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Cybercriminalité : Bréviaire des modes opératoires des nouveaux escrocs.

Publié le samedi 28 avril 2007 à 07h48min

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C’est l’histoire d’un homme qui voulait un télescope. Ingénieur en électronique, Christian Couderc connaît son affaire. Après de longues recherches, il trouve la perle rare sur un site de vente aux enchères. Il s’entretient alors plusieurs fois avec le vendeur pour obtenir toutes les informations. Croit-il.

Finalement convaincu, il transfère 4 000 euros sur un compte Western Union. Il ne verra jamais son télescope. L’appareil s’est évanoui dans la nature, son propriétaire aussi, sans laisser la moindre trace.

L’homme qui voulait un télescope a désormais un site consacré aux arnaques sur Internet, pour tous les malheureux qui, comme lui, se sont laissés prendre. Amateurs de télescopes ou pas. Et visiblement, il y a de quoi faire : « Le réservoir de gogos est inépuisable, et la créativité des escrocs est sans limites », estime Christian Couderc.

Les arnaques sur Internet prolifèrent aussi vite que les nouvelles technologies. D’où la création, en 2000, d’une cellule ad hoc au ministère de l’Intérieur : l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication.

Selon son chef adjoint, le commissaire Fabien Lang, « tout le monde est susceptible de se faire avoir un jour. On vous fait miroiter des affaires en or : évidemment, ça marche ! Sans tomber dans la paranoïa, parce que la part des fraudes reste minime, il faut être extrêmement vigilant ». Une fois tombé dans le piège, il faut bien sûr porter plainte. Même si les procédures sont encore très longues et leurs issues incertaines. En attendant, notre meilleur bouclier anti-arnaque... c’est nous. Et pour se protéger des escrocs en tout genre, autant savoir comment ils opèrent.

La Lune à moitié prix

Les sites de vente aux enchères restent le plus beau réservoir d’arnaques en ligne. « Le volume de transactions est tel, aujourd’hui, les pigeons potentiels tellement nombreux, pourquoi s’en priver ? », interroge Christian Couderc. L’escroc se cache sous un pseudo, offre du matériel flambant neuf pour presque rien, se fait payer, et disparaît... Un jeu d’enfants ! Si simple, d’ailleurs, qu’il suffit de quelques réflexes pour éviter de tomber dans le piège.

Règle n° 1 : « La bonne affaire existe, l’affaire du siècle, non, martèle Christian Couderc. Si le produit vaut moins de la moitié du prix du marché, méfiance. » Règle n° 2 : obtenir le téléphone fixe du vendeur. C’est le seul moyen de remonter jusqu’à lui en cas de problème, puisqu’un portable peut avoir été volé. S’il est malhonnête, il refusera de le communiquer : donc on arrête tout.

Règle n° 3 : pour le paiement, on utilise les services proposés par le site. En cas de fraude, l’usager pourra se retourner contre lui. Ne jamais utiliser les services de Western Union (service de transferts de fonds) pour une transaction commerciale : ça n’est pas leur fonction, et l’identité de la personne qui retire les fonds est rarement exigée au guichet. Impossible ensuite de remettre la main sur elle.

Attention, spam méchant

Les spams (ou mails indésirables) inondent régulièrement les boîtes aux lettres des internautes. Fantastique outil de marketing, c’est, en toute logique, le pied-de-biche favori des Web-voleurs. Pirater le fichier clients d’une entreprise, trouver des adresses électroniques par centaines de milliers, et inonder la planète en deux clics est à la portée de n’importe quel cybercriminel. La règle d’or, évidemment, c’est de ne laisser son adresse mail que dans les cas de force majeure, et d’en inventer de toutes pièces pour les sites commerciaux.

En outre, au risque de rappeler une évidence, lorsque l’expéditeur est un inconnu, on ne clique sous aucun prétexte sur le lien contenu dans le mail. « On fait comme à la maison, on n’ouvre pas sa porte à n’importe qui », rappelle le commissaire Lang. Le danger, c’est que plus les ficelles sont grosses, plus ça marche.

On tire sur la corde sensible

La veuve d’un chef d’Etat africain, son fils, ou son frère, au choix, victimes d’un complot démoniaque, sont dans l’impossibilité de sortir des fonds de leur pays. Ils sont au désespoir et font appel à de généreux internautes, prêts à le faire pour eux en échange d’une commission alléchante. On fonce, appâtés par le gain et/ou pris de pitié...

Dans un premier temps, il faudra simplement verser sur un compte quelques centaines, voire quelques milliers d’euros pour couvrir les premiers frais administratifs : une broutille, compte tenu du jackpot promis... Connue sous le nom de « fraude 414 », l’arnaque est « vieille comme le monde, selon le commissaire Lang, e lle existait déjà en format papier avant l’arrivée d’Internet ».

Une autre version, plus pernicieuse encore, incite l’internaute à participer à une chaîne de solidarité pour une fillette malade, photo à l’appui... D’après le FBI, ces modes opératoires permettraient de récolter plusieurs millions de dollars chaque année.

On joue la carte sécurité

Redoutable de perfection et d’efficacité, le phishing se répand à grande vitesse sur le Web mondial. Un message vous est envoyé par un de vos services en ligne ­ votre banque, la plupart du temps. Un lien vous transfère ensuite sur son site Internet. Une copie, plus exactement. Quasi conforme à l’original. On vous invite alors à mettre à jour vos coordonnées bancaires, bien souvent pour de vagues raisons de sécurité .

Ceux qui se cachent derrière ces faux sites n’ont plus qu’à les utiliser allégrement pour vider votre compte. D’après l’Office central de lutte contre la cybercriminalité, 10 % d’internautes « phishés » s’exécutent. Or, comme le rappelle le commissaire Lang : « Les banques n’utilisent jamais ce procédé pour quelque démarche que ce soit. » Point barre. La bonne nouvelle, c’est que les banques étant impliquées dans ce type d’infractions, les recours sont beaucoup plus efficaces : on finit toujours par vous rembourser.

www.liberation.fr

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