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Campagne cotonnière 2007-2008 : Des producteurs de Bakata jettent l’éponge

Publié le mardi 22 mai 2007 à 08h12min

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Face à la baisse du prix du kg de coton et à la hausse du coût des intrants, agricoles des contonculteurs de Bakata ont fait savoir à une délégation de la Société burkinabè des fibres et textiles (SOFITEX) le 18 mai 2007, leur décision d’arrêter la culture de l’or blanc, de réduire leur surface de production.

"Venez reprendre vos engrais et semences. Nous n’en voulons plus". Ces propos expriment le ras-le-bol d’un Groupement de producteurs de coton (GPC) du département de Bakata dans la province du Ziro. Et ce, faisant suite à l’annonce de la baisse du prix d’achat producteur du coton et à l’augmentation du coût des intrants agricoles pour la présente campagne. Le 18 mai 2007 à Bakata, certains cotonculteurs ont estimé qu’ils ne pouvaient plus continuer à produire du coton dans de telles conditions.

Des discussions, il est ressorti que la campagne écoulée a été difficile pour les producteurs et cela pour plusieurs raisons : la longue saison des pluies a détruit une partie de la production ; l’évacuation du coton et le paiement des producteurs ont accusé du retard. Les contonculteurs qui comptaient sur cet argent pour se marier, s’acheter des motos, organiser des funérailles ou pour se rendre à La Mecque, ont été désabusés. A ces motifs de découragement s’ajoute pour la présente campagne, la baisse du prix du kg de coton. La crise du coton bat son plein au Burkina Faso. Que faire ? La SOFITEX est consciente des difficultés que vivent les cotonculteurs.

D’où l’organisation de missions à travers le pays pour échanger avec les producteurs de coton afin de trouver des solutions pour faire face à la mauvaise passe : "Nous sommes venus pour instaurer un dialogue direct avec vous. Nous sommes des partenaires et donc, nous devons rester unis face à la crise", a dit d’entrée, Innocent Yago, inspecteur à la SOFITEX et chef de la mission du jour.

A Bakata, la nouvelle de la baisse du prix du kg de coton et de la hausse du prix des intrants a été dans l’ensemble mal accueillie. Du coup, on a vu se former deux groupes de producteurs. Le premier regroupant ceux qui ont décidé d’arrêter la culture du coton. Le deuxième camp constitué de ceux qui veulent poursuivre tout en réduisant leurs superficies afin de minimiser les charges.

A ces derniers, les agents de la SOFITEX ont prodigué des conseils pour une bonne productivité : "je préfère de loin celui qui produit 4 tonnes sur 2 hectares à celui qui produit 4 tonnes sur 4 hectares". La SOFITEX souhaite que la réduction des superficies n’entraîne pas une réduction de la production. L’objectif pour la présente campagne est de produire de 600 000 tonnes de coton.

Pour y arriver, il va falloir que les producteurs respectent scrupuleusement les consignes de production. Un appel a été lancé pour un recours à la fumure organique afin de réduire la dépendance vis-à-vis des engrais chimiques plus coûteux. Aussi, la SOFITEX est convaincue que l’introduction de la culture du coton OGM à grande échelle sera bénéfique aux producteurs. La culture du coton OGM est moins exigeante en termes de traitement chimique.

Pour M. Yago de la SOFITEX, la situation est grave certes mais elle n’est pas désespérée. La recapitalisation de la société par un apport de 34,4 milliards de francs CFA, les négociations pour la suppression de la TVA sur les frais de transport du coton, la caution de 50 milliards de F CFA que l’Etat va souscrire auprès des différentes banques sont autant de pistes de solutions qui augurent de lendemains meilleurs pour la culture du coton.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)


Les acteurs apprecient

Tedi Gérard Banao, secrétaire de l’Union départementale des producteurs de coton de Bakata : "A Bakata, les populations se sont investies dans la production du coton. Cela se manifeste à travers l’augmentation des superficies, des rendements, etc. Le côté déplorable est que la SOFITEX ne respecte pas ses engagements : les délais de paiement, les délais d’évacuation des productions, etc. Pour le cas de Bakata, à peine les premières pluies tombées que la zone devient inaccessible. L’évacuation du coton devient donc difficile.

Pour la présente campagne, la baisse du prix du coton et la hausse du prix des intrants ont découragé plus d’un producteur. Certains ont même pris la décision de ne plus produire du coton. Parmi eux, il y a des semeurs de troubles qui ne sont pourtant pas de grands producteurs. Nous allons au niveau de l’Union, initier une campagne de sensibilisation sur la crise du coton. C’est une situation ponctuelle car des solutions sont en train d’être recherchées. La culture du coton a fait du bien à notre zone. Des producteurs ont pu se construire des maisons, acheter des motos. Les producteurs se sont également organisées pour la construction d’infrastructures telles que les logements des enseignants, le CSPS... En toute franchise, arrêter la culture du coton à Bakata ne peut qu’avoir des répercussions néfastes".

Innocent Yago, inspecteur à la SOFITEX : "L’option prise par certains cotonculteurs de ne plus produire du coton constitue une forte déception pour nous. Nous avons dans nos projets, prévu d’installer une usine dans la région. Cette infrastructure à terme, permettra d’atténuer les difficultés de production et de commercialisation du coton. Malgré les déceptions manifestées par les producteurs, nous allons poursuivre la sensibilisation, l’information des producteurs. Nous irons de porte en porte s’il le faut.

Nous allons tout mettre en œuvre pour maintenir et développer la production du coton. La culture du coton est un moyen de lutte contre la pauvreté. La zone de Bakata est une zone importante pour la SOFITEX, le département de Bakata seul est à une production d’environ 6000 tonnes. A cela s’ajoutent celles de Dalo et Bouyoua etc. Cela donne un total d’environ 7000 tonnes. La production peut toujours s’accroître compte tenu des potentialités de la zone. Pour cette campagne, l’objectif de la SOFITEX c’est de produire 600 000 tonnes. Et c’est possible. Il suffit pour cela que les producteurs utilisent la fumure organique afin de minimiser la hausse du prix des intrants. En améliorant leur rendement à l’hectare, ils ne sentiront pas la baisse du prix du coton. Nous sommes de cœur avec les producteurs. La crise actuelle est momentanée. Nous allons rebondir".

Propos receuillis par RAZ


Les nouveaux prix préoccupent à Pâ et à Béréba

Dans le cadre des 25es fora, des équipes de la SOFITEX ont échangé avec les producteurs de la région cotonnière de Houndé, notamment ceux de Pâ et de Béréba respectivement les 15 et 18 mai 2007. Dans ces deux localités, la hausse du prix des intrants au centre des débats.

C’est un sentiment de désarroi doublé d’impuissance qui anime les producteurs de coton du département de Pâ dans la zone cotonnière des Balé. En tout cas, les nouveaux prix d’achat plancher du coton graine portés à la connaissance des producteurs leur ont fait l’effet d’une douche froide et viennent s’ajouter au découragement dû au retard de paiement du coton. On comprend alors toutes les difficultés de l’équipe technique conduite par Djibril Konaté pour faire passer la « pilule ». Il a donc fallu de la sagesse et de l’expérience communicationnelle pour arriver à rassurer les cotonculteurs. C’est un langage de vérité et sincère que les agents de la SOFITEX ont tenu devant les producteurs ce 14 mai. « Le ciel du coton international n’a jamais été aussi brumeux », a laissé entendre Djibril Konaté.

Selon lui, la parité euro-dollar, la flambée du cours mondial du baril de pétrole ont amené les acteurs du coton à opérer un réaménagement des prix. Ce sont ces prix qui ont été proposés aux cotonculteurs. « Des prix réalistes, à la logique du marché », a-t-il affirmé. Aussi,le prix d’achat au kilogramme du coton graine passe-t-il de 165 F CFA pour la campagne 2006-2007 à 145 F CFA en 2007 pour le premier choix et à 120 F CFA pour le deuxième choix. Dans la même foulée, le prix des engrais (NPK et urée) connaît une hausse significative pendant que celui appliqué aux semences a sensiblement augmenté.

En dépit de ce nouveau contexte, le temps n’est pas à baisser les bras, a précisé l’équipe technique qui a, par ailleurs, exhorté les producteurs de Pâ à rationaliser les dépenses et à mieux rentabiliser leur production par l’utilisation de la fumure organique et en suivant scrupuleusement les conseils des agents encadreurs. Il s’agit aussi de semer à temps, d’utiliser l’engrais à bon escient et les pesticides à bonne dose. Les débats à Pâ ont été particulièrement passionnants mais empreints de courtoisie. Chaque partie a dit ce qu’elle avait sur le cœur. A la fin de la rencontre, un optimisme se dégageait : voir ensemble et plus loin et partager les contre-coups de la crise.

A Béréba, les échanges entre la SOFITEX et les producteurs se sont déroulés dans un calme olympien. Le chef de la région cotonnière de Houndé, Arsène Somda a, dans un langage clair et courtois, expliqué aux producteurs les dures réalités que traverse le marché du coton actuellement. De la subvention des producteurs américains à la hausse du prix de l’essence en passant par la chute du cours du dollar américain, les producteurs ont reçu toutes les informations justifiant les difficultés que rencontre leur filière. Celles-ci se manifestent, pour la campagne en cours, par la baisse du prix d’achat du kilogramme du coton graine qui passe de 165 F CFA à 145 F CFA et l’augmentation du prix des intrants (semences, engrais et pesticides).

Mais pour M. Somda, cette « période noire » ne doit pas être source de découragement pour les producteurs. Il les a invités à mettre l’accent sur la rentabilité (produire au moins une tonne à l’hectare), l’utilisation de la fumure organique et une utilisation efficiente des engrais et des pesticides.

Il faut noter que pour la campagne écoulée, la production cotonnière de Béréba n’a pas atteint les résultats escomptés. En effet, sur une prévision de 8000 tonnes, les producteurs n’ont pu avoir que 6500 tonnes. M. Somda a justifié cette situation par un problème de pluviométrie enregistré dans la zone.

Pour les paiements, selon la SOFITEX, seulement quelques GPC n’ont pas encore reçu leur argent. « Mais cela se règlera dans les tout prochains jours », a déclaré M. Somda. En ce qui concerne les prévisions, l’ensemble des acteurs de la filière coton de la région (SOFITEX et producteurs) comptent sur une production d’au moins 95000 tonnes « même si nous allons peut-être assister à une réduction des superficies compte tenu du contexte actuel », a souligné le chef de région. Enfin il exhorté les producteurs à travailler davantage en attendant des « lendemains meilleurs ».

Clarisse HEMA
Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 22 mai 2007 à 16:07, par Le paysan(qui ne semera jamais un grain de coton !). En réponse à : > Campagne cotonnière 2007-2008 : Des producteurs de Bakata jettent l’éponge

    Je l’ai deja dit et je le repete : la culture du coton va lessiver nos sols et pousser nos paysans a la revolte.
    Pourquoi vouloir encourager par tous les moyens nos braves paysans pour qu’ils continuent de produire ce truc dont l’issue n’est pas sure ? Si a la recolte prochaine on dit que le prix a chuté a 100frcs, qu’allez vous leur servir encore comme explications ?
    Ne peuvent-ils pas produire autre chose qui leur apporterait de l’argent ? Les cereales par exemple : meme avec des excedants on peut les vendre sans etre soumis aux conditions draconiennes de la SOFITEX( qui au juste participe aux malheurs de nos pauvres paysans !!!)...Oui il faut le dire:LA SOFITEX PILLE NOS PAYSANS !

    Ceux ci, n’ayant pas d’autres debouchés, sont obligés de se soumettre aux conditions de cette fameus societé.
    CHERS PARENTS, ARRETEZ LE COTON ET CULTIVEZ LE MIL....MEME ROUGE ; AU MOINS ON AURA TOUJOURS A MANGER ET A BOIRE DU TCHAPALO. DECIDEZ VOUS ! REVEILLER_VOUS !!!

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