité de membre du comité scientifique de l’INERA, demandé à l’Etat de mettre l’accent sur la transformation du phosphate naturel qui peut remplacer l’engrais chimique. Je me réjouis de la réouverture de l’usine de Koudougou (NDLR : Fasotex).

S. : Avec la baisse du prix du coton, la question du coton transgénique refait surface. Etes-vous pour ou contre la culture du coton BT ?

F.T. : Les pesticides coûtent entre 20 et 30 milliards de FCFA par an. Si on devrait acheter les OGM à 10 milliards, on le ferait. Les OGM nécessitent deux traitements au lieu de six traitements pour le coton conventionnel. Ils évitent la grande manipulation des pesticides nuisibles à la santé. Pour l’heure, le Burkina Faso n’est qu’à une phase expérimentale depuis quatre années. C’est une mesure de précaution. Faisons confiance aux chercheurs burkinabè.

Les études sur les OGM ont démontré qu’il n’y a aucun impact pour l’instant sur la terre, ni sur la qualité de la fibre. Au Texas, au Brésil où j’ai été, le coton transgénique est déjà cultivé par les producteurs et je reste convaincu de son efficacité. Aussi, il y a des détracteurs qui laissent croire que la firme Mosento a corrompu des producteurs pour inciter la culture du coton BT au Burkina. C’est une affirmation gratuite dans la mesure où aucun cotonculteur ne persistera dans la culture du coton transgénique si elle n’est pas rentable.

Aucun décret présidentiel ne va contraindre un producteur à faire du coton BT. Ceux qui n’aiment pas cette variété de coton citent des risques. Le risque zéro n’existe pas. Toute bonne chose mal utilisée devient nuisible.
La différence entre l’homme et l’animal, c’est la capacité de l’homme à choisir ce qui est bien pour lui. Nous restons convaincus que les résultats des recherches permettront à tous de comprendre que le coton BT est une alternative.

S. : La filière coton rencontre pas mal de difficultés. Peut-on être optimiste avec une campagne qui s’annonce difficile ?

F.T. : Malgré l’appel des 36 pays producteurs de coton en Afrique, notamment celui du C4 composé du Bénin, du Mali, du Tchad, du Burkina Faso, les subventions au profit des producteurs du Nord persistent. Nous sommes victimes de cette triste réalité. La campagne cotonnière s’annonce difficile. Mais impossible n’est pas burkinabè. Nous avons fait le bonheur de beaucoup de pays dans la sous-région par notre bravoure au travail, notre capacité à résister. Ce n’est pas par hasard si nous sommes le premier pays producteur de coton en Afrique.

Le coton a permis aux Burkinabè de rester chez eux. Le coton est donc une fierté nationale et nous devons travailler à accroître notre production. En 1994, on était à 115 000 tonnes de production, nous sommes à 700 000 tonnes aujourd’hui et avec plus de détermination, nous dépasserons le million de tonnes.

Interview réalisée par Hamadou TOURE
Fernand GUETABEMBA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 8 juin 2007 à 07:48, par simarcoop2010 En réponse à : > Coton : Plus de six milliards pour subventionner les intrants

    Arretez de vous foutre du peuple,des braves cotonculteurs.Vous parlez d’une reduction de 1200 frs sur le sac,cette baisse represente combien pourcent comparative à la hausse de 50% ?Il faut donner ces genres de comparaison,ou vous nous donnez le prix d’un sac et nous allons faire le calcul.Je suis persuadé que tout ceci a éte preparé depuis longtemps.Nous voyons aussi loin que vous messieurs et mesdames.

    • Le 8 juin 2007 à 21:54, par un paysan très informé En réponse à : > Coton : Plus de six milliards pour subventionner les intrants

      mon frere tu as raison, il se trouve que l’affaire de l’engrais là est entre les mains des français, qui sont également les négociants pour la sofitex, qui sont aussi les banques qui préfinance l’achat du coton, qui sont, qui sont, qui sont...on est pas au bout du roulot

  • Le 8 juin 2007 à 10:10 En réponse à : > Coton : Plus de six milliards pour subventionner les intrants

    Franchement, Monsieur Traoré, vous représentez ou défendez plutôt l’Etat et la firme Américaine Mosento que les contonculteurs Burkinabé. C’est très triste et honteux. Sauf ceux qui ne sont pas informés (tel que la très grande majorité de paysans Burkinabè), sinon on connait les méthode injustes utilisé par cette firme Américaine pour corrompre les Etats a accepter les OGM dont ils détiennent les licences. Nous savons également que Mosento a ruiné des paysans Américains qui on eu le malheur d’avoir leur champs a coté de producteurs d’OGM. Nous savons également comment tout est organisé pour parfaire la dépendance de nos paysans vis-a-vis de cette firme dans le future etc, etc. Quand aux conditions de culture du coton au Burkina Faso, nous savons aussi que du petit contrôleur au grand DG assit dans son bureau climatisé, tout ce beau monde vis gras grâce á la sueur et au sang de ces pauvres paysans. Comment accepter "librement" qu’on vous achète votre coton et que l’acheteur décide de quand il vous donnera votre argent ? A l’heur où j’écris ces lignes il y a encore des producteurs au Burkina qui n’ont pas encore reçu leur argent de l’année agricole passé. Comment accepter que la Sofitex fixe pour chaque paysans le nombre de sacs d’engrais ou autres produits dont il a besoin ? En effet le nombre de sacs est fixé arbitrairement par la Sofitex en fonction du nombre d’hectares que le paysan prévoit cultiver. Comment accepter également qu’on vous fixe arbitrairement la qualité de votre coton (1er ou 2eme choix) et qu’on puisse changer cette qualité avec quelque billets de banque (sans reçu naturellement) alors qu’il y a aujourd’hui des appareils qui vous analysent sur place la qualité du coton ? Monsieur, même si vous n’avez pas personnellement le pouvoir de résoudre tous les problèmes des contonculteurs Burkinabé, vous devriez au moins les, les dénoncer et combattre les injustices dans milieux qui n’a rien a envier á la mafia sicilienne. C’et votre travail d’organiser les paysans á mieux défendre leurs intérêts. Mais en lieu et place de cela, on vous voit partout défendre la Sofitex, le prix actuel des intrants et du prix du Kg, les OGM et leurs "avantages". Point de mots sur les problèmes des paysans. Ainsi, « quand le policier devient le défenseur du voleur, il ne reste plus d’autre choix á la victime que de les aider a transporter le butin volé ». C’est un Konaté qui écrit ces lignes. Les Traoré sont mes Oncles c’est pourquoi j’ai honte du comportement de « mon oncle » François Traoré.
    Salut, le combat continue chers frères Paysans du Burkina. Réveillez-vous.

  • Le 8 juin 2007 à 15:13, par Mossi En réponse à : > Coton : Plus de six milliards pour subventionner les intrants

    Dr Traoré, je te regarde sur la photo avec tout le sérieux que tu mets, ton bonnet de cotonnade crevassé au milieu, fixé sur ta tête ; j’imagine toutes les peines que tu as et je me demande même comment tu fais pour discuter avec les paysans. Ce doit être très dur pour toi de les faire comprendre.......

  • Le 9 juin 2007 à 12:56 En réponse à : > Coton : Plus de six milliards pour subventionner les intrants

    Pourquoi nous presente-t-on encore ce Monsieur comme etant le President de l’Union Nationale des Producteurs de coton ? Ce n’est plus lui le President. Il a fini son mandat et a deja passe la main. La presse a couvert l’evenement.

    Attention a ne pas imposer des Presidents a vie ! On aime bien Mr Traore mais comme on dit sous certains cieux, "il a fait pour lui". Montrez nous le nouveau President et encouragez le a travailler avec les medias comme son predecesseur l’a fait.

    C’est tout comme si vous continuez de presenter Mr Jacques Chirac comme le President de la Republique Francaise.

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