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Présidentielle en France : Les prières des sans-papiers

Publié le samedi 21 avril 2007 à 09h40min

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En France, sans-papiers, demandeurs d’asile et réfugiés politiques s’interrogent sur leur sort au lendemain des élections présidentielles. Parfois surprenantes, les opinions sur les candidats divergent. Les discussions vont bon train. Instantané à Toulouse, près d’un restaurant de réinsertion.

A quelle sauce seront-ils mangés ? A moins d’une semaine de l’élection présidentielle française, alors que le débat sur l’immigration est au cœur des discours de plusieurs candidats, demandeurs d’asile, sans-papiers et réfugiés politiques africains, suivent attentivement la campagne. Même s’ils ne votent pas, ils savent que leur sort est lié à la victoire de tel ou tel candidat ou candidate.

Le projet de Nicolas Sarkozy de créer un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale et les nouvelles règles du regroupement familial en inquiètent plus d’un tandis que l’engagement de Ségolène Royal à agir en la matière « avec tolérance, humanité et sans démagogie » suscite des espoirs. Sur les autres sujets qui leur tiennent à cœur, comme la politique africaine de la France, les opinions divergent.

En cette mi-avril, à Toulouse, dans le sud de la France, Kalwaye, 24 ans, ancien joueur de L’équipe nationale du Tchad, et trois de ses amis algériens, tous demandeurs d’asile, lézardent au soleil qui leur rappelle la chaleur de leurs pays devant le restaurant d’insertion Le Relais. Khalid, un Algérien d’une quarantaine d’années, est partagé sur « Monsieur Sarko ». « Je n’ai pas mon statut de réfugié et je ne suis pas sûr de l’avoir.

La seule chose que je n’aime pas chez lui, c’est son esprit dur envers les étrangers et surtout son projet sur le regroupement familial. Autrement, il sera peut-être le premier président français à pouvoir retirer les militaires français de l’Afrique ». « II faut un président qui ait des projets pour l’Afrique, un président qui n’impose pas sa façon de voir les choses aux présidents africains », insiste son compatriote Driss.

Idrissa, de Conakry, et ses amis guinéens avouent même une certaine sympathie pour Sarkozy (UMP) et Jean-Marie Le Pen (Front national). « Ce sont, dit-il, les seuls candidats qui abordent de façon directe les sujets relatifs à l’immigration. Si l’un des deux devient président de la République, il va y avoir du changement même chez nous en Afrique. Nos chefs d’Etat prendront alors au sérieux ce problème de l’immigration ». « Tu es fou », rétorque son cousin Camara, dont le dossier de demandeur d’asile a été rejeté. Si l’un d’eux accède au pouvoir, tu n’auras plus jamais la chance d’envoyer de l’argent au pays. De plus, le regroupement familial serai un vrai parcours de combattant ».

Une question de respect

Le ton monte. Chacun tente de convaincre l’autre. Kalwaye, le plus jeune de tous, intervient pour calmer le jeu : « Je suis certes demandeur d’asile, mais j’attends de tout candidat le respect des étrangers quelle que soit leur provenance. Ce n’est pas notre pays, nous ne pouvons pas tout exiger. Sarkozy à certes un mauvais côté, il a aussi des aspects positifs.

Chez Ségolène, c’est pareil. »
Camara, un intellectuel guinéen de Conakry, qui vit clandestinement depuis plus d’une année à Toulouse loin de sa famille, revient à la charge. « Ce Monsieur Sarkozy pour qui se prend-il ? Il n’a aucune leçon à nous donner et n’a pas non plus le droit de chasser les étrangers, puisque lui-même .est un fils d’immigré », tonne-t-il.

Il place tous ses espoirs en Ségolène Royal qu’il considère affectueusement comme sa grande sœur. « Elle est différente des autres candidats par sa façon de traiter les choses, son respect envers les étrangers et son amour des enfants », dit-il. Le ton de la candidate socialiste lui laisse espérer qu’il finira un jour par obtenir le statut de réfugié.

Comme lui, les Tchadiens Senoussi et Hissein, demandeurs d’asile et quatre de leurs compagnons mauritaniens et maghrébins consacrent chaque jour une minute de leurs prières à Ségolène, parce que, dit Senoussi « elle a vu les souffrances et les problèmes que rencontrent les Africains ».

Dans l’attente des résultats du second tour, au soir du 6 mai, le doute et le découragement gagnent peu à peu ces demandeurs d’asile originaires d’Afrique noire et du Maghreb. « Je remets ma confiance à Dieu et je pense que cette France qui se veut pays des droits de l’homme et de liberté entendra nos souffrances et nous laissera profiter de cette liberté », confie un jeune Mauritanien qui préfère garder l’anonymat. Un silence puis il finit par lâcher que si Sarkozy ou Le Pen accèdent au pouvoir, il quittera tout simplement la France pour un autre continent ou bien il rentrera dans son pays.

Ahmat Zéïdane Bichara
(Syfia international)

Les Français d’origine africaine anti-Sarko et pro-Ségo
A l’occasion de la présidentielle des 22 avril et 6 mai prochains, les intentions de vote des électeurs français d’origine africaine (2 millions de personnes) tranchent avec celles du reste de la population.

C’est ce qui ressort d’une enquête d’opinion, réalisée début mars 2007 par l’Ifop (Institut français d’opinion publique) pour le magazine Jeune Afrique auprès d’un échantillon de 526 personnes représentatif de la population française d’origine africaine (Maghreb et Afrique subsaharienne) âgée de 18 ans et plus, inscrite sur les listes électorales.

Alors que des sondages réalisés début avril sur l’ensemble de la population française donnent Nicolas Sarkozy gagnant au second tour contre Ségolène Royal (54-46 % et 52-48 % selon les instituts), l’enquête de l’lfop/Jeune Afrique accorde la victoire à la candidate du Parti socialiste dès le premier tour. Elle recueille 57% de leurs intentions de vote. Au second tour, en cas de face à face avec Nicolas Sarkozy, son adversaire de l’UMP (Union pour un mouvement populaire), elle obtiendrait jusqu’à 85 % des suffrages.

Ce dernier ne recueille, lui, que 11 % des intentions de vote au premier tour, derrière François Bayrou, le candidat centriste (19%). Dans l’hypothèse d’un duel entre les deux hommes au second tour, l’ex ministre de l’Intérieur perdrait, là aussi, dans les grandes largeurs : 17% contre 83% à son adversaire.

E.S.S

Sidwaya

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