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Nigeria : Une victoire à la Pyrrhus

Publié le mardi 24 avril 2007 à 07h42min

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Toutes les craintes exprimées çà et là à propos de l’élection présidentielle nigériane se sont malheureusement confirmées. Du sang, des larmes, le tout dans une ambiance survoltée de fraudes massives et de corruption, voilà l’image qu’offre aujourd’hui au monde le géant africain.

Un vrai recul démocratique qui montre à l’envi que, dans le fond, Lagos n’a jamais pu se débarrasser de ses démons tutélaires. Les petites parenthèses d’accalmie sous Shehu Shagari et autres n’écornent pas cette douloureuse réalité.

L’histoire tumultueuse et, surtout, capricieuse de ce pays n’honore ni ses dirigeants, ni son peuple, ni même la sous-région. Ce pays semble enchaîné à une fatalité qui n’est pourtant pas insurmontable, pour peu que ses leaders combattent leur ego surdimensionné.

Dans ce pays aux mille et un généraux, où l’immoralité politique, voire humaine, semble faire cruellement défaut, l’élite politique a tout simplement failli. Pour que le Nigeria ressorte de cet abîme démocratique, il faudra un véritable réarmement moral à l’échelle de toute la nation. On sentait venir le drame de samedi dernier.

Mais l’exécutif a préféré enfouir sa tête dans le sable pour ignorer cette réalité menaçante. Conséquence, la tragédie s’est lourdement abattue sur ce pays et, en un laps de temps, les cadavres se comptent par centaines. La faute à la politique ? Non, la faute aux hommes, aux dirigeants qui se repaissent du fanatisme, du prosélytisme et de l’ignorance des citoyens.

Avec tant de cadavres tout autour de lui, comment Umaru Yar’adua ou plutôt comment Obasanjo peut-il être fier ? C’est une victoire à la Pyrrhus qui montre tout le déficit démocratique du système nigérian en même temps que les limites de l’establishment. Assurément, Lagos mérite mieux que ces spectacles récurrents et horripilants.

Si le Nigeria n’arrête pas ce tango, il descendra davantage dans les profondeurs du classement démocratique et il verra alors son rêve de leadership s’envoler définitivement. Mais le continent peut se consoler de l’Afrique du Sud, dont les ambitions continentales et même mondiales sont de plus en plus justifiées et légitimées par les carences du Nigeria.

« Le Pays »

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