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Dédougou : La gestion du maire décortiquée

Publié le mercredi 5 mai 2004 à 08h52min

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A un an de la fin du mandat de l’actuel Conseil municipal, les
populations de la cité de Bankuy apprécient la manière dont est
gérée la commune de Dédougou.

Oumarou Ouangré : instituteur-tradipraticien-chercheur

D’une façon générale, je crois personnellement qu’il y a eu des
avancées. Le problème du lotissement était une crise sévère, à
telle enseigne que les gens s’en voulaient à mort. l’actuel
conseil municipal a pu dénouer la crise. Le marché qui était
bloqué a pu être débloqué. Le jumelage a été une réussite. je
dirai que madame le maire a eu plus de chance et il faut
reconnaître son dynamisme. Et je crois qu’elle accorde à ses
concitoyens deux jours d’audience par semaine pour leur
permettre de s’exprimer ; malheureusement, les gens n’y vont
pas, alors que le maire a l’obligation de rendre compte de la
gestion de la cité aux citoyens.

Dakuyo Malachie : promoteur culturel

Le conseil municipal est à féliciter pour les quelques actions
qu’il a posées sur les 4 années d’exercice. Son mandat tire à sa
fin et j’ai la ferme conviction qu’il a échoué face aux défis
majeurs de la ville.

Vous constaterez par vous-même la
faiblesse de l’apport des contribuables, le délabrement des
routes, l’état d’insalubrité de la ville, le dénuement matériel
dans lequel le dispensaire communal a été ouvert, etc. Je n’en
veux pas au conseil municipal, mais je voudrais lui rappeler
que le développement d’une ville relève de ses habitants qui ont
besoin d’être mobilisés sur la base de leurs intérêts. Or, ce
conseil municipal, qui est le nôtre souffre énormément
d’incompétence en matière de mobilisation sociale.

Qu’il se
départisse du "train-train traditionnel" de sa commission
ad-hoc et qu’il se forme plutôt en mobilisation sociale ; il verra
les résultats car les ressources ne manquent pas. Le
développement ne s’impose pas, il se crée et s’entretient à partir
des ressources locales. J’invite le conseil municipal à ouvrir
l’oeil et le bon car nous sommes là pour l’aider à nous aider. Il
lui faudra quitter le champ de la machination des
regroupements par affinité pour se mettre sur les rails de la
large mobilisation sociale quand il s’agira de notre commune. la
balle est donc dans le camp du conseil municipal. Et nous,
nous brûlons d’impatience de la jouer.

Yaya Sissoko : fonctionnaire à la retraite

Le conseil municipal ne peut travailler que lorsqu’il y a une
conscience collective. Lorsqu’ on fait un tour dans la ville, on se
rend compte qu’elle est très sale. Les ordures sont jetées
n’importe où. Les tas d’immondices où pullulent à longueur de
journée les mouches sont partout dans la ville. Les animaux
sont dans la rue à tout moment. La circulation est très
désordonnée, si bien qu’on se demande si les gens sont
conscients du danger qui plane. C’est un ensemble de
problèmes qu’il faut résoudre. Et pour les résoudre, il faut que
tout le monde s’y mette.

Je crois personnellement que si jusque
là, il y a un écart dans la conscientisation, c’est que les
conseillers municipaux ne jouent pas le rôle qui leur est dévolu.
Parce que le conseiller est censé être un leader, capable de
rassembler la population autour de lui et poser les vrais
problèmes. A ce niveau, je suis déçu.

Un citoyen ayant requis l’anonymat

Je suis personnellement et objectivement déçu de l’actuel
conseil municipal. L’ancien conseil municipal a déblayé le
terrain et je m’attendais à ce que l’actuel l’exploite à fond.
Malheureusement, ce n’est pas le cas. On dira qu’on a inauguré
l’abattoir, qu’on a jumelé notre ville à une ville française, qu’on a
recruté des policiers municipaux.

Mais objectivement, c’est un
projet qui était déjà exécuté à moitié et qu’on a achevé. Dans le
domaine du sport, c’est catastrophe. En 4 ans d’exercice, on a
eu droit qu’à une seule coupe. Or, le sport est un puissant
facteur de rapprochement et de développement. Là encore on
parlera de priorité.

Mais l’expérience a démontré que l’Etat au
plus haut niveau a des priorités dans les priorités, mais cela ne
l’empêche pas de débourser des millions et des centaines de
millions pour engager nos équipes en compétitions
internationales, malgré les mauvais résultats. Nous sommes
presqu’en période hivernale et certaines routes sont déjà
impraticables avec les premières pluies. Objectivement on
devrait profiter de la société Colas pour réparer ( ne serait-ce qu’
à moitié) ces routes. Je trouve personnellement que l’actuel
conseil municipal a échoué dans la gestion de la cité
communale et ça m’étonnerait qu’il fasse mieux pendant le
reste de son mandat

Harouna Kindo : Secrétaire général de l’union provinciale CGT- Mouhoun

Je ne vais pas me mettre à scruter les différentes facettes de la
gestion de la cité quand le concret, le vécu quotidien parle de lui
même. Je dirais tout simplement que lorsque vous aviez vu
Dédougou en 2000 et que vous la voyez en 2004, vous conclurez
qu’en matière de développement, on a passé quatre années
quasi blanches.

Ce que l’on aurait souhaité, c’est de voir une
amélioration du cadre de vie des populations ; ne serait-ce qu’un
tout petit peu. Que ce soit dans le domaine de l’assainissement
ou des infrastructures, des réalisations significatives à même
de susciter une fierté ne sont pas visibles. Dans le secteur du
commerce, un marché constitue l’élément névralgique pour que
prospère le secteur informel.

Mais ce n’est que pendant le mois
d’avril 2004 que le marché central, déguerpi depuis des années
( avant 2000), a vu la deuxième tranche connaître un début de
construction. Mais combien d’acteurs de ce secteur ont mis la
clef sous le paillasson ? Combien de temps encore
attendra-t-on pour la finition de cette infrastructure économique ?

La commune est enclavée et pauvre en activités génératrices
de richesses économiques. D’où la nécessité de stimuler
prioritairement des domaines y afférentes. Il y va de la santé du
budget communal et donc de ses capacités d’intervention. La
gestion de la cité n’est pas que matérielle ; il y a aussi et surtout
la négociation du dialogue social qui permet l’implication et la
responsabilisation des populations dans le processus de
développement.

Le conseil municipal a certainement fait des
efforts dans la limite de ses moyens, mais force est de
reconnaître qu’on ne sent pas l’engagement des populations.
Peut-être aussi que la passivité trouve ses racines dans les
discours de campagne politique. C’est vrai qu’on a fait de la
démagogie une règle en politique et on la croit innocente. Mais
en réalité, elle peut concourir à une attitude d’attentisme.

Propos recuillis par Serge Coulibaly
Le Pays

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