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Sarkozy sur l’ile de Malte : Des vacances en mer qui font des vagues

Publié le jeudi 10 mai 2007 à 08h24min

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Après avoir quelque peu snobé Jacques Chirac (à moins qu’il n’ait pas voulu lui faire de l’ombre) lors de la commémoration le 8 mai dernier du 62e anniversaire de la fin de la 2e Guerre mondiale, Nicolas Sarkozy est redescendu sur terre au propre comme au figuré.

Depuis son élection le 6 mai 2007, avec une majorité confortable de 53%, il était en effet dans les nuages, ou si vous préférez sur l’eau, pour se remettre de plusieurs mois et même de plusieurs années de campagne ; ainsi que pour méditer sur sa future fonction et se préparer psychologiquement à l’exercer. Il est en effet allé s’évader au large de l’île de Malte.

On l’a ainsi vu faisant du jogging sur les plages maltaises, bien entouré par la sécurité présidentielle, et poser sur un yacht avec son petit Louis.

Bien entendu, Cécilia et ses deux filles étaient également de la virée maritime. C’est donc un président frais émoulu, réquinqué, même si, selon ses proches, cette retraite était studieuse, qui est rentré hier pour préparer la passation de service avec son prédécesseur et poursuivre les tractations en vue de la formation de son premier gouvernement.

Mais il devra d’abord affronter la vague soulevée en France par sa randonnée maritime à bord d’un bateau de son ami Bolloré.

Ses adversaires politiques et nombre de ses compatriotes ont en effet été outrés par la débauche de luxe de celui qui vient d’être élu 6e président de la 5e République. Et de se demander si c’est le contribuable français qui va trinquer.

En vérité, il y a beaucoup de polémique politicienne dans cette affaire. Peut-on en effet dénier à une personnalité comme Nicolas Sarkozy, qui est loin d’être un RMIste, le droit de se payer des vacances somptueuses ?

Intelligent comme il est, il devait forcément se douter que son escapade provoquerait un tollé général et on peut raisonnablement pensé que celui qui veut réduire la pression fiscale, ne l’a pas fait sur le dos de ses concitoyens.

Quant à son goût supposé du luxe, on ne va tout de même pas lui demander de prendre ses quartiers dans une auberge au confort spartiate où même sa sécurité ne sera pas assurée ! Pour tout dire, et pour reprendre Rousseau, il serait injuste et même illusoire que le peuple veuille bénéficier des mêmes droits et avantages que ceux qu’il a librement choisis pour le représenter.

Concédons donc à super Sarko ses dépenses somptuaires. Par contre, que le futur locataire de l’Elysée s’est plastronné à bord d’une embarcation mise à son service par une des grosses fortunes de France fait que l’affaire se corse et est même un peu gênante.

Bien sûr, on ne peut pas lui demander de couper subitement les ponts avec ses « amis de 30 ans », simplement parce qu’ils sont pleins aux as (c’est même une raison de les fréquenter assidûment), mais afficher une telle complicité dès sa première sortie « officielle », est de mauvais goût. C’est bien connu, les liaisons avec les puissances d’argent sont souvent dangereuses surtout quand on est un chef d’Etat, censé être au-dessus des considérations partisanes et des conflits d’intérêts qui ne manquent jamais avec les grands groupes financiers.

Sarkozy, président, pourra-t-il véritablement trancher en toute équité et objectivité dans un problème impliquant les Bolloré, Bouygues ou Lagardère ? On peut en douter.

La comparaison de François Bayrou, candidat malheureux à la présidentielle, est sans doute cruelle, mais il y a un peu de vrai dedans : Nicolas Sarkozy semble être à la France ce que Silvio Berlusconi est à l’Italie, les faceties en moins ; puisqu’il dispose non seulement du pouvoir politique, mais il a aussi entre les mains les grands patrons de presse et les disciples de Mammon. Et c’est ça qui est dangereux.

Mais si malgré tout on devait trouver des circonstances atténuantes à Me Nicolas Sarkozy (1), on pourrait dire que c’est peut-être mieux ainsi que sa sortie ait été scénarisée à grand renfort de journalistes et de paparazzi.

C’est peut-être quelque part un signe de transparence annonciatrice de la « rupture » promise dans la conduite des affaires de l’Etat. Car, que n’aurait-on pas dit, si ces vacances très démonstratives avaient eu lieu dans le plus grand secret et avaient été découvertes bien plus tard ?

L’incriminé président ne dit d’ailleurs pas autre chose quand il déclare à la fin de son farniente maltais qu’il n’a l’intention ni de mentir ni de se cacher et pas davantage de s’excuser. Voilà qui est clair.

San Evariste Barro

Notes : (1) Nicolas Sarkozy est un avocat d’affaires

L’Observateur Paalga

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