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Législatives au Sénégal : La rue, un danger pour Wade

Publié le vendredi 1er juin 2007 à 07h48min

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Le 3 juin 2007, les électeurs sénégalais retournent aux urnes pour désigner leurs représentants à l’Assemblée nationale. Prévues pour le 25 février 2007, ces élections ont dû être reportées suite à l’annulation du décret présidentiel sur la répartition des députés par le Conseil d’Etat, à la demande de l’opposition politique.

Faute d’avoir obtenu de la part du gouvernement un audit sur le fichier électoral, une partie représentative de l’opposition ne prendra pas part au scrutin du 3 juin. Un boycott qui en dit long sur les rapports entre le président Wade et son opposition politique. Mais l’opposition a-t-elle fait le bon choix ?

Une quinzaine de partis de l’opposition refusent de participer à un scrutin dont le résultat serait connu d’avance. Les principaux partis de l’opposition sénégalaise que sont le Reew-mi, le PS, l’AFD et la Ligue démocratique ont exigé en vain l’audit du fichier électoral qu’ils soupçonnent avoir été manipulé par le parti du président Abdoulaye Wade. La politique de la chaise vide qu’ils ont menée, crée un boulevard pour le pouvoir en place qui va s’assurer une majorité confortable pour gouverner.

L’opposition s’est mise volontairement en dehors du circuit et n’aura plus son son de cloche à l’hémicycle. Si tant est l’opposition doit s’exprimer dans la légalité républicaine, donc à l’assemblée. Du côté du parti présidentiel, on peut légitimement penser que l’opposition a eu peur d’un jeu de massacre, vu son échec cuisant lors de la présidentielle. Le boycott serait-il un abri pour se prémunir d’une déculottée annoncée ?

Les boycotteurs rendent ainsi service à Wade, confortant son assise politique dans les institutions de la République.

Ceux qui s’attendaient à un scrutin de la revanche pour les ténors de l’opposition afin de laver l’affront subi lors de la présidentielle, font les frais de cette défection. La beauté de la compétition électorale en prend un coup certes, mais on ne peut contester à cette opposition son choix qui s’inscrit dans une démarche politique. Il est vrai que le pays de Senghor nous a habitués à des joutes électorales souvent épiques. Au bout d’une campagne électorale timide, quelques petits partis d’opposition vont profiter de cet espace libéré par les ténors afin de se faire une place au soleil. Ce sera pour eux un test de popularité. Seront-ils seulement à la hauteur du débat ? A l’épreuve des faits, les observateurs jugeront.

Malgré tout, le scrutin garde tout son intérêt. Au soir du 3 juin, le taux de participation sera un indicateur important. A savoir, si les électeurs ont suivi le mot d’ordre de boycott. Si tel était le cas, Wade devrait en tirer toutes les conséquences. Le refus de l’alliance présidentielle (SOPI 2007) de laisser auditer le fichier électoral n’a pas laissé certains sénégalais indifférents. Celui qui refuse un audit à peut-être quelque chose à cacher.

L’argument du refus de l’audit a pu être interprété par le pouvoir de Wade comme du dilatoire, une façon pour les grands partis d’oppositions de gagner du temps. Si tel est le cas, c’est de bonne guerre. Car l’homme a plus d’un tour dans son sac. L’opposition aussi d’ailleurs. Car malgré une majorité confortable, rien, absolument rien ne garantit au président de la république un mandat tranquille. Mustapha Niasse, Tanor Dieng et les autres vont tout faire pour lui infernaliser la vie. L’opposition risque d’être extra parlementaire, c’est-à-dire dans la rue. Ce qui fait dire à un observateur sénégalais ceci : "Il est légitime, dans un pays non démocratique, ce qu’est le Sénégal malgré un simulacre d’élections, d’utiliser la rue comme moyen d’expression. La voix de la rue est aussi une voix de la démocratie".

C’est donc un magistère infernal, plein d’incertitudes qui s’annonce et comme Abdoulaye Wade n’a pas peur de la bagarre, il y aura certainement de l’animation dans les rues de Dakar et pourquoi pas dans les tribunaux.

La démocratie sénégalaise n’a vraiment pas besoin d’un tel scénario. Le vrai problème dans les "démocraties" africaines est la récurrence des divergences liées à l’organisation des élections, éclipsant du coup le vrai débat, celui sur les projets de société.

Le Pays

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