LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Election présidentielle au Mali : Peu de place au suspens

Publié le vendredi 27 avril 2007 à 08h19min

PARTAGER :                          

C’est après-demain, 29 avril 2007 que les maliens iront aux urnes pour choisir leur président de la République pour les cinq années à venir. Huit candidats sont en lice dans la course pour le palais de Koulouba. Zoom sur les forces en place et les enjeux d’une élection présidentielle.

L’élection présidentielle malienne dont le premier tour est prévu pour ce dimanche 29 avril 2007, met en opposition deux forces politiques. Il s’agit de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) qui est une coalition de plus de 40 partis politiques et de nombreuses associations autour du président sortant, candidat à sa propre succession Amadou Toumani Touré (ATT).

En face du camp présidentiel se dresse le Front pour la démocratie et la république (FDR) qui regroupe une vingtaine de partis politiques autour de candidats à même de bousculer ATT dans les urnes.

Les candidats ont essentiellement pour noms : Ibrahim Boubacar Kéïta du Rassemblement pour le Mali (RPM), actuel président de l’Assemblée nationale, Tiébélé Dramé du Parti pour la renaissance nationale (PARENA), Soumeylou Boubèye Maïga de Convergence 2007, Mamadou Bakary Sangaré de la Convention sociale démocrate (CDS Mogotiguiya).

Trois autres candidats dont Mme Sidibé Aminaté Diallo, première femme à briguer la magistrature suprême, complète le nombre de présidentiables maliens à huit. Pour les deux grands camps, qui s’affrontent, les ambitions ne sont pas les mêmes.

L’Alliance autour du général président ATT s’est fixée pour objectif, d’offrir un second quinquennat à leur candidat dès le premier pour : « Takokelen, signifiant « prise unique » en langue Bambara. Du côté du FDR, l’ambition est certes la victoire, mais au second tour. Le Front compte œuvrer à un émiettement des voix au premier tour pour contraindre le président sortant au ballottage. Dans un second tour, le candidat le mieux placé du Front sera soutenu par les autres pour vaincre ATT.

En attendant le verdict des urnes au soir du 29 avril prochain, l’actuel locataire du palais de Koulouba gagne la guerre des pronostics. De façon générale, les observateurs prédisent une victoire de ATT, « au premier tour », pour beaucoup. Une vision légitime, en Afrique voire dans le monde, où les présidents candidats à leur propre succession partent toujours favoris.

Cela s’explique par le fait qu’ils ont des réalisations à brandir devant les populations pour demander encore leur suffrage. Ainsi faut-il l’avouer, ils disposent de plus de moyens financiers, matériels et humains que leurs challengers. C’est le cas de ATT qui a pu s’offrir plusieurs meetings au Mali, comme à l’extérieur.

Il est allé à la rencontre de ses militants de Côte d’Ivoire le samedi dernier d’où il est revenu avec une promesse de 80% de vote en sa faveur. « Le Mali qui gagne » est le message autour duquel ATT a bâti sa campagne électorale. Pour lui, son premier mandat a été d’un succès avec des progrès réalisés dans les domaines de la santé, des infrastructures, du logement, de l’éducation, de l’économie, etc. C’est pourquoi, il demande cette fois-ci, la voix des Maliens pour « poursuivre l’œuvre entamée depuis 2002 ».

Un autre soutien de taille qui dessine une victoire de ATT est celui du président de la Commission de l’UEMOA Soumaïla Cissé, son principal challenger à l’élection présidentielle de 2002. Cela n’est pas de nature à arranger l’opposition qui a perçu un « combattant » de haut niveau. Toutefois, il va falloir compter avec le candidat du FDR, Ibrahim Boubacar Keïta qui avait bénéficié de 21,15% des voix en 2002.

Avec cette expérience, le président de l’Assemblée nationale peut surprendre. Au-delà du combat pour le siège présidentiel, les candidats à l’élection se sont fixés pour défi de travailler à l’augmentation du taux de participation qui a rarement dépassé 30% au Mali. Ce défi risque d’être difficile à relever dans la mesure où le retrait des cartes d’électeur n’a pas suscité l’engouement escompté.

Les Maliens ont traîné les pas « obligeant » l’Etat à décréter la journée du mercredi 25 avril dernier « chômée » et « payée » pour permettre aux électeurs d’aller chercher leur cartes, a-t-on appris . Pas, évident que cela puisse changer grand chose , les populations s’étant montrées peu intéressées par la présidentielle en cours.

Koumia Alassane KARAMA


ATT dans un fauteuil ?

Le 29 avril prochain, les Maliens se rendront aux urnes pour désigner celui que présidera à leurs destinées au cours des cinq prochaines années. Une élection qui, malgré le nombre appréciable de candidats (huit), ne devrait pas être très disputée, le sortant Amadou Toumani Touré et l’actuel président de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boubakar Kéïta se détachant du lot. Mieux, « ATT » devrait triompher sans trop de peine, son challenger n’ayant pas de thèmes de campagne porteurs d’une part et ayant « collaboré » durant cinq ans avec le régime de l’autre.

Sur le premier point, « IBK » a beau fustiger « l’ATTcratie » qui s’est installée à la tête du Mali depuis cinq ans, il n’arrive pas à faire mouche, lui qui ne dispose d’aucune preuve pour étayer les nombreux scandales qu’il évoque. En effet, malgré les rumeurs sourdes sur d’éventuels « gros détournements » intervenus lors de la construction des HLM de Bamako, IBK n’est pas arrivé jusqu’à présent, à prendre un « gros poisson » du régime dans ses filets.

Mieux, ATT a pris les devants, en limogeant le responsable de ce projet qui s’explique actuellement devant les tribunaux du pays. Absence de scandale économique visible, absence aussi de thème politique porteur, le « dossier » touareg étant trop brûlant pour être exploité.

On est mémoratif que lorsque le président malien avait signé une « paix des braves » avec les Touaregs suite à leur dernier mouvement d’humeur, le président de l’Assemblée nationale était sorti de ses gongs pour invoquer une position « capitularde ». Au motif que cette paix avait été signée trop vite et avait amnistie ceux qui avaient posé des actes attentatoires à la sûreté de l’Etat ainsi qu’aux droits humains. Revenir sur le sujet alors que les cicatrices sont toujours visibles s’apparenterait à un « anti-nationalisme ».

Le conflit touareg a en effet, fait trop de morts et n’a pris fin qu’au prix de moult médiations dont celle du président du Faso, Blaise Compaoré. On a donc assisté à une campagne conventionnelle et « soft » qui ne peut que profiter in fine à ATT.

Pour autant, les surprises ne sont pas à écarter au vue de la carrière « d’IBK », véritable maître de la parole jouissant d’une popularité certaine dans nombre de localités du Mali. Son passage à la primature sous Alpha Oumar Konaré y est pour quelque chose, avec la gestion citoyenne qu’il avait eue à l’époque.

L’homme qui se veut être dépositaire de la riche tradition malienne, met subtilement ses origines princières en avant pour séduire ses compatriotes attachés à ces valeurs. Sera-ce suffisant pour emporter leurs suffrages au soir du 29 mai 2007. Wat and see.

Boubakar Sy

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique