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Togo : Les élections législatives repoussées au 5 août

Publié le mardi 15 mai 2007 à 07h29min

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Blaise Compaoré et Faure Gnassingbé

Le Comité de suivi de l’Accord politique global intertogolais s’est réuni, lundi 14 mai à Ouagadougou, sous la présidence du facilitateur, le président burkinabè, Blaise Compaoré. Le Comité a fixé les élections législatives au 5 août comme le souhaitait la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Plus de 24 juin. C’est désormais une autre date. Les élections législatives au Togo auront lieu le 5 août prochain. C’est ce qu’a décidé le Comité de suivi de l’Accord politique global entre les protagonistes de la crise togolaise conclu le 20 août 2006. Pour sa sixième session, le Comité de suivi a entériné une décision de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui, pour des problèmes logistiques, techniques, financiers et même humains ne pouvait plus tenir les élections à la date indiquée.

On se rappelle que lors de sa dernière session, le 12 avril dernier, le Comité avait souhaité que le scrutin se tienne le 24 juin 2007. Aujourd’hui, ce Comité constate que malgré les trois mille kits acquis par le gouvernement du Togo auprès de son homologue congolais (RD Congo) en vue de la confection des cartes d’électeur sécurisées avec photos numérisées, le délai reste difficile à tenir. En effet, malgré les bonnes dispositions des uns et des autres, ni la CENI ni l’opérateur belge ZETES chargé de la confection des cartes n’ont les moyens pour respecter
les prévisions.

Concernant les moyens financiers par exemple, le budget prévisionnel a été estimé à dix-sept (17) milliards de F CFA, cinq milliards pour l’Etat togolais et 13,6 millions d’euros pour l’Union européenne (UE). Pour un pays qui ne reçoit plus d’aide internationale depuis plus d’une dizaine d’années, trouver autant d’argent est une sinécure.
De plus, le retour des réfugiés n’est pas encore effectif. Même si on note que 75 % d’entre eux ont pu regagner la patrie, il reste encore huit mille (8 000) togolais réfugiés au Bénin et au Ghana d’après des chiffres de l’Union européenne.

Au cours de cette sixième session, le Comité de suivi de l’Accord politique global a salué le climat d’apaisement, de décrispation sociopolitique qui prévaut au Togo depuis la signature de l’Accord. Le Comité a aussi relevé la poursuite des réunions hebdomadaires de concertation entre le gouvernement et la CENI, la prise d’un décret mettant en place un Conseil national de concertation et de dialogue politique, et la réduction du montant de la caution pour le dépôt des candidatures aux élections législatives comme des avancées notables. A ce niveau, le gouvernement a décidé de réduire la caution des femmes candidates à la députation de 25 % par rapport à celle des hommes. Par ailleurs, le Comité de suivi a salué la formation d’éléments devant servir à la sécurisation des élections et la mise en place d’un mécanisme d’alerte en matière de sécurité des élections.

Des attentes du Comité

Nonobstant ces progrès, le Comité a rappelé aux partis politiques et à la société civile l’importance pour eux de respecter le code de bonne conduite annexé à l’Accord du 20 août 2006 signé à Lomé. Il estime, en effet, que le respect de ce code est une condition sine qua non pour la tenue d’élections législatives apaisées, libres et transparentes. Le gouvernement a particulièrement été invité à associer tous les partis politiques et les organisations de la société civile au processus de paix, en vue de susciter une plus grande compréhension et une large adhésion au code de bonne conduite de leur part.

Pour ce qui concerne la recomposition de la Cour constitutionnelle telle que prévue par l’Accord ou encore du traitement de la question de l’impunité, du programme de délivrance des cartes d’identité, ainsi que du retour déjà amorcé des réfugiés, le Comité a demandé qu’un rapport exhaustif lui soit fait par le gouvernement togolais à l’occasion de sa prochaine session fixée au lundi 11 juin prochain.

Par ailleurs, les partenaires techniques et financiers du Togo ont été invités à mettre à la disposition de la CENI, “sans délai”, les moyens techniques, financiers et logistiques nécessaires au respect du chronogramme.
Outre le chef de cabinet du président Faure Eyadéma, Pascal Bodjona qui a représenté le Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir) tous les autres signataires de l’Accord politique global ont pris part à cette session présidée par le président Blaise Compaoré, facilitateur du dialogue intertogolais. Le président de la CENI, Tozin Potopéré a également pris part aux discussions et a fait le point des préparatifs de l’organisation des élections.

Le représentant de l’UE pour le Ghana et le Togo, Felipe Sebregondi ainsi que le délégué de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour le Togo, Maï Maga Boukar ont pris part à la rencontre. Du côté du facilitateur, le président du Faso était assisté de son conseiller politique, Yssouf Sow, de son ministre de la Sécurité Djibrill Bassolé et du chef de la diplomatie, Youssouf Ouédraogo accompagné de trois de ses collaborateurs.

Romaric HIEN


A l’épreuve du terrain

L’information principale qui se dégage de la VIe session du Comité de suivi de l’Accord politique global intertogolais, c’est que les élections législatives prévues initialement pour se tenir le 24 juin 2007, auront désormais lieu le 5 août 2007.

Cela, comme l’a relevé la CENI togolaise en raison “des contraintes techniques, logistiques, financières et humaines dont la levée s’avère indispensable pour la bonne exécution du processus électoral”.

Ce qui revient à dire que malgré la bonne volonté et la foi ardente dont les parties au dialogue ainsi que le facilitateur ont fait montre jusqu’à présent, la réalité du terrain commande d’aller à petits pas comptés et sûrs, pour éviter d’aboutir à une paix bâclée au Togo. Le même constat s’impose du reste dans le cas de la Côte d’Ivoire, où le chronogramme a pris quelques retards. Il s’agit, dans le cas ivoirien, de contraintes “administratives” (mise en place des cabinets ministériels, redéploiement de l’administration) mais aussi, il faut le dire, de la peur qui hante certains milieux.

Les milices dont le désarmement doit bientôt être mis en chantier se sont, pour certaines, rendues coupables d’exactions et de faits qui ne peuvent être amnistiés dans l’entendement de l’ONU. D’où la frilosité si ce n’est la réticence qu’elles observent, l’épée de Damoclès de la prison planant sur leurs têtes. Cela commande peut-être une approche moins pénale de ces crimes, leur réparation civile apparaissant comme la solution idoine. La paix a un coût, et, si la Côte d’Ivoire doit passer par là, il faudra raisonnablement faire fi de tout angélisme.

Dans le cas du Togo, on n’en est pas encore à ces extrémités, même si là aussi, certaines pesanteurs imposent d’aller “mollo-mollo”. Le pays vient de loin et la démocratie ne pourra être une réalité par un coup de baguette magique. Certains milieux doivent être “travaillés au corps” et dans l’esprit pour les amener à adhérer à l’ordre nouveau.

Faure Gnassingbé, sans être l’otage de son camp, n’en doit pas moins lui donner des gages quant à sa survie au cas où... Dans le camp d’en face aussi, les appréhensions ne manquent pas, certains conjecturant jusqu’à présent sur la “nature” du pouvoir togolais. Démocrate ou pas, telle est la question, laquelle empêche jusque-là certains togolais de rentrer au pays. Pour autant, des signes encourageants existent, avec la disponibilité de l’UFC à participer au processus de pacification ainsi que le flux de réfugiés massif qui rentrent au pays. Il faut donc donner du temps au temps et ouvrir les vannes financières pour permettre au Togo de parfaire sa “mue”. La patience du facilitateur et sa connaissance des deux dossiers laissent augurer qu’en dépit de toutes ces difficultés, ceux-ci connaîtront un aboutissement heureux. On croise les doigts.

Boubacar SY

Sidwaya

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