LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Sory Ibrahim ZERBO : « La corruption n’est pas un fait de la justice, c’est un phénomène social et elle dépend de chaque individu »

Publié le mercredi 16 mai 2007 à 08h06min

PARTAGER :                          

Crée en 1999 et aujourd’hui dirigé par maître Sory Ibrahim ZERBO, par ailleurs greffier en chef du Conseil constitutionnel, le Syndicat national des agents de la justice s’est donné entre autres pour mission de permettre à tous les agents publics travaillant au ministère de la justice de « prendre position sur toutes les questions relatives à l’organisation et au fonctionnement des services judiciaires ».

Quoi de plus normal alors que de recueillir son avis dans un dossier qui fait justement le point sur la justice burkinabè ? Nous avons donc rencontré son secrétaire général à cet effet.

Maître Sory Ibrahim ZERBO, en tant que Secrétaire général du Syndicat national des agents de la justice, quel regard portez-vous sur le fonctionnement de la justice burkinabè ?

Maître Sory Ibrahim ZERBO :

En tant qu’acteur de cette justice, je ne peux pas m’asseoir sur une branche et puis la scier mais ce sont les hommes qui font la justice. La justice ne peut pas répondre aux attentes du peuple parce que les hommes eux n’étant pas parfaits, c’est sûr qu’il y a des disfonctionnement liés d’abord aux acteurs eux-mêmes. Comme le disait Laurent Bado, dans tout groupe social, la proportion des imbéciles est constante. Il y a des bons mais il y a aussi de mauvais éléments. Ce qui fait que la justice est décriée. Mais ça commence à aller mais il y a toujours des mauvais éléments qui font que la justice est toujours décriée surtout quand la politique se mêle de la justice, il y a problème à mon avis et je crois que la politique a effectivement gagné la justice.

Quelle est selon vous, la responsabilité des acteurs dans certains disfonctionnements de la justice ?

Maître Sory Ibrahim ZERBO :
Dans ce disfonctionnement notre responsabilité il me plait de dire que la justice est une chaîne où des hommes à compétences multiples et diverses jouent chacun leur rôle. Si nous, agents de la justice, nous n’avons pas les mains libres pour travailler et accomplir par exemple les missions qui sont assignées à nous les greffiers. Si le greffier est en train de travailler et le magistrat vient fourrer son nez dans ce qu’il fait alors que chacun a son rôle. Si on respecte le principe que chacun a sa place dans la chaîne de la justice, les choses iront bien. Je crois que le manque de formation du personnel de justice contribue pour beaucoup dans certains disfonctionnement de la justice.

Quand on parle d’impunité et de corruption par exemple, est ce que vous vous sentez particulièrement interpellés ?

Maître Sory Ibrahim ZERBO :
Je voudrais vous dire que la corruption n’est pas un fait de la justice, c’est un phénomène social et elle dépend de chaque individu, de son éducation de base. Je ne peux pas vous dire aujourd’hui qu’il n y a pas de corruption à la justice. Il y a certainement des corrompus à la justice. Quant à l’impunité, c’est un terme en vogue à la justice depuis les dossiers politiques mais les magistrats aussi font de leur mieux pour sortir les dossiers.

Quelles actions doivent être entreprises selon vous pour rendre la justice burkinabè plus efficace ?

Maître Sory Ibrahim ZERBO :
Ce qu’il faut entreprendre aujourd’hui, c’est un travail de conscientisation réelle et les plus hautes autorités du ministère de la justice doivent sévir en cas de manquement parce que si nous sommes débarrassés de ces mauvais éléments, il va s’en dire qu’on ne nous parlera pas de corruption ou d’impunité. Mais au-delà de cet aspect, je pense qu’il faut former les acteurs parce que comme vous le savez, le droit évolue. Pour cela, il faut outiller les acteurs.

C’est vrai que le PADEJ le fait de même que le ministère depuis un certain temps, mais ce n’est pas suffisant. Il faut sortir pour aller voir comment ça se passe ailleurs. Les magistrats sortent mais c’est plutôt rare pour les greffiers alors qu’i faut leur donner l’occasion d’aller voir ce qui se passe dans d’autres pays et ainsi renforcer leur capacité au service de la justice burkinabè.

Et pour clore cet entretien ?

Maître Sory Ibrahim ZERBO :
J’invite l’ensemble des acteurs de la justice à prendre conscience de leur rôle parce que voyez-vous, la justice ne doit pas être un objectif pour les acteurs de la justice mais un moyen de servir la communauté et la société. C’est parce que précisément, il y a la société et la communauté que nous nous sommes là. C’est comme l’hôpital, personne ne s’y rend sans être malade. Quant on va à la justice, c’est parce qu’on un problème qu’on veut voir régler.

Déjà que nous ne sommes pas connus, nous ne devons pas faire peur. Nous devons donc bien accueillir ceux qui viennent vers nous car l’accueil est fondamental. C’est pourquoi, je demande aux autorités du ministère de la justice d’inscrire cela dans les attributions des greffiers. Si toutes ces propositions sont prises en compte c’est serait un grand pas de fait pour la justice burkinabè, voire pour toute la société.

Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 16 mai 2007 à 22:03 En réponse à : > Sory Ibrahim ZERBO : « La corruption n’est pas un fait de la justice, c’est un phénomène social et elle dépend de chaque individu »

    Me Zerbo, il est facile de detecter votre sincerite dans cette interview qd bien meme en tant qu syndicaliste, j’aurais prefere que vous alliez un peu plus loin. Une affirmation que je trouve un peu laconique et (excusez-moi) a la limite naive est qd vs dites : "Je voudrais vous dire que la corruption n’est pas un fait de la justice, c’est un phénomène social et elle dépend de chaque individu, de son éducation de base. Je ne peux pas vous dire aujourd’hui qu’il n y a pas de corruption à la justice. Il y a certainement des corrompus à la justice".
    En amont je vous donne raison. Seulement, et en aval, c’est a cause de cette imperfection inherente aux hommes que la justice institutionnelle a ete creee pour parer aux lacunes de la justice morale a laquelle vous faite allusion. e vous aurais donc mieux compris si vous clamiez que vue l’ingerance nocive du politique et de la politique dans le judiciaire, il ne vous est pas aise de travaille librement. Croyez vous que dans un systeme serieux, unmagistrat fut-il connecte politiquement ose s’ingerer dans lea affaires du greffier ? Cela veut dire minimiser et meme renier la raison d’etre du greffier dont le magistrat n’a aucune idee du substrat de la formation. Donc, tout en reconnaissant vos efforts, je dirai que "c’est bien mais c’est pas arrive".

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Justice : De nouvelles outres, en attendant le vin nouveau
Greffiers d Burkina : Un nouveau bureau pour le syndicat
Entraves à la justice : Une session extraordinaire en octobre
Ministère de la Justice : Le cabinet et le SAMAB se concertent
Cour des comptes : Aller au-delà des contrôles classiques