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Nigeria : Une nouvelle page s’ouvre

Publié le lundi 28 mai 2007 à 08h32min

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Umaru Musa Yar’Adua

Ce 29 mai 2007, le président nouvellement élu du Nigeria, Umaru Musa Yar’Adua prête serment. L’occasion de revenir sur l’histoire politique lointaine et contemporaine d’un pays qualifié à raison de géant de l’Afrique avec ses 130 millions d’habitants, ses deux millions de barils de pétrole par jour (numéro un en Afrique noire), ses réserves de bois, d’ivoire, de bronze et son industrie culturelle riche et puissante.

Situé dans le Golfe de Guinée, le Nigeria avec le potentiel que nous avons "ramassé" plus haut, peut être classé dans la catégorie des pays qui comptent. Ce, en dépit des scandales politiques et économiques qui ont jalonné son histoire après son accession à l’indépendance en 1960. Un bref regard sur le passé permet d’indiquer que les Noks (une variante des Egyptiens ?) sont la civilisation dominante du VIe au IIIe siècle avant Jésus-Christ.

Dans leurs cités d’Ifé et de Bénin, ces "protho-nigérians" rayonneront jusqu’en Occident à travers leur culture et leurs arts dont les fleurons se retrouvent dans une statuaire d’une beauté absolue. L’art africain dans son expression la plus achevée avec ces statues aux traits fins aux courbes déliées et aux attaches délicates qui font le bonheur des musées et collectionneurs occidentaux. "L’âme de l’Afrique se trouve en Occident", dit-on, ce qui ne nous empêche pas de rester dans notre sujet pour dire que du VIIe au XIe siècle, les Haoussas au Nord du pays et les Yorubas au Sud-Ouest perpétueront cette richesse artistique et culturelle.
Les royaumes d’Oyo au Sud-Ouest et de Bénin au Sud-Est, ont conçu des systèmes politiques élaborés qui ont permis aux talents de s’exprimer dans tous les domaines (littéraire musical, théâtral...).

Le royaume d’Ifé, quant à lui, est mondialement connu pour ses productions artistiques en ivoire, bois, bronze et cuivre. Le choc des civilisations allait porter un coup d’arrêt sévère à cette expansion des arts et des lettres, avec le pillage des ressources humaines, économiques et culturelles du pays et de l’Afrique en général. Plus que toute autre contrée, le "pays Yoruba" (Nigeria, Bénin, Togo) du fait de sa situation géographique allait connaître les affres de la traite négrière. Et, ce n’est pas pour rien, si le culte vaudou caraïbéen emprunte beaucoup à la religion yoruba et fon, avec des dieux et un culte quasi-identiques.

Après la destruction physique du pays, celle psychique pouvait commencer avec la colonisation. Après moult péripéties, le Nigeria deviendra colonie britannique en 1914. Doté d’une constitution "coloniale" en 1954, le pays connaîtra sa première constitution républicaine en 1963.
Le pays qui avait été conduit à l’indépendance par Sir Tafawa Balewa, connaîtra son premier coup d’Etat militaire en 1966.

La démocratie, une quête difficile

Le général Irousi d’ethnie Ibo (la précision a son importance) accède au pouvoir avec comme principale revendication, la répartition équitable des revenus de l’or noir. Son assassinat (?) ainsi que les représailles orchestrées contre ses congénères aboutissent en 1967 à la sécession biafraise.

Le géant ouest-africain connaîtra la crise la plus grave de son histoire contemporaine, avec cette guerre qui ne prendra fin qu’en 1972 avec deux millions de morts à la clé.

A peine sorti de cette zone de turbulence, le Nigeria connaîtra une éruption cutanée avec le coup d’Etat de Murtala Rufaï.

Celui qui se donnait un an pour "débarrasser" le pays de ses tares durera à peine le temps des roses. Un coup d’Etat sanglant met fin à son règne éphémère (six mois) et, après une période trouble, le général Olusegun Obasanjo dirige un régime de transition de 1976 à 1979. Le retour de la démocratie avec Shehu Shagari sera tout aussi éphémère avec l’irruption de Muhammad Buhari au devant de la scène en 1983. S’en suivra une succession de régimes militaires (Ibrahim Babanguida, Sani Abacha) jusqu’à la mort brutale de Sani Abacha en 1988.

Son successeur, le général Abdoulsalami Abubakar conduit le processus de retour à la démocratie qui aboutit à l’élection en avril 1999 d’Olusegun Obasanjo à la tête du pays. Après deux mandats, celui-ci s’apprête donc à céder le fauteuil à Umaru Musa Yar’Adua. Lequel aura comme tâches essentielles et urgentes à accomplir, la restauration de l’autorité de l’Etat et la lutte contre la corruption.

Il ne se passe plus un jour sans que la région pétrolière du pays ne soit le théâtre de rapts et d’enlèvements d’étrangers travaillant dans les compagnies d’exploitation du pétrole. Un phénomène tellement récurrent qu’il tend à se banaliser, tout comme le sabotage des installations pétrolières qui abaisse la production journalière d’un quart. Avec la corruption effrénée et l’affairisme, on a fait le tour des maux qui minent le Nigeria et l’empêchent de donner sa pleine mesure.

Yar’Adua a axé sa campagne sur la lutte contre la corruption ce qui, conjugué à sa réputation d’homme intègre, suscite l’optimisme. Assainir le Nigeria s’apparentant cependant à nettoyer les écuries d’Augias, Yar’Adua devra se serrer la ceinture pour laisser une empreinte indélébile dans l’histoire de son pays et partant de l’Afrique.

Boubakar SY

Sidwaya

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