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Politique française : Pari risqué de Fillon, fuite en avant de Hollande

Publié le vendredi 25 mai 2007 à 07h57min

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François Fillon, premier ministre français

En cette période postélection présidentielle en France et d’ouverture de la campagne annonçant les législatives, l’actualité est fortement marquée par la sortie des François ; l’un pour le compte du Parti socialiste (Hollande) et l’autre, Premier ministre et membre de l’Union pour la majorité présidentielle (Fillon).

A moins de 3 semaines du lancement des hostilités, chacun d’eux est allé de son commentaire sur ce qui le concerne. Si au PS l’heure est à la réforme, dans le camp présidentiel, le nouveau chef du gouvernement de Nicolas Sarkozy, le Premier ministre, François Fillon, a placé la barre très haut.

Lors de sa première sortie médiatique en tant que Premier ministre, celui-ci a déclaré qu’il quitterait sa fonction en cas de défaite au scrutin législatif des 10 et 17 juin prochains. Il en sera de même pour tous les autres ministres (10 + lui-même) candidats à la députation. Cela répond, selon lui, à une logique toute simple, car si un ministre candidat est battu aux législatives, c’est la preuve qu’il n’a pas le soutien du peuple, donc n’a pas la légitimité suffisante pour rester au gouvernement.

N’est-ce pas là un gros risque que prend le nouveau locataire du palais de Matignon dans cette sortie radiophonique sur les ondes d’Europe 1 ? Si c’en n’est pas un, c’est assurément un défi trop osé dans lequel les dix autres ministres et secrétaires généraux qui sont candidats à une place au palais Bourbon ne se seraient pas lancés. C’est donc tout naturellement que ces propos du Premier ministre ont créé la surprise.

En même temps, c’est une très grande pression que François Fillon met sur les autres, notamment sur le numéro 2 du gouvernement, le ministre de l’Ecologie, Alain Juppé, qui est en lice dans une circonscription où la socialiste Ségolène Royal était arrivée largement en tête au second tour de la présidentielle.

Celui qu’on disait assez réservé vient de donner le ton dès sa première sortie médiatique. Mais à y voir de près, l’on se rend compte que c’est un électrochoc qu’il a voulu provoquer au sein de l’électorat français que l’on dit versatile. Pour un rien, il peut changer d’avis.

Par ailleurs, Fillon a au passage décoché une flèche contre le numéro un du PS, François Hollande, jugé "pathétique". « Ce qu’on attend de lui, c’est qu’il nous dise quel est le projet du Parti socialiste, pas les pitreries auxquelles on a assisté depuis quelques jours qui visent à moquer les institutions de la République ».

Hollande, critiqué par ses adversaires et les siens (on se souviendra des très récents propos de Raymond Forni qui appelle à une nouvelle direction à la tête du PS), semble (enfin !) jeter l’éponge : « Je ne serai pas candidat à ma propre succession (...) Il faudra à un moment, qui est proche, passer à une autre phase de direction du parti socialiste ». Presque « usé » après avoir dirigé le parti durant près de 10 ans et actuellement esseulé, le compagnon de Ségolène Royal, pressentant sa chute, a préféré devancer les choses.

De toute façon, Hollande est persuadé qu’il ne sera pas réélu lors du prochain congrès du parti en novembre 2008. En le clamant haut et fort, il fait une fuite en avant avec l’intime ambition que ses pairs le laissent tête du PS jusqu’à cette échéance, le temps pour lui de conduire la bataille des législatives ne laissant le soin à personne de le faire à sa place.

Dix ans d’échecs, ou de petites victoires. Rien de glorieux pour celui qui est apparu, dès le début, comme un choix « par défaut ». Jospin parti à Matignon, Hollande prend son fauteuil, faute de mieux, et parviendra, bon an mal an, malgré le fort tremblement de 2002, à demeurer en place.

Ce qui le sauvera d’ailleurs en 2002, c’est le départ brutal de Jospin, qui s’écarte, et qui évite ainsi à son parti les luttes intestines qui, aujourd’hui, l’ulcérisent. Royal, elle, battue sèchement, revendique dans la foulée la place de leader maximo de la Rose, sans négociation possible. La meilleure des manières d’énerver tous les éléphants et de flinguer Hollande.

Aujourd’hui, c’est donc bien le compagnon de Ségolène qui « tire toutes les conséquences », pour reprendre le bréviaire jospinien, de l’échec de cette dernière en se « retirant » de la vie politique socialiste.

Kader Traoré

L’Observateur Paalga

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