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Lota Dabio Tamini : Québécois de cœur, Burkinabè dans l’âme

Publié le lundi 18 juin 2007 à 08h00min

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Lota Dabio Tamini

Lorsqu’il est rentré chez lui, au Burkina, en 1990, nanti de son diplôme de docteur vétérinaire, Lota Dabio Tamini était à mille lieues de se douter qu’il abandonnerait, quelques années plus tard, les soins aux animaux pour s’investir dans... l’ingénierie du développement.

Titulaire d’un master en économie rurale de l’Université de Laval-Québec, il termine actuellement, à Québec, un Ph.D en économie avec comme spécialités le commerce international et l’analyse économique des politiques agricoles. C’est à Montréal que Fasozine l’a rencontré pour vous...

Il avait d’abord eu un goût prononcé pour les disciplines biologiques et médicales. Au départ, le jeune Lota Dabio Tamini voulait embrasser le domaine de l’optique médicale. À défaut, il tenait à ce que le métier qu’il exercerait « contribue à faire avancer les choses ». C’est dans cet esprit qu’après son baccalauréat, série D, obtenu en 1983 à l’Ecole normale de Ouagadougou - aujourd’hui lycée Bogodogo - il choisit la médecine vétérinaire et s’envole pour Dakar, la capitale du Sénégal.

Deuxième enfant d’une fratrie de huit, qui compte quatre garçons et autant de filles, le jeune universitaire retournait, en fait, sur la terre de son enfance. En effet, c’est au Sénégal, où son père, Nonza Tamini, inspecteur des enseignements secondaires à la retraite, était encore étudiant, qu’il a passé les trois premières années de sa vie.

Aujourd’hui, Nonza Tamini dirige « Béni-So », un établissement d’enseignement primaire et secondaire qu’il a fondé depuis 1993, à Ouagadougou. Avant d’élire définitivement domicile à Ouagadougou, en 1971, « Papa Tamini » travaille d’abord à Bobo-Dioulasso, où il est rentré en 1968. C’est donc à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, que le jeune Dabio fera son école primaire, entre 1970 et 1976, avant d’entrer au lycée Philippe Zinda Kaboré pour le premier cycle de l’enseignement secondaire, couronné par l’obtention du BEPC.

« Veto-Action » et plus encore...

Ainsi, après l’université à Dakar, Lota Dabio Tamini, de retour au Burkina avec le titre de docteur vétérinaire, accomplit son Service national populaire (SNP) à l’Université de Ouagadougou. Là, il collabore avec un conseiller technique néerlandais dans la mise en place d’un centre de formation multidisciplinaire, qui vise à promouvoir une nouvelle approche du développement rural.

Puis, il prépare et obtient un Diplôme d’études approfondies en sciences biologiques appliquées, en 1994, à l’Université de Ouagadougou. Parallèlement, en 1993, il ouvre « Veto-Action », une clinique vétérinaire privée, en association avec un collègue, Dr Hamed Diarra.

Tout en exerçant comme clinicien vétérinaire, il gère un bureau d’études, « Africa Consult », qui offre conseils et formations sur les questions de développement. Puis, en décembre 1996, il s’envole pour le Rwanda où il occupe un poste d’assistant technique. Il y gère, jusqu’en 2000, et tant que vétérinaire, des projets financés par l’Union européenne. Ce séjour très enrichissant renforce alors Lota Dabio Tamini dans sa passion des questions d’économie et de développement. Aussi, c’est tout naturellement qu’il retourne aux études après cette expérience rwandaise. « J’avais besoin d’approfondir mes connaissances en matière économiques », avoue-t-il.

Il s’inscrit alors à l’Université de Laval-Québec et décroche, en 2002, un master en économie rurale. Et, pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, il termine, en ce mois de juin 2007, un Ph.D en économie avec comme domaines de spécialités le commerce international et l’analyse économique des politiques agricoles.

Désormais, la voie de Dabio Tamini est toute tracée : il sera bientôt chercheur à temps plein pour l’Institut de recherche et de développement en agro-environnement basé à Québec. « Je ne regrette pas d’avoir abandonné la médecine vétérinaire. Je me sens plus agro-économiste que vétérinaire. Je donne déjà des cours en agro-économie à l’université et j’interviens comme consultant dans des bureaux d’étude canadiens », fait-il remarquer.

Et voici le RESO-D !

Même s’il est établi à Québec, au Canada, depuis 2000, où il vit avec sa compagne québécoise, Marie-Michelle, depuis 2002, ainsi que son fils, Elliot, 3 ans et demi, Lota Dabio Tamini ne garde pas moins le fil avec le pays. Il a même amené son petit monde au Burkina, en 2006. « Marie-Michelle et Elliot sont restés un mois, entre Ouagadougou, la capitale, et le village. Ils ont préféré la vie au village », nous a-t-il confié.

En fait, ce fils de Ouarkoye, dans la province du Mouhoun, est très attaché à son pays, mais aussi et surtout à son patelin. Il est ainsi régulièrement rentré au Faso tous les ans, ces trois dernières années. Je crois fondamentalement, clame-t-il, la main sur le cœur, « que ma réussite ne peut pas être qu’une réussite personnelle ». Aussi, poursuit-il, je m’attache à savoir « ce qui se passe et ce que je dois faire ». Une profession de foi qui s’est déjà concrétisée par la création, en 2006, avec Marie-Michelle et d’autres amis québécois, du Regroupement pour la solidarité et le développement (RESO-D).

Joignant le geste à la parole, le RESO-D a déjà mis à la disposition de l’école primaire publique A de Ouarkoye, en août 2006, un peu plus de un million de francs CFA. Cette somme a servi pour l’année scolaire qui s’achève, à renouveler les table-bancs du CP1 et à payer la cotisation à l’Association des parents d’élèves (APE) ainsi des fournitures scolaires à tous les enfants qui entraient à l’école. Le RESO-D, qui entend « assurer la gratuité de l’enseignement primaire aux enfants qui commencent l’école » et « appuyer les activités rémunératrices des femmes », a de grandes ambitions. Ses responsables travaillent actuellement à la finalisation d’une banque de projets.

Au-delà de tout cela, l’ancien « veto », pratiquant de sport en salle et de football en plein air, aime bien se retrouver avec des amis en fin de semaine, pour socialiser autour d’un verre. « Je suis bien intégré dans mon milieu », reconnaît-il. Pour autant, « je n’exclus pas la possibilité de rentrer au Burkina, pour mettre la main à la pâte sur les sentiers du développement, y compris dans l’arène politique... ».

Par Serge Mathias Tomondji

Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 18 juin 2007 à 12:32 En réponse à : > Lota Dabio Tamini : Québécois de cœur, Burkinabè dans l’âme

    bonjour !
    je me nomme YAMEOGO Aristide et je suis ingénieur en sociologie et economie rurales. Et votre article sur Lota D. TAMINI m’a beaucoup plu et j’aimerais avoir son mail afin d’échanger avec lui. mon email est aristideyam@yahoo.fr

    Meilleures salutations

  • Le 18 juin 2007 à 17:28, par Maurice Oudet En réponse à : > Lota Dabio Tamini : Québécois de cœur, Burkinabè dans l’âme

    Cet article m’a également fort intéressé. J’aimerais, moi aussi, avoir l’adresse EMail de M. Lota Dabio Tamini pour correspondre avec lui et l’inviter à visiter le site www.abcburkina.net et lui demander quelques contributions !

    Maurice Oudet

  • Le 19 juin 2007 à 17:43, par Loic Duquesne En réponse à : > Lota Dabio Tamini : Québécois de cœur, Burkinabè dans l’âme

    Bonjour à tous et en particulier à Monsieur TAMINI.
    J’ai trouvé l’article fort enrichissant en ce sens qu’il montre comment des burkinabè peuvent être pétris de qualité et peuvent évolués dans des milieux universitiaires hautement sélectifs occidentaux. Le cas du Dr Tamaini est loin d’être isolé à travers le monde comme là du reste rapporté plusieurs fois le site lefaso.net.
    Je n’ai cependant pas compris pourquoi il se definit comme un "ex-vétérinaire" ? On est médecin vétérinaire pour la vie car on a prété un serment pour ça. Il s’est spécialisé en agro-économie à partir de son diplôme de vétérinaire et il sait pertinement que dans le cadre de sa nouvelle spécialité il utilisera toujours ses compétence de véto.
    Je suis également vétérinaire avec un PhD en chimie industriel mais j’avoue que mes bases vétos me sont indispensables dans mes fonctions. Et je me reclame fièrement vétérinaire avant tout.
    Bon vent à lui.

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