LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Forums SOFITEX- cotonculteurs : Travailler à surmonter la conjoncture

Publié le mercredi 6 juin 2007 à 06h58min

PARTAGER :                          

Des équipes mobiles de la Société burkinabè des fibres textiles (SOFITEX) sont allées à la rencontre des producteurs de coton de la partie ouest du Burkina entre le 16 et le 22 mai derniers, dans le cadre des 25 forums.

Il s’est essentiellement agi, au cours de ces concertations préparatoires de la campagne cotonnière 2007-2008, d’annoncer aux producteurs la mauvaise nouvelle de la baisse du prix d’achat du coton et celle de la hausse du prix de session des intrants. Pour venir à bout de cette conjoncture qui a suscité des grincements de dents chez les paysans, la SOFITEX a préconisé l’utilisation à grande échelle de la fumure organique et la mise en application des techniques censées augmenter la productivité à l’hectare.

Avant d’en arriver à l’annonce de la baisse du prix d’achat du kilogramme de coton-graine pour la campagne cotonnière qui commence, les envoyés de la SOFITEX déployés dans les différentes zones de production cotonnière ont d’abord fait le bilan de la campagne en finition. Il en est ressorti que le Burkina, en dépit des vicissitudes du marché international et du cours du dollar, a réussi à se maintenir au premier plan des producteurs africains de l’or blanc. Les producteurs, de même que les techniciens des différentes sociétés cotonnières, ont été félicités pour cette performance.

D’autre part, ces 25e concertations entre les agents de la SOFITEX et les producteurs de coton ont été mises à profit par les premiers, pour rappeler aux seconds la constante instabilité du marché international qui est tributaire de nombre de facteurs dont le cours du dollar, le prix du pétrole, etc.

La filière coton traverse une crise sans précédent au Burkina et dans bien des pays de l’Afrique francophone notamment. La SOFITEX qui est frappée de plein fouet par cette dure épreuve s’est efforcée d’en expliquer les causes à ses partenaires que sont les cotonculteurs, tout en s’efforçant de leur faire comprendre qu’elle n’est pas maîtresse du contrôle des prix d’achat du coton. Le mécanisme du lissage, tel que mis en application le 1er avril de chaque année par l’Association interprofessionnelle du coton du Burkina (AICB) et qui détermine les prix d’achat planché du coton-graine a également fait l’objet d’explicitations auprès des paysans.

Et ces prix ont ensuite été communiqués aux producteurs : 145 F le kilogramme pour le premier choix et 120 F pour le deuxième choix. En rappel, le kilogramme de coton avait été acheté à 165 F la campagne dernière et la SOFITEX avait, lors des forums de début de campagne, émis l’espoir que le coton serait mieux acheté cette année.

C’est donc avec un sentiment de désespoir, voire d’indignation, que les producteurs ont accueilli la mauvaise nouvelle de la chute des prix d’achat du coton. Les murmures de désapprobation et de déception des cotonculteurs n’ont pas empêché les missionnaires de la SOFITEX d’annoncer la deuxième mauvaise nouvelle, celle relative à la hausse du prix de cession des intrants. En exemple, l’engrais et l’urée qui ont été cédés à 12 400 francs la campagne dernière, coûteront cette année respectivement 15 485 et 16 720 francs CFA. La dose d’insecticide pour un hectare passe de 4 040 à 4 362 francs. Calculatrices en mains, les cotonculteurs se sont vite rendu compte que le coût de production à l’hectare passe de 73 840 à 89 347 francs, avec un bénéfice à l’hectare qui chute de près de la moitié.

La SOFITEX pointée du doigt

Du coup, les producteurs qui ont entre temps eu voix au chapitre, ont qualifié la situation de « catastrophique ». Certains ont, en dépit des explications plus tôt avancées, accusé les agents de la SOFITEX de complicité. Eux qui, du constat des paysans, ont un train de vie assez élevé malgré la crise. « Les travailleurs de la SOFITEX devraient eux aussi subir les conséquences de la crise », a laissé entendre le vieux Zoumbiéssé, producteur à Pâ dans le Tuy. Son homologue Siaka Koné de Sidéradougou va plus loin pour recommander une compression du personnel de la SOFITEX. Car pour lui, il y a trop d’agents pour si peu de travail, donc « de l’argent jeté par la fenêtre et qui pourrait contribuer à réduire les effets de la crise supportés par les seuls producteurs ».

En tous cas, la baisse du prix d’achat du coton a suscité pas mal de réactions de désapprobation chez les cotonculteurs dont certains sont allés jusqu’à se demander s’il ne faudrait pas mieux « faire quelques pas en arrière pour produire seulement les céréales afin que les enfants ne meurent pas de faim ». D’autres, plus dépités, ont annoncé sur le champ qu’ils ne produiront pas de coton cette année, demandant alors à la SOFITEX d’accepter de reprendre les semences et les intrants qui leur étaient déjà parvenus. Cette dernière sollicitation qui a été réitérée à chacune des étapes de la tournée a reçu une réponse favorable de la SOFITEX dont les missionnaires ont donné feu vert aux responsables des Groupements de producteurs de coton (GPC), de faire retourner une partie ou la totalité des semences et intrants des producteurs qui jettent l’éponge ou qui décident de diminuer leur superficie de production.

Toutefois, certains producteurs, plus réceptifs des plaidoiries de la SOFITEX, en ont appelé à l’esprit de compréhension de leurs collègues, arguant du fait que la conjoncture est certainement ponctuelle et transitoire vers des lendemains plus radieux pour la filière coton au Burkina. Pour ceux-là, il ne serait pas judicieux de baisser la garde surtout à un moment où notre pays triomphe à la tête des producteurs africains de l’or blanc. C’est aussi l’avis de la SOFITEX qui a usé d’arguments solides et très plausibles, pour exhorter les paysans à surmonter la crise par le travail, en vue de produire davantage de coton, avec, en ligne de mire, le respect du principe de bonne qualité de la fibre.

Les émissaires de la doyenne des sociétés cotonnières du Burkina ont alors vivement recommandé l’utilisation de la fumure organique localement produite, en lieu et place de l’engrais chimique dont le prix est en permanente fluctuation au rythme de la balance du prix du pétrole dont il est foncièrement dépendant. Il est aussi question, a suggéré la SOFITEX, de respecter scrupuleusement les techniques de production (précocité des semis, bon dosage des insecticides et pesticides, précocité des récoltes, etc.) dans la perspective d’accroître le rendement à l’hectare qui devrait désormais frôler, voire excéder la tonne de coton graine. La Société burkinabè des fibres textiles qui dit attacher du prix au respect de ces consignes escompte, avec les deux autres sociétés cotonnières, au moins 600 000 tonnes de coton-graine pour la campagne qui s’installe.

Par Paul-Miki ROAMBA

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 6 juin 2007 à 15:38 En réponse à : > Forums SOFITEX- cotonculteurs : Travailler à surmonter la conjoncture

    Il faut que ceux qui croient que les paysans ne reflechissent pas se ressaisissent. Tous ces gros barons du Faso a l’exception d’une dizaine sont issus de famille paysanne. Traiter si injustement les paysans aujourd’hui est honteux> Ou sont passe tous ces milliards encaisses aux moments fastes de la filiere ? Il est immoral de sacrifier ainsi nos braves paysans dont la contribution a la macroeconomie nationale n’est plus a demontree. Si les dirigeants croient faire du mal aux paysans, ils le recolteront au centuple pcq ces mesures de la SOFITEX vont amplifier la pauvrete, et causer une insecurite impensable, toute chose qui pourrait conduire a une instabilite politique. Il temps que le President du Faso - du reste cotonculteur- et le nouveau PM - economiste bon teint- fassent une nouvelle analyse et subventionne les producteurs. Ne me parlez pas de l’OMC, AUdiable, cette OMC qui n’est la que pour sauvegarder les interets des USA et de l’Union Europeenne.

  • Le 8 juin 2007 à 14:37, par Mossi En réponse à : > Forums SOFITEX- cotonculteurs : Travailler à surmonter la conjoncture

    Il faut taillader les gros salaires des cadres de la SOFITEX, et en chasser quelques-uns car beaucoup y sont rentrés par affaire. Il faut aussi diminuer le nombre d’ATC-voleurs et augmenter les rayons des zones d’intervention de ceux qui resteront. Il faut réduire le train de vie de la SOFITEX (climatiseurs, ventilateurs, frigos dans les bureaux, etc.). Il faut faire une analyse institutionnelle et de fonctionnement de la SOFITEX et supprimer certains postes fantaisistes et budgétivores. Il faut diminuer l’arrosage des fleurs, le lavage des voitures. Il faut diminuer le parc auto en vendant certaines grosses cylindrées inutiles. Il faut revoir les contrats des cadres et des autres travailleurs et les soumettre aux obligations de résultats. Il faut chasser les gardiens absentéistes ou trop soulards, et chasser les chauffeurs indisciplinés, voleurs ou pilleurs des paysans, ou encore qui utilisent les véhicules à des fins personnelles, ou détourneurs de carburants. Il faut diminuer le nombre d’ateliers et de séminaires avec perdiems ou bien diminuer le montant des perdiems. Il faut obliger les cadres à loger dans des hôtels à coût modérés lors de leurs missions, et négocier officiellement des conditions favorables avec ces hôtels. Il faut fixer un prix plafond des repas des cadres quand ils sont en mission et diminuer la ripaille lors des manifestations. Il faut chasser tout ceux qui font fait ou qui font de la surfacturation. Il faut diminuer le nombre de secrétaires et de dactylos (aujourd’hui chaque petit commis de la SOFITEX a une secrétaire) et ne garder qu’un petit pool très opérationnel. Il faut bien surveiller et contrôler les garages pour qu’il y ait moins de vols de pièces, de gasoil, etc..... Mais les paysans aussi doivent nettoyer leur écurie en expulsant de leurs organisations tous les paysans magouilleurs. Si vous voulez, je peux vous conseiller sur ce qu’il faut faire, il suffit d’écrire ici.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)