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SATB : "Le Trésor public au bord de l’implosion"

Publié le jeudi 24 mai 2007 à 07h58min

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Dans la longue lettre ouverte ci-dessous, adressée au ministre des Finances et du Budget, le Syndicat autonome des agents du Trésor (SATB) évoque "un front social en ébullition au Trésor public". La pomme de discorde, la gestion du système de motivation des agents.

"Monsieur le ministre des Finances et du Budget, le 26 janvier 2007, après avoir tenté sans succès de faire entendre la cause des travailleurs du Trésor public, le Syndicat autonome des agents du Trésor du Burkina (SATB) marquait un arrêt de travail de 24 heures afin de protester et d’avertir. Ce fut fait. Malgré cela, le geste ne semble pas avoir été compris. Pire, le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique fait semblant d’ignorer les faits ; il tente même de les travestir. C’est en raison de cette désolante situation que nous avons opté de peindre pour l’opinion publique la situation que nous vivons.

Depuis juillet 2006, le front social est en ébullition au Trésor public. Au centre de cette agitation se trouve, entre autres sujets, la question du système de motivation. Les travailleurs, ayant pris conscience que la gestion du système de motivation se fait en marge des règlements et loin de la lumière, ont décidé de rectifier le tir. Les primes sont allouées aux agents du Trésor et à des agents de bien d’autres structures publiques. Ces primes dont le montant dépend de l’efficacité de la structure dans l’accomplissement de ses missions (du rendement pour faire simple) ne sont généralement pas des recettes budgétaires. Dans le cas du Trésor, le montant du fonds commun, par exemple, dépend de la capacité du Trésor à faire en sorte qu’il y ait en permanence adéquation entre ressources et dépenses, disons de sa capacité à gérer la trésorerie.

Hier ce fonds était alimenté par les pénalités de retard liées au recouvrement des recettes. Les primes qui sont liées aux missions des structures, sont destinées à encourager les agents à donner le meilleur d’eux-mêmes. Dans la réalité, au Trésor les primes ne vont pas seulement aux bénéficiaires véritables. Elles sont aussi servies sans égard à des personnes qui, ou n’ont rien à voir avec l’exécution du budget de l’Etat (agents des collectivités décentralisées) ou, sont entrées au Trésor comme on entrait à Rood-woko (c’est le cas pour bon nombre de vacataires du Trésor), encore que même ce haut lieu de "l’anarchie" est devenu ce que l’on sait depuis un certain jour de mai 2003.

De la question des agents des collectivités décentralisées

S’agissant des agents des collectivités territoriales, on justifie cette déviation en arguant que les agents locaux participent aux opérations qui fondent les primes. Pur sophisme. Sous sa casquette de Receveur municipal par exemple, le comptable s’occupe de l’exécution du budget communal. C’est justement cette fonction qui justifie la présence des agents de la fonction publique locale dans les locaux du Trésor. Certaines de ces collectivités servent d’ailleurs des primes à tout le personnel qui intervient dans l’exécution de leur budget. Les agents du Trésor n’intervenant pas dans le processus d’exécution de ces budgets n’ont à ce jour jamais demandé à bénéficier des primes servies par ces collectivités. De même, il ne serait pas compréhensible que le fait de se trouver dans des locaux du Trésor fonde un droit aux primes des agents du Trésor. Cela s’est passé autrefois, mais cela ne doit plus continuer.

D’ailleurs toutes les répartitions qui les ont pris en compte n’ont aucun fondement réglementaire ; mais le Directeur général du Trésor ne manque pas d’initiative. Sous le spécieux prétexte que les services de recettes des collectivités décentralisées seraient confondus aux services du Trésor, le Directeur général du Trésor a fait produire un rapport circonstancié sur la mise à disposition des agents des collectivités décentralisées au Trésor public pour, dit-il, accompagner la décentralisation. Ainsi donc, la décentralisation nécessiterait une mise du personnel de la fonction publique locale à la disposition du Trésor donc de L’Etat.

Jusqu’alors nous avions pensé que c’est l’Etat qui se devait de mettre des moyens humains à la disposition des collectivités décentralisées. Le Directeur général doit avoir une compréhension bien à lui de la décentralisation. Les recettes municipales et régionales sont certes sous la responsabilité des comptables directs du Trésor, mais les deux structures sont bien distinctes. Parlant du rapport circonstancié, rapport plein d’énormités et de contradictions, il faut croire que par delà toutes les raisons échafaudées, sa production visait un seul et unique objectif : conserver les parents et amis au Trésor afin qu’ils continuent à dîner les avantages des agents du Trésor. Ceci est inacceptable !

Au sujet des vacataires du Trésor

En ce qui concerne les vacataires, le problème est plus hallucinant. Pour commencer, faisons une clarification. Personne, nous disons bien personne, n’a jamais demandé de chasser les vacataires du Trésor. Cela n’a jamais été la position du Syndicat autonome des agents du Trésor ; bien au contraire. Le problème des vacataires le voici. L’administration du Trésor est une administration de fonctionnaires et non de contractuels. Personne ne nie cependant l’apport des contractuels dans les perceptions. Seulement le recours aux vacataires qui devait être une solution palliative à l’insuffisance du personnel relevant de l’Etat a été la porte ouverte à tous les abus. Le Directeur général a-t-il reçu l’autorisation de recruter du personnel sans en informer le peuple burkinabè ? C’est pourtant ce qui a été fait de 1998 à nos jours. Aucun communiqué de vacance de poste, aucun communiqué de recrutement. Vous arrivez un matin et on vous fait savoir que c’est un collègue nouvellement recruté.

D’où vient-il ? Quand a-t-on organisé un test ? Mystère et boule de gomme. Vous apprendrez plus tard qu’il a été recommandé par Raogo ; que c’est la sœur de Jacqueline ; que c’est le cousin ou c’était le jardinier de Tempoko ou que c’est le protégé de la mère de Samba. Qu’a-t-on fait du principe de l’égalité des chances devant les emplois publics ? Des années durant le SATB a, sans succès, attiré l’attention du Directeur général sur l’illégalité de la méthode de recrutement. Comprenez que trouver du travail au Faso n’est pas chose aisée. Quand vient l’heure des concours, combien sont-ils à manquer de moyens pour la composition des dossiers. Après cela, le dépôt des dossiers est un autre parcours du combattant.

Suit enfin l’heure de la composition. Mais le trajet que nous venons de décrire est celui de Patarbtalé. Au même moment, impunément, d’autres se frayent des passages pour entrer dans les services publics. Voilà donc des gens dont le droit à rémunération est à tout point de vue contestable et qui font la loi au Trésor. Pas si étonnant dans un pays où on est, semble-t-il très peu attaché aux règles de bonne gouvernance. Au début, ce personnel était payé à la vacation. Pour ce "recrutement" aucune précaution n’avait été prise : pas de profil prédéfini, pas de description du poste à pourvoir. L’important, c’est de faire baisser le taux de chômage dans les familles des responsables des structures par le biais de ces recrutements. Pourquoi recrute-t-on ? Qui doit-on recruter ?

Ce ne sont pas là des questions à l’ordre du jour et c’est compréhensible. Quand la compétence n’est pas un critère essentiel, il ne faut pas s’étonner qu’on gère les services publics de la sorte. Nous avons dit que ce personnel avait un statut de vacataire à l’origine. Puis de renouvellement en renouvellement des “ contrats ”, ils ont accumulé des années de services.

Voilà qu’il devient pratiquement impossible de parler de vacation. On ne peut aussi les appeler contractuels parce qu’ils ne sont pas connus de la Fonction Publique. On a d’abord tenté de les engager à la Fonction publique. A ce niveau, un nombre infime a pu être engagé. Le Directeur général décida alors de leur trouver un statut, celui de "Contractuel du Trésor". C’est en ce moment qu’il s’est souvenu qu’au moment du recrutement aucune précaution n’avait été prise. Les services de l’Inspection du Travail furent sollicités et cette dernière proposa, semble-il, de gérer ces vacataires conformément au Code du travail. Voilà donc un service public où, du recrutement jusqu’à la gestion du personnel, on ne voit que des méthodes en vigueur dans le privé. Pour leur salaire il décida de leur appliquer le barème des contractuels de la Fonction publique. Oui ! Mais dans quelle catégorie ?

Après avoir recruté ou fait recruter qui il veut, il leur paye le salaire "convenable" en leur attribuant des classifications sans fondement. "Envoyez vos derniers diplômes" : tel semble avoir été le mot d’ordre. Monsieur le Directeur général sait-il seulement que parmi les agents du Trésor de catégorie C et B, nous ne parlerons pas de ceux de la catégorie A, il y en a, et ils sont nombreux, très nombreux même à être titulaires d’une maîtrise en économie, en droit, en histoire, géographie, en sociologie, etc. S’il suffisait de présenter son dernier diplôme pour se faire reclasser, peu de travailleurs au Trésor garderaient leur situation actuelle.

Au SATB nous avions cru, de bonne foi, qu’ils étaient payés sur les ressources du Fonds d’équipement du Trésor. C’est avec plaisir que nous avons appris qu’ils sont payés sur les ressources du budget de l’Etat. Sans nier cette information, gageons que les jours à venir nous permettrons de recueillir des informations complémentaires en la matière. Seulement, l’information que le Directeur général nous a livrée est paradoxale à notre avis. En effet, si le ministère de la Fonction publique a refusé d’engager ce personnel, de les compter comme faisant partie des effectifs de l’Etat, pourquoi l’Assemblée nationale qui vote la Loi de finances, trouverait-elle des ressources pour leur traitement salarial ? Il semble que là aussi on s’est arrangé pour avoir des chiffres qui fassent plaisir. Est-ce la volonté de contenir la masse salariale dans des proportions jugées acceptables par les Institutions financières internationales qui justifierait ce traitement particulier ? (Allez y comprendre !)

En raison de cette gestion hasardeuse et brouillonne des hommes et des ressources publiques, le SATB, lors de son Conseil syndical ordinaire en date du 6 janvier 2007 a souhaité l’arrêt des recrutements illégaux et l’engagement des anciens vacataires à la Fonction publique. Cela aura le mérite de placer chacun d’eux à son niveau réel et de stabiliser du même coup leurs emplois. C’est donc une fausse querelle que de dire que nous demandons leur exclusion du bénéfice du Fonds commun. Ils n’en sont même pas bénéficiaires. Le fait qu’ils soient pris en compte est une interprétation tendancieuse et inacceptable. Ce qui se passe est un détournement.

Nous sommes même surpris qu’on tente de prouver qu’ils doivent être pris en compte pour la répartition des primes. Quand on sait que certains vacataires font le même travail que certains contractuels de l’Etat en service au Trésor, on comprend que ce n’est pas tant le fait d’être contractuel qui pose problème. Le vrai problème ici c’est l’anarchie qui règne au Trésor en matière de gestion du personnel. Silence ! le Directeur général a été élu meilleur "gestionnaire" des ressources humaines en 2006. Sic !

Pour montrer sa bonne foi, le Directeur général fait aujourd’hui recours à des coûteuses études et des descriptions de postes de travail des vacataires. Afin de parfaire la fuite en avant, il promet de recueillir l’avis des agents sur l’opportunité du maintient ou non des "contractuels du Trésor" ; et qu’il ne dépend que d’eux pour que les contractuels du Trésor partent ou restent au Trésor. Monsieur le Ministre, cette manoeuvre est un moyen pour dire plus tard que si les agents avaient demandé le départ des vacataires, il ne s’y serait pas opposé.

Que les vacataires soient indispensables ou pas, c’est au ministère de la Fonction publique de répondre. Ce dont il est certain, c’est que si nous avons demandé leur engagement en lieu et place de leur licenciement, c’est parce que nous estimons que, quelque part, ils ne sont pas entièrement responsables de la situation. De plus, il y en a parmi eux qui ont dépassé l’âge d’entrer par voie ordinaire (concours) à la Fonction publique. Grosso modo donc la volonté du SATB est d’éviter les désagréments sociaux. Pour faire simple, disons que l’éligibilité des vacataires aux primes ne sera envisageable qu’à partir du moment où leur situation sera régularisée vis-à-vis de la loi.

C’est dans ces conditions que la Direction générale raconte à qui veut l’entendre, que le SATB est contre l’existence des vacataires au Trésor. Volonté de mettre les uns et les autres en confrontation, volonté de discréditer le SATB ! Volonté assassine ! Quant au mépris des lois et règlements en vigueur on recrute du personnel, on ne peut que s’affoler et tirer soi-même les conséquences logiques de ses errements.

Mais comment peut-on comprendre qu’une structure qui se veut la gardienne des deniers publics, le sanctuaire des règles de la comptabilité publique, la sentinelle du contentieux de l’Etat, se soit rendue comptable de si vilaines forfaitures ? Comment le champion de la transparence et du management s’est-il égaré ?

"Le malheur de penser autrement et le culte du mépris sournois"

Nous ne pouvons expliquer ce qui vient d’être dit que par le refus narcissique des critiques et des suggestions. En effet, les problèmes posés ne sont pas nouveaux ; mais chaque fois que ces questions ont été soulevées, le Directeur général y a vu des velléités divisionnistes et voilà où nous en sommes. La question des vacataires est semble-t-il une question incendiaire.

A la Direction générale du Trésor, penser autrement est un crime. Quand on vous appelle pour un dialogue, tant que vous abondez dans le sens voulu, vous comprenez ; vous êtes un interlocuteur crédible. Si vous pensez autre chose alors on n’arrive plus à vous comprendre : soit vous êtes manipulé ; soit vous n’avez pas la compétence nécessaire pour parler du sujet en question ; soit le moment est mal choisi et il faut approfondir la réflexion. Quand on veut parler d’avis majoritaire, on prend soin de convoquer un organe (existant ou créé de toutes pièces) où on vous met déjà en minorité dans sa composition et, comble du cynisme, on fixe les règles en plein jeu.

Spécialiste des commissions, comités et conseils, le Directeur général les crée pour ne pas avoir à discuter directement et franchement avec le Syndicat. Illustration. Le 13 Janvier 2007 le Directeur général rencontre le SATB pour, dit-il, examiner sa plate-forme. C’était en réalité pour savoir quel était le degré de mobilisation des travailleurs. Après avoir tenté en vain d’expédier les questions à l’ordre du jour en avançant des raisons qui ne le convainquent pas lui-même, il finit par dire qu’il ne peut pas prendre d’engagements ; que les décisions se prennent en Comité de direction ou en Conseil de direction ....

Dites- nous, Monsieur le Ministre, quel est ce partenaire social qui refuse de prendre des engagements au motif que le Conseil de direction qui est un de ses outils de pilotage de son administration pourra les rejeter ? Devant pareille compréhension de la négociation syndicale peut-on nous accuser d’avoir envisagé une grève pendant que les négociations étaient en cours. Le dialogue est indispensable pour que les uns et les autres se comprennent. Le dialogue ne peut cependant être une fin en soi.

D’ailleurs c’est le Directeur dénéral qui a rompu le dialogue en prétextant, le préavis de grève que nous avons déposé. Nous avions fait en son temps, au Directeur général, une proposition minimale, qui devait, si elle avait été prise en compte, permettre de poursuivre les discussions en toute sérénité loin des manifestations de rue. Mais que fait-il ? Il se réfugie derrière ce qu’il appelle ses outils de pilotage. Il y a manifestement mauvaise foi et volonté de tourner en rond. Dans la foulée, il vous fait signer un nouvel arrêté portant conditions et modalités de répartition du Fonds commun sans égard pour les réclamations des travailleurs, le 2 février 2007, en pleine crise, ce qui montre clairement qu’il n’a que faire de leurs revendications.

Ce qu’il convient de noter, c’est que le traitement qui est fait du SATB et des réclamations des travailleurs ne surprend personne. Les méthodes du Directeur général sont notoirement connues. Dans son île à lui, les règles de la démocratie sont certainement particulières. Elles sont si particulières qu’un individu se joue de la misère des agents et se moque de leur intelligence. Bravo Monsieur !

Cela fait plus de sept (7) ans que l’on refuse de résoudre les problèmes posés. Le Directeur général veut-il de vraies solutions ? Pas si sûr. Le remède de cheval proposé par le SATB serait, semble-t-il inacceptable.

"Les raisons d’un mépris suicidaire"

Il est inacceptable, ce remède, parce qu’il prône la transparence. En engageant la lutte, le SATB a demandé plus de transparence dans la gestion du système de motivation. Dans la pratique il s’agit de pouvoir évaluer l’assiette des primes d’encouragement et d’effectuer un pointage des recettes qui alimentent les comptes y relatifs. Des doutes existent en effet sur la réalité des montants liquidés au profit des agents. Pour nous refuser cette information on tente de nous opposer une prétendue confidentialité des opérations y relatives au motif que le fonctionnaire en charge de ses questions est un comptable public assermenté.

Et pourtant les correspondants du Trésor font ce type de pointage en recettes et en dépenses. A ce refus s’ajoute le refus obstiné de laisser le SATB suivre de bout en bout la confection des listes des bénéficiaires des primes. Faut-il voir dans cette attitude une volonté de masquer une spoliation à grande échelle ? Question sans doute inutile ? La question est inutile en ce sens qu’après la crise d’août 2006, le comptable en charge de la question du Fonds commun a été déchargé, dans les faits, de cette mission. Constatant que le traitement à ce niveau permettait de voir la teneur de certaines injustices, "le grand chef", au mépris des missions des services, s’est fait un logiciel pour rendre plus opaque la gestion des primes d’encouragement.

Cette informatisation a engendré un cafouillage monstre autour de la répartition du Fonds commun. Le SATB a demandé en vain la situation de la répartition. Comprenne qui voudra ! L’amélioration des conditions de travail est une initiative que nous louons toujours, mais lorsque l’informatisation est la conséquence d’une volonté affichée de tenir les uns et les autres à l’écart des justes informations, on ne peut que s’étonner quand on pense que la transparence dans la gestion est aux dires du Directeur général, une notion, une valeur sacrée. Il faudrait peut-être redéfinir la notion même de transparence. En fait la transparence fait peur.

Il est inacceptable parce qu’il marquerait la fin des haricots.

Il y a en effet quelques mois, un camarade, la main sur le cœur, nous rapportait cette anecdote. "Dans la région de DAFA (bouche pleine en Dioula), un Mossi a fait recruter ses parents pour servir à la Recette municipale de ladite localité. Quand vint l’heure de la répartition du Fonds commun, les noms de ces agents furent recensés. Au moment du paiement, ses agents communaux, tout en émargeant pour la totalité ne reçurent chacun qu’une portion insignifiante de leur part (le quart tout au plus).

Le reste s’est volatilisé dans la nature du compteur politique, pardon "comptable public." Tout émus mais pas surpris, nous demandâmes à notre interlocuteur pourquoi les victimes de la spoliation ne se plaignent-ils pas ? Voici sa réponse : "Ces messieurs savent par quelles portes ils sont arrivés et le Mossi sait pourquoi ils ont été recrutés". Silence on tourne ! Le Trousor est une foire. Non, c’est plutôt le site aurifère des Youga. Ce qui est encore plus instructif, c’est qu’il y a aussi à peine deux mois les services du premier responsable du Trousor de ce pays, ont produit un rapport où il est clairement établi que les recrutements des agents communaux ne répondent à aucune logique, sinon à des logiques de népotisme et de politique politicienne.

Voici ce que dit le document à sa page 7 : "Le nouveau chef de l’Administration locale après les élections peut trouver facilement motif à recrutement, en vue de placer ses amis, ses parents ou sympathisants." Mais l’intérêt de l’anecdote ne se trouve pas là. Elle nous enseigne que nous ne devons pas attendre une unanimité là où la légitimité manque. Lecteur impartial, ce qu’il y a de plus délectant, c’est que le compteur politique dont il est question dans l’anecdote a été, d’après notre camarade, promu il y a quelques temps, à un poste supérieur au Trousor de la République de BUSOFA ? Comme quoi la délinquance se moque de la transparence et le vice se joue de la vertu.

Lecteur averti, qu’auriez-vous fait en pareilles circonstances. Pensez-vous qu’en demandant un peu plus de transparence et le paiement des primes aux seuls agents de l’Etat, aux légitimes et légaux bénéficiaires, un syndicat soit divisionniste ?

Il (le remède) est inacceptable parce que la révolte des jacques, la renaissance du SATB et ses actions constituent le viol d’un tabou, la fin d’une époque, le rideau sur une image publicitairement bâtie (comme un château de cartes qui tombe), un crime de lèse- majesté quoi ! En effet, par le biais des médias, une image de l’agent du Trésor (nous omettons ici à dessein de parler de celle du Directeur général lui-même) s’est gravée dans la conscience populaire. Le Trésor serait une structure où les agents sont dans le meilleur des mondes possibles. Gravissime erreur ! Car on vit aussi en silence dans un Cachot. Le Directeur général, à force de persécutions de tous genres, est arrivé à faire taire tous ceux qui émettent un avis contraire.

Une peur rampante s’était installée au Trésor et le Syndicaliste était désigné comme on désignait le lépreux au Moyen-âge en Europe. Tous vivaient en silence leurs martyrs. Nous avions peur : peur de nous faire affecter ; peur de ne jamais être promu ; peur de voir notre carrière brisée. A ce sujet précisément, depuis la grève du 26 janvier 2007, sournoisement, le processus de mise à mort du syndicat a, de nouveau, été mis en marche. Mise au garage par -ci, accusations calomnieuses et préludant un vaste mouvement d’affectation et d’intimidation par-là. Leur crime commun, c’est d’avoir dit haut ce que les autres n’ont plus le courage de murmurer.

Comment peut-on, en effet, affirmer à la face du monde qu’aucun agent n’a le pouvoir de modifier le sort d’un mandat de fournisseur au Trésor public (confère les interventions du DGTCP dans Ecofinances) et prétendre, sans apporter la moindre preuve de surcroît, par le biais de lettres d’explication, que des agents traitent des dossiers de dépenses contre rémunération ? Et pour montrer qu’il est le grand chef il affirme que "de tels agissements s’ils sont avérés ternissent l’image du Trésor qu’il a patiemment réhabilitée". Si de tels agissements se pratiquent, il faudrait rechercher leur auteur loin des agents qui peinent chaque jour pour que le Trésor public mérite sa place. Ce qui ternit l’image du Trésor, c’est ce règne de monarque où le Directeur général seul est autorisé à entrer par la porte d’entrée principale du bâtiment de la Direction générale.

Parallèlement, des nominations pardon des "nominations-récompenses" sont effectuées au profit de certaines personnes qui montrent que la compétence est le dernier de leurs soucis. Comment dans ces conditions s’empêcher d’établir un lien avec la sortie du Directeur général à L’Observateur Paalga N°6838 où il affirmait que : "les relations personnelles qu’elles soient familiales, d’amitiés ou de toutes autres affinités sont généralement la base de la confiance pour certaines responsabilités... A cela, il faudra certainement ajouter la compétence." Bâtir donc un royaume de courtisans, voilà ce qui importe. Pour ce faire : réprimer, mépriser, vilipender sont les maîtres mots de la gestion.

C’est ainsi qu’il a écrasé l’équipe dirigeante précédente et envoyé au mouroir le syndicat pendant des années. Puis les agents se sont ressaisis. Ils ont compris que de la lutte seule viendra le salut. Plutôt subir les conséquences de la lutte que de démissionner devant leurs droits et devoirs. Impuissants, nos amis avaient commencé à crier à la complotite et à la manipulation politique. Aujourd’hui on parle de divisionnisme. Qu’ils disent ce qu’ils voudront (le Directeur général et ses obligés), le SATB ne tolèrera jamais pareilles injustices. Il faut comprendre, comme l’on certifié nos ancêtres, qu’il y a un temps pour chaque chose ; il y a un temps pour l’anarchie et un temps pour l’harmonie et nul ne peut changer la marche des étoiles.

Souvenons-nous sans cesse que la persécution, la méchanceté pour faire bref, est l’arme des faibles ; c’est le dernier argument de ceux qui n’ont plus d’argument. Revenant aux accusations calomnieuses, il faut dire que si les agents se comportaient de la sorte, peu d’entre-eux se seraient mobilisés pour la défense des primes confisquées.

En un mot donc comme en mille, les agents du Trésor sont victimes d’une gestion "familiale" de leurs avantages.

Monsieur le Ministre toute personne avertie sait que ce climat a des conséquences dommageables pour le fonctionnement du service. L’Administration a estimé à 12% environ le taux de suivi de la grève du 26 janvier 2007. Nous ne nous inscrivons pas dans la guerre des chiffres. Nous constatons simplement que cette grève qui se voulait une grève de témoignage et d’avertissement n’a pas eu d’écho auprès de l’Administration. Mais nous comprenons, on nous avait toujours demandé de laver le linge sale en famille. C’est en vain que nous avons attendu l’eau, c’est pour cette raison que nous nous sommes promis d’aller chercher le liquide salvateur. Que ce soit au barrage N°2 de Ouagadougou ou dans les eaux du Gange, cela n’a aucune importance. Pourvu que le linge soit lavé. Pour des motifs qui ne résistent à aucune critique en effet, on procède par des faux fuyants et de volubiles promesses. Des réunions à n’en pas finir, des discussions inutiles ; des discussions en trompe-l’œil ; de soi-disant larges concertations sous-tendues par un mépris arrogant du Syndicat et des décisions à la petite semaine. Signes d’épuisement ou signes d’une myopie managériale, bien malin qui pourra le dire. Toujours est-il que cela ne laisse pas espérer, si rien n’est fait, un climat apaisé au Trésor public.

Monsieur le Ministre des Finances, ce qui vient d’être dit ne vaut pas le dixième de ce que nous vivons et le Trésor est au bord de l’implosion. Au niveau de la Direction générale, toutes les concertations ne sont que des fuites en avant destinées à contourner les problèmes posés.

En rappel, votre Secrétaire général, sous votre impulsion certainement, a rencontré le 9 mai 2007 dernier, les quatre syndicats (le C-CGTB Finance, le SNAID, le SYNATRAD et le SATB) sur l’harmonisation des conditions et modalités de répartition des fonds communs. De cette rencontre il est ressorti que l’harmonisation n’était pas opportune. Le Secrétaire général a pris sur lui l’engagement de contacter le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique, parce que c’est là qu’il y a véritablement problème sur le Fonds commun, afin que des discussions directes et franches avec le syndicat du Trésor aient lieu. Près, de deux semaines se sont écoulées sans le moindre début de dialogue. Pire il semble qu’un nouvel arrêté est en cours de préparation sans la moindre concertation avec le Syndicat qui pourtant a remis la question du système de motivation à l’ordre du jour depuis onze (11) mois maintenant.

Comment comprendre que dans ce climat de ni paix ni guerre, le Directeur général s’échine à vouloir organiser des festivités pour le dixième anniversaire de la réforme intervenue au Trésor public en 1997. Qu’il soit clairement établi qu’au Trésor public les travailleurs n’ont pas la tête à la fête et ils boycotteront cette foire qui n’est qu’un coup médiatique de plus. Notez au passage, Monsieur le Ministre, que les architectes et les ouvriers de la réforme ont été laissés au bord des rails. Le train de la réforme institutionnelle a oublié les hommes et est parti vide. Nous y reviendrons.

Monsieur le ministre, les militants du SATB sont plus que jamais convaincus que seule la lutte par des actions concrètes pourra résoudre dans la durée ce sempiternel problème du Fonds commun.

Il est plus que jamais indispensable que des mesures soient prises afin de satisfaire pour longtemps les revendications légitimes des travailleurs. Toute demi-mesure ne ferait que repousser les problèmes qui menacent dangereusement le climat social et donc le bon accomplissement des missions du ministère des Finances et du Budget. C’est à vous de choisir de quel côté se trouve la justice.

Le SATB vous prend désormais à témoin des problèmes auxquels les travailleurs sont confrontés au Trésor. Nous vous saurions gré des diligences que prendrez pour une issue favorable à nos légitimes revendications. Veuillez recevoir nos sincères cris d’alarme et notre considération distinguée."

Le comité de presse du SATB

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 24 mai 2007 à 14:25, par Siloé En réponse à : > SATB : "Le Trésor public au bord de l’implosion"

    C’est avec une certaine crudité et intelligente précision que cet écrit traite d’un sérieux problème qui fait très froid au dos.
    L’impression qui se dégage est que le Trésor serait pris en otage par un individu et par ricochet, ses familles (biologique, politico-amicale et relationnelle) pour le plus grand malheur des fonctionnaires en général et partant, du peuple burkina-bê en particulier.

    Anecdote pour anecdote, j’ai eu la malchance de croiser un compatriote burkina-bê en tourisme à Paris en mars-avril 2004. Il est fonctionnaire catégorie C du service des Domaines dans le Boulgou. J’ai été choqué d’apprendre de lui-même d’ailleurs, qu’il s’achetait de la liqueur à plus de 400€ (+262.000 francs cfa) la bouteille pour une seule nuit au Crazy Horse /un bordel parisien où on y va par réservation principalement/.
    Information prise, tout indique que ce compatriote dérobait (et le ferait toujours) les cartes d’identités et/ou passeports des autres pour ensuite remplir frauduleusement des documents d’attribution de parcelles (Ouaga, Ouahigouya, Bobo, Tenkodogo,...). Après quoi, il revend tranquillement ces parcelles au plus offrant mais en deçà du prix du marché. En plus de 12 ans, il aurait vendu en moyenne 3 à 4 parcelles par mois. Il aurait investi dans l’immobilier par ailleurs. A chaque lecteur de se faire une idée des pertes pour notre Etat.

    Pourquoi et comment cela à pu se faire jusqu’à ce que cet agent de recouvrement et d’assiette prenne une disponibilité de 2 ans pour une vie de débauche en Occident (paraît-il, aux Etats-Unis) ? Il semblerait que cette pratique est monnaie courante au Domaine/Finance de l’Etat. Vive alors le progrès individuel continu dans une société burkina-bê en implosion... ? C’est pour vous dire que le poisson ne pourri pas toujours par la tête. Dans tous les cas de figures, on ne peut que dire « bravo » au SATB qui dénonce ici ce genre de comportements destructeurs d’autant qu’il vient de la tête du poisson.

    Dans un contexte où on parle de bonne gouvernance, de progrès continu dans une société d’espérance, comment le coeur de notre institution financière peut être dirigé avec autant de mépris d’incapacité et d’irresponsabilité ? Peu importe les tenants et les aboutissants obscurs de cette farce morbide, il convient de recentrer en urgence et surtout correctement les choses dans le respect mutuel pour un meilleur fonctionnement de ce service.

    Autre aspect terrifiant : quelle est l’utilité d’un syndicat sinon que de protéger légalement les intérêts des syndiqués, de son service et partant du plus grand nombre ? De là à ce que ses membres soient menacés d’une manière ou d’une autre, c’est que l’ex général Pinochet de Chili à pu faire des émules de l’ombre dans notre pays. Et cela est vraiment regrettable.

    Les mêmes maux qui caractérisaient nos institutions sous un certain général et par la suite un certain colonel reviennent au galop. Ceci est d’autant plus mauvais pour nous tous, car en guise de progrès continu, nous tournons simplement en rond avec du reste, de plus en plus de difficultés et en prime, une banalisation institutionnelle de la violence.

    De mon point de vue, le SATB réagirait même avec un certain retard. Pourquoi avoir attendu tant de temps ? En effet, n’y a t-il pas eu plus de mal et d’arrogance entre-temps ?

    Est-il trop que le DG du Trésor "soit démissionné" et que des comptes lui soient exigés ? / Vraiment, il y’a de quoi regretter les Tribunaux Populaires de la Révolution.
    Monsieur le Ministre de tutelle,... à vos marques... ; le peuple burkina-bê vous observe.

  • Le 25 mai 2007 à 10:41, par Tianfolakankélén En réponse à : > SATB : "Le Trésor public au bord de l’implosion"

    Vous nous emmerder !! On comprend maintenant pourquoi vous êtes zélés quand il s’agit de taper les amandes sur les citoyens. Donc vous vous les partager entre vous après ??? Mr le Ministre, il faut les taper copieusement, cette bande voleurs et de malfrats. Au lieu de donner cet argent à l’Etat, vous vous le partagez entre vous ??? Bandes de singes et de voleurs et vous osez faire des réclamations ?!!

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