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OMC : Trouver une règle compatible avec la réduction de la pauvreté

Publié le jeudi 10 mai 2007 à 08h15min

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Une véritable course contre la montre est engagée pour éviter l’échec du cycle de Doha, lancé en 2001 dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, et visant à prendre en compte le développement des pays pauvres dans les échanges mondiaux.

L’impatience des pays du Tiers Monde a suscité une mobilisation internationale qui se veut parfois alarmiste, même si au siège de l’OMC à Genève, en Suisse, on estime que les options restent ouvertes malgré la difficulté des négociations.

Le directeur général de l’OMC, le Français Pascal Lamy a plusieurs fois tiré la sonnette d’alarme notamment lors des réunions de printemps, à la mi-avril, de la Banque mondiale et du FMI à Washington. Il a déclaré que si la situation des négociations commerciales ne change pas rapidement "les gouvernements devront affronter la déplaisante réalité d’un échec. (...) Je ne suis ni optimiste ni pessimiste. Je suis activiste, car le monde - et notamment les pays les plus pauvres - a besoin de cet accord pour poursuivre son développement", a-t-il affirmé dans une récente interview au quotidien français Le Monde. Le blocage porte essentiellement sur les tarifs douaniers et les subventions agricoles.

Des réunions sur le dossier agricole ont eu lieu à New Delhi en avril 2007 entre les quatre grandes puissances commerciales connues sous le nom de G4 (Brésil, Inde, Etats-Unis et Union européenne) sans toutefois aboutir à une position commune, les Américains étant les plus intransigeants.

Le commerce mondial doit offrir des débouchés aux plus pauvres

De son côté, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui s’est rendu à un Forum sur la démocratie, le développement et le libre-échange organisé précisément à Doha, au Qatar, a souligné l’interdépendance de ces trois notions et leur rôle dans le développement. "Les relations positives entre le libre-échange et le développement sont bien établies. Les avantages du commerce sont plus évidents que jamais avec la facilité des voyages, des transports et des communications que nous offre le monde moderne.

C’est pourquoi, il est si important que les négociations commerciales de Doha aboutissent. Le commerce mondial doit offrir des débouchés aux pays les plus pauvres au lieu de les désavantager", a-t-il dit avant d’avertir : "Si le cycle de négociations commerciales échoue, les dégâts seront considérables pour ceux qui sont le moins en mesure de les supporter, pour le système commercial multilatéral et pour le multilatéralisme lui-même".

Le Secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a pour sa part souligné devant le Comité de développement de la Banque mondiale et du FMI, le 15 avril, l’importance, tant pour les pays pauvres que pour les pays avancés, d’une bonne conclusion des négociations commerciales multilatérales.

Chantre du libéralisme économique, il a affirmé que "le meilleur moyen de réduire la pauvreté et d’augmenter le niveau de vie de la population consiste à ouvrir davantage l’économie sur l’extérieur, de sorte qu’un plus grand nombre de personnes puissent bénéficier de l’expansion de l’économie mondiale". Il a fait remarquer que les pays en développement qui avaient libéralisé leur commerce avaient enregistré une forte réduction de la pauvreté et une croissance notable.

Il a cité à cet égard plusieurs pays asiatiques et le Mexique. "Nous comptons, a-t-il dit, collaborer étroitement avec tous nos partenaires en vue de réaliser notre but commun, à savoir, créer les conditions et les possibilités pour que les pauvres du monde entier puissent améliorer leur niveau de vie et sortir de la pauvreté".

Un allié important dans la FAO

Les pays pauvres, notamment africains, ont trouvé un allié important dans la FAO qui, tout en reconnaissant que la réforme de la politique commerciale agricole multilatérale vise à stimuler le commerce et la croissance économique, souligne que toute nouvelle règle commerciale devra être compatible avec le premier des Objectifs du développement pour le Millénaire (ODM), à savoir, réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2015.

Dans son rapport annuel portant sur La situation des marchés des produits agricoles 2006, la FAO estime que si certains pays en développement sont déjà hautement compétitifs en matière d’exportation de produits agricoles, "plusieurs pays à faible revenu, notamment en Afrique subsaharienne, sont moins bien placés pour profiter à court ou à moyen terme d’une libéralisation des échanges offrant un meilleur accès aux marchés d’exportation ou d’une plus large ouverture de leurs propres marchés".

Le rapport souligne que "les pays en développement restent convaincus que le Cycle de Doha devra dûment tenir compte de leurs situations et de leurs besoins particuliers".

Selon la FAO, la principale préoccupation des pays africains est que si leurs secteurs agricoles ne sont pas compétitifs, les réductions tarifaires qui accentuent leur exposition à la concurrence des importations peuvent porter un grave préjudice à la croissance agricole, à la sécurité alimentaire, aux revenus et à l’emploi.

"Non seulement certains pays en développement ne tireraient pas profit de la libéralisation du commerce, mais dans certains cas, ils pourraient en être sérieusement affectés et naturellement, ils y voient une menace pour leur production agricole et leur sécurité alimentaire", estime un responsable qui met l’accent sur la nécessité d’un traitement "spécial et différencié" pour certains pays pauvres.

Pour le moment, les Africains, qui redoutent d’être "largués" dans ces négociations, tentent d’obtenir de l’Union européenne, des soutiens concrets pour la période allant au-delà de l’expiration des dérogations dont ils jouissent encore dans le cadre des accords actuels.

Marie Joannidis (MFI)

Le Pays

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