LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Journée de la presse : Des "Bastille’’ à prendre

Publié le mardi 4 mai 2004 à 07h05min

PARTAGER :                          

Si tout le monde s’accorde à reconnaître que la liberté de la presse fait partie des droits fondamentaux des hommes, son application est la chose la moins partagée. Le 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse est l’occasion de rappeler à l’opinion internationale, les difficultés d’exercice de la liberté de la presse.

- Le jeudi 12 février 2004, au cours d’une assemblée générale des commerçants de Rood-Woko, les journalistes qui couvraient l’événement ont été brutalisés par les agents chargés du maintien de l’ordre : dictaphones arrachés, caméra de la TNB confisquée, appareils-photo retirés, journalistes et personnels d’appui violentés.

- Le jeudi 12 février 2004, un journaliste du journal Le Pays, qui couvrait la saisie de matériel, s’est retrouvé enfermé au commissariat central de police à la demande de l’huissier de justice, Me Selkokla.

- Courant décembre 2003, les directeurs de publication des journaux Bendré, L’Observateur Paalga, l’Indépendant, Le Pays... ont été entendus par le juge d’instruction militaire. Leurs « torts » : avoir publié un rapport de « Reporters sans frontières » qui contenait la déposition du sergent Naon Babou, inculpé dans l’affaire de la tentative présumée du coup d’Etat.

- Le directeur de publication de l’hebdomadaire L’Indépendant a été maintes fois convoqué à la direction générale de la police nationale pour se voir interrogé sur ses sources d’information.

- En Côte d’Ivoire, lors de la manifestation du 25 mars 2004, des journalistes bien identifiés ont été molestés, leurs matériels de travail confisqués voire détruits, des menaces d’assassinats ont été proférées à leur encontre pendant qu’ils collectaient l’information.

- Le journaliste Jean-Hélène a été froidement abattu par un agent de la police ivoirienne, alors qu’il était en train de couvrir un événement dans ce pays.

- En Belgique, courant mars 2004, le correspondant d’un journal allemand, Le Stern, basé à Bruxelles, a vu son domicile et ses bureaux investis par la police, ses ordinateurs volés et saisis, à la recherche de documents « sensibles », pour la police belge.

- Le journaliste franco-canadien, Guy André Kieffer « est porté disparu » depuis plus de trois semaines alors qu’il avait rendez-vous avec ses sources d’information.

- En Irak, de nombreux journalistes, qui couvrent l’invasion américaine, ont été tués. Ce, du fait des troupes américaines qui n’ont pas hésité à tirer sur un hôtel abritant des journalistes.

- En Palestine, quotidiennement, les journalistes, arabes notamment, sont l’objet de tirs à balles réelles par les forces armées israéliennes.

Les menaces qui pèsent sur le travail quotidien des journalistes sont nombreuses et complexes, surtout en ce XXIe siècle dit siècle des technologies, de l’information et de la communication.

Les difficultés d’accès aux sources d’information se multiplient.

Au Burkina Faso, en dépit de l’article 49 du code de l’information, qui stipule que « le journaliste a accès aux sources d’informations », des obstacles de nature administrative, policière, psychologique... se dressent sur les sentiers du reporter. Difficile d’avoir une information dans une administration publique où on vous renvoie du chef de service au directeur, du directeur au directeur général, du directeur général au secrétaire général, du secrétaire à l’introuvable ministre. Cette difficulté est liée à la mentalité du « tout secret » qui caractérise l’administration publique burkinabè ; alors que la même administration prône la bonne gouvernance et la transparence.

Aux manifestations publiques, ce sont les interventions musclées de la police qui viennent comme pour vous dire « circulez, il n’y a rien à y voir ».

Ce sont là autant de « Bastille » à prendre par les journalistes, les directeurs de publication, les défenseurs de la liberté de la presse et des droits humains, les organisations nationales et internationales de la défense de la liberté.

En plaçant la Journée internationale de la liberté de la presse 2004 sous le signe de « Journalisme et accès aux sources d’informations », l’Association des journalistes du Burkina (AJB), la Société des éditeurs de la presse privée (SEP) et le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) veulent interpeller les autorités gouvernementales du Burkina Faso, les organisations non gouvernementales sur les sérieuses menaces qui pèsent sur l’accès aux sources d’information. Nos organisations dénoncent l’enlèvement de Guy André Kieffer et exigent vérité et justice.

Ils leur demandent de prendre les mesures idoines pour que les journalistes accèdent facilement aux sources d’informations afin d’avoir une presse de qualité et un public citoyen. Les journalistes ont un rôle particulier à jouer en faisant simplement leur travail et en dénonçant les différentes entraves à l’accès aux sources d’information.

Fait à Ouagadougou, le 30 avril 2004

Ont signé :

L’AJB : Jean-Claude MEDA

La SEP : Chérif SY

Le SYNATIC : Justin COULIBALY

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique