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La guerre de Ségolène Royal contre les Médias

Publié le samedi 5 mai 2007 à 12h53min

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Ségolène Royal

Après François Bayrou, éliminé au premier tour, c’est autour de la candidate de gauche, Ségolène Royal de s’en prendre aux médias et aux sondages, accusés d’être de connivence avec son concurrent, Nicolas Sarkozy.

« Je ne suis liée à aucune puissance financière, à aucun système médiatique qui, aujourd’hui fonctionne comme de véritables tracts » a t-elle lancé sur une radio privée, deux jours après le débat télévisé. Allusion aux liens d’amitié qu’entretient le candidat de droite avec Martin Bouygues, propriétaire de TF1 et témoin de mariage du couple Sarkozy, Arnaud Lagardère, PDG du groupe Lagardère, éditeur des magazines Paris- Match, Elle et propriétaire de la radio Europe1, Bernard Arnault, président de l’enseigne de luxe LVMH et propriétaire du quotidien économique La Tribune.

Très remontée contre les médias et les sondeurs qui pronostiquent tous la victoire de Nicolas Sarkozy, elle a appelé les citoyens à voter massivement le dimanche prochain et à « se révolter contre cette façon de faire qui consiste à dire que puisque les sondages ont parlé, les urnes ont parlé ». A vrai dire, sa colère n’est pas injustifiée.

Depuis le début de la campagne, hors mis la période des primaires au Parti socialiste, les médias ont été extraordinairement vigilants à son égard, ne ratant aucune occasion de relever avec un plaisir non dissimulé, ses « gaffes » et ses maladresses plus ou moins volontaires (bravitude, indépendance du Québec et de la Corse). En revanche, vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, on a l’étrange sentiment qu’ils ont été plus indulgents même quand ce dernier en vient aussi à « gaffer » (héritation au lieu d’héritage).

Dès le soir du premier tour et dans les jours qui suivent, sondages à l’appui, les mêmes grands médias n’ont cessé, de parler de manière subliminale, de la victoire de Nicolas Sarkozy comme étant une évidence. En creux, la candidate socialiste est gentiment invitée à déposer les armes et à capituler. Madame, soyez réaliste, à quoi bon vous battre encore, puisque de toute façon, au bout, c’est la défaite qui vous attend ?!

Après le duel cathodique du 2 mai au cours duquel Ségolène Royal n’a pas explosé comme l’avaient prédit les experts en communication politique, que sur certains sujets elle a nettement dominé son concurrent, les résultats d’un sondage furent publiés pour remettre dans le droit chemin certains esprits que sa bonne prestation a pu momentanément égarer.

C’est ainsi qu’au petit matin du 3 mai, tous ceux qui allument leur poste radio apprennent que le candidat de l’UMP a remporté le duel cathodique. Selon l’institut de sondage OpinionWay, « 53% des Français auraient jugé Nicolas Sarkozy plus convainquant ». A quelle moment et dans quelles conditions ce sondage a t-il été fait, sachant que le débat s’est terminé peu avant minuit ?

Cet institut de sondage n’est pas à son premier coup. Le 8 mars dernier, sur France2, Nicolas Sarkozy annonce son intention de créer « un ministère de l’immigration et de l’identité nationale ». Devant le tollé que déclenche son projet, y compris dans son propre camp- Simone Veil, un de ses soutiens n’apprécie pas « cette formule ambiguë »- OpinionWay publie les résultats d’un sondage qui indiquent que 55% des Français seraient favorables à la création d’un tel ministère. Rassuré d’avoir le soutien de près de 35 millions de Français, le candidat UMP renonce à remplacer « identité nationale » par « identité républicaine » comme il l’avait entre-temps envisagé.

La polémique que suscitent les sondages et leur relais dans les médias durant la campagne montre à quel point la formation de l’opinion publique est un enjeu politique dans une société démocratique. A droite comme à gauche, on semble convaincu qu’avoir le soutient de l’opinion, c’est avoir le pouvoir.

Selon la théorie de la « spirale du silence » développée par la sociologue allemande Elisabeth Noëlle-Neumann, la formation de l’opinion publique se construit dans une relation complexe entre la communication de masse et le positionnement de chaque individu par rapport aux opinions des autres. Craignant l’isolement social, l’individu peut être amené à exprimer et à adopter l’opinion qu’il croit être celle de la majorité, et à taire l’opinion qu’il sent minoritaire. Un comportement qui, tout en renforçant l’opinion de la majorité, supprime celle de la minorité, créant une « spirale du silence ».

Dans ce processus, les médias ont une grande part de responsabilité car ils fabriquent le plus souvent ce qui devient l’opinion publique dominante. A en croire les médias et les sondages, plus de la majorité des Français a déjà choisi depuis des mois Nicolas Sarkozy comme président de la république. Quelle sera le comportement de la « minorité » demain ? Va t-elle refuser le conditionnement psychologique, « le formatage des sondages » ou tomber dans la « spirale du silence ?

Joachim Vokouma
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 5 mai 2007 à 13:26 En réponse à : > La guerre de Ségolène Royal contre les Médias

    L’auteur de cet article ne connait visiblement pas bien les Français

  • Le 5 mai 2007 à 14:41, par José En réponse à : > La guerre de Ségolène Royal contre les Médias

    Bravo pour votre article bien documenté que je vais faire connaître autour de moi et qui m’ouvre des pistes pour m’informer.

    A mon tour, je vous suggère aussi l’ Expérience de S.E Asch en 1951-1955 : l’influence d’un groupe peut affecter le jugement d’un individu de ce groupe à propos d’une situation : sous l’influence d’un groupe ayant reçu la consigne d’influencer, le nombre d’étudiants "naïfs" commettant une erreur de perception est passé de 1% sans influence à 37% après influence par un "groupe manipulateur".
    Merci encore.
    JM

  • Le 5 mai 2007 à 14:55 En réponse à : > La guerre de Ségolène Royal contre les Médias

    Je regrette mais vous n’etes absolument pas objectif. Je suis de gauche et j’ai toujours voté PS (sauf helas en 2002), mais force est de reconnaitre que mme Royal est une erreur de casting. Je trouve au contraire que les médias ont été trés indulgents envers elle et ne parlaient jamais vraiment de son incompetence manifeste. Les bourdes qu’elle a commises sont incroyables pour une personne prétendant à la plus haute charge de l’état. Sarkozy n’en a jamais commises de ce niveau la, il faut hélas le reconnaitre. Quant au débat télévisé parlons en, on voyait nettement la différence de stature entre les 2 candidats. Elle a montré sa méconnaissance des dossiers économiques. Elle ne répondait jamais vraiment aux questions, restait vague sur son projet et ne disait jamais comment elle comptait faire, jusqu’à refuser de chiffrer sa taxe sur les salaires boursiers...j’étais vraiment attérée que le PS ait pu commettre une erreur pareille. Voila, je suis dégoutée que le PS perde une fois de plus.

  • Le 5 mai 2007 à 15:14 En réponse à : > La guerre de Ségolène Royal contre les Médias

    Bon article !

  • Le 5 mai 2007 à 16:58, par Lefaso.net En réponse à : > La guerre de Ségolène Royal contre les Médias

    Très bon article. Même si sarkozy s’était contenté d’aller s’asseoir sans ouvrir la bouche, les médias auraient fini par conclure que c’est lui le vainqueur. Il faut être sourd et aveugle pour ne pas comprendre cela.

    Ce qui m’étonne, c’est que dans un grand pays comme la France, on en arrive à de telles situations... La France est-elle maudite pour confier son destin à un tel homme ? J’attends demain pour le savoir !!!

  • Le 5 mai 2007 à 21:16, par Dominique C En réponse à : > La guerre de Ségolène Royal contre les Médias

    Personnellement je trouve cette accusation à l’encontre des médias un peu abusive :

    - Je note que, comme par hasard, ce sont les "perdants" qui crient à la manipulation ;

    - Il est curieux aussi que ce thème arrive sur la place publique maintenant. Mme Royal n’a pas trouvé de partialité lors des "primaires" socialistes où elle était "enscencée" par les journalistes et les sondages ?

    - M Sarkozy, qui serait le grand manipulateur, a très largement était attaqué et caricaturé : je n’ai vu aucune une de gros quotidien ou hebdo qui ait été ouvertement "anti-Ségolène" (même le Figaro n’a pas fait ça !!!) alors que Marianne à fait un numéro spécial propagande titré "Le vrai Sarkozy, ce que les grands médias nous cachent", Libé a eu une une "l’inquiétant monsieur Sarkozy", etc.

    - Je note aussi qu’ "à chaud", les commentaires de tous les journalistes sur le face-à-face ont été assez équilibrés, chacun supportant son poulain ou déclarant match nul. Ce n’est que quelque temps après, une fois l’opinion des citoyens remontée que ceux-ci ont commencé à relater ce fait : Sarkozy ressenti comme le gagnant de l’affrontement.

    - Affirmer que parce qu’il y a des capitaux de grands groupes dans les médias alors les journalistes ne sont pas indépendants relève de la caricature. Oui il y a sans doute des dérapages de temps en temps, et le fait qu’on en parle prouve justement que globalement notre système fonctionne ! Je rappelle aussi que Rotchild a des parts dans le journal l’Humanité. Ce financier bride-t-il la ligne éditoriale communiste ?

    - Dernier point fondamental : est-il réaliste de demander de ne pas parler/faire des sondages parce qu’ils pourraient biaiser les opinions à l’heure d’Internet ? Le mieux est l’ennemie du bien.

  • Le 6 mai 2007 à 10:27, par un viet En réponse à : > La guerre de Ségolène Royal contre les Médias

    Voter Sarko serait juste un formatage due aux medias et voter Sego serait un vote intelligent et independant de toute pression mediatique. Quelle simplification manichéenne que cette article !!!

    Vous oubliez toute cette campagne anti Sarko qui le presente comme un monstre, un risque, un danger et meme plus. Il parait que la democratie est en péril si il arrivait au pouvoir. N’oublier pas que Hitler a été élu démocratiquement peut on lire en évoquant Sarko !!! Les medias français ont été loin d’etre tendre avec Sarko "l’americain", "le Bush doublé d’un Berlusconi".

    Vous oubliez que les medias et les sondages etaient tres favorables à Sego avant qu’elle n’ouvre la bouche avant les primaires du PS.

    Vous oubliez tous ces peoples et journalistes qui font l’opinion et qui se croient garant de "la bonne pensée". De Yannick Noah à Laurent Ruquier la liste serait trop longue pour les citer tous.

    Vous obliez tout simplement que Sego a été carrément la plus nulle des candiats de gauche depuis le début de la cinquieme republique.
    - Elle n’a aucun avis sur rien. C’est les partenaires sociaux et les referendums qui gouverneront. Je me demande à quoi sert un president quand on entend ça.
    - Elle n’ecoute personne à commencer par les gens de son propre camp.
    - Elle est nulle en economie. " la croissance resoudra tout. Chomage, equilibre des retraites, equilibre de la securité sociale, equilibre des budgets de l’etat" et comment elle arrivera à la croissance ? EH BEN HEU.... Le seul qui a repondu à la question est DSK. " quand nous arriverons au pouvoir, l’economie française aura confiance et donc confiance=croissance". CQFD. Au moins, on ne peut pas dire que le programme socialiste est difficile à comprendre.
    Face à la concurence mondiale, face à nos déficite, ne changeons rien, la croissance que nous allons engendrer par magie va tout resoudre.

    Alors si SEGO perd les elections dans 10 heures, elle n’a qu’a s’en prendre qu’à elle meme.

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