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Paix en Côte d’ivoire : De sérieux signes d’espoir

Publié le vendredi 8 juin 2007 à 07h15min

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Le vent venu de Ouagadougou, qui souffle sur la Côte d’Ivoire depuis quelques temps semble véritablement entraîner les Ivoiriens vers la paix et la réconciliation nationale. C’est le moins qu’on puisse dire au regard des faits et gestes sur les bords de la lagune Ebrié ces derniers temps.

Parfait amour entre Laurent Gbagbo et son ex-rebelle de Premier ministre, Guillaume Soro, envoyé à maintes reprises le représenter dans la sous-région ; légendaire match de football des éléphants à Bouaké qui fut un intense moment de communion et de recueillement pour tout le peuple ; incinération d’armes de guerre par des ex-combattants à l’ouest, sous l’oeil bienveillant du président Gbagbo lui-même ; redéploiement progressif de l’administration à travers le territoire national par la signature de décrets réaffectant préfets et magistrats au nord ; Charles Blé Goudé annoncé à Bouaké et attendu avec impatience par ses fères du centre du pays ; une caravane de la paix Burkina - Côte d’Ivoire ;... le chapelet des signes qui augurent d’une fin imminente du climat de suspicion entre les frères ivoiriens, est bien long. "La guerre est finie", ne cesse de répéter le président ivoirien à la moindre cérémonie. Tout porte à croire que les fères ennemis d’hier ont enfin compris que leur salut et celui de tout leur peuple ne sont pas dans la guerre, mais dans une réconciliation absolue des coeurs et un engagement résolu pour la paix.

Lorsque l’ex-chef rebelle, Soro Guillaume et ses lieutenants les plus indéfectibles qui ne juraient que par la guerre pour "libérer" leur pays, reconnaissent à l’unisson que "la guerre est derrière nous", cela ne peut que réconforter l’optimisme de ceux qui pensent que le pays d’Houphouët s’en sortira. Cet optimisme gagne en intensité lorsque l’on considère que même les points de désaccord qui avaient été à la base de certains couacs au début du processus, tels que les questions de grades dans l’armée, sont en passe d’être réglés.

L’on se rappelle que la question des grades dans l’armée, surtout en ce qui concerne le reclassement de certains éléments des Forces nouvelles, avait été un point d’achoppement ayant mis le processus à rude épreuve à un moment donné. Aujourd’hui, les dernières nouvelles qui parviennent d’Abidjan à ce sujet laissent croire que le compromis est trouvé pour vider la question. C’est dire qu’avec un peu de bonne foi de part et d’autre, rien n’est impossible parmi les humains.

Agissant ainsi, les Ivoiriens sont en passe de réussir ce que certains n’ont pas réussi et ont plongé leur pays dans les abîmes de la guerre. Une capacité de surpassement de soi, qui permet de se mettre au-dessus des rancoeurs réciproques pour s’accepter mutuellement et inscrire l’intérêt de la patrie en priorité au détriment des intérêts égoïstes. En tous les cas, si Laurent Gbagho et ses frères parviennent à réaliser une telle prouesse, ils auront donné une leçon de vie à toute l’Afrique. Ils auront aussi confirmé cette idée que l’on a de l’Ivoirien dont on dit qu’il n’a pas de rancune ; on peut se bagarrer avec lui dans la matinée et manger à sa table dans la soirée.

En tout état de cause, il faut prier que ce vent continue de souffler encore très longtemps sur la Côte d’Ivoire et que cet élan de sincérité qui caractérise les uns et les autres perdure. Quoi que l’on dise, il demeure que les Ivoiriens sont en train de sortir de cinq années d’hostilités. Et cela ne s’éponge pas en un tour de main.

En cela, il serait imprudent de tomber dans un optimisme béat. Il convient sans doute de garder une vigilance soutenue tout au long de l’évolution du processus pour ne pas se laisser surprendre car le démon n’est jamais loin. Les pays de la sous-région et, par delà, la communauté internationale sont appelés à contribution, en de pareilles circonstances, pour accompagner les fères ivoiriens à la victoire finale. Il ne serait pas superflu d’appeler à une union sacrée des voisins de la Côte d’Ivoire, à l’image de celle qui règne à l’intérieur du pays lui-même, pour accompagner le processus.

Les médias aussi ont un rôle incontestablement déterminant à jouer. A ce niveau, la presse ivoirienne est plus que jamais interpellée. Elle aussi doit éviter de ramer à contre-courant. L’heure n’est assurément plus aux oppositions de clochers, ni au sectarisme plat et vulgaire. De façon transitoire, ne serait-ce que pour le temps de réinstaller totalement le pays dans la paix, les uns et les autres doivent suspendre leurs logiques éditoriales bellicistes, pour adopter la ligne de la patrie et de la paix.

En cela, la classe dirigeante ivoirienne devrait, sans toutefois aller jusqu’à une aliénation de la liberté de la presse, être particulièrement regardante sur cette presse et ramener les éventuelles "brebis galeuses" dans le troupeau. Cela est d’autant plus impérieux que l’on sait de quoi la presse a été capable sous d’autres cieux. Elle qui est capable du meilleur comme du pire dans les mêmes proportions.

L’accord de Ouagadougou prévoit, du reste, toutes sortes d’issues de secours en cas de couacs dans la mise en oeuvre du processus et il ne reste plus qu’aux Ivoiriens de savoir donner aux phénomènes leurs justes mesures pour conduire le "navire ivoire" à bon port. De leur enthousiasme, de leur volonté d’aller à la paix, de leur sincérité, dépendra le soutien de la communauté internationale, et par ricochet, l’engagement des bailleurs de fonds, à les aider dans la reconstruction de leur pays qui, on le sait, a besoin aujourd’hui, de beaucoup de moyens.

Le Pays

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