LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Nigeria : Triste fin de règne pour Obasanjo

Publié le mardi 17 avril 2007 à 08h12min

PARTAGER :                          

Obasanjo

Soixante et un millions et demi de personnes, sur les 140 millions d’âmes que compte la République fédérale du Nigeria, étaient aux urnes le samedi 14 avril dernier, pour des élections locales.

« Bourrage ou vol d’urnes, intimidations violentes dans des bureaux, bulletins de vote incomplets, sans les noms ou les photos de certains candidats, ... des mineurs surpris en train de voter munis d’une carte d’électeur ... un homme arrêté dans un bureau de vote d’Abuja en possession de 63 cartes d’électeurs » ; ce sont là, entre autres, les irrégularités ayant entaché ces consultations selon des observateurs dont la presse. A cela il faut ajouter des anomalies liées à l’inorganisation.

Et comme il fallait s’y attendre, cette situation a entraîné des violences avec un bilan affligeant : au moins 21 personnes tuées et de nombreux blessés ; telle est la conséquence des désordres inhérents à l’organisation de ces élections locales.

De toutes les façons, on ne pouvait pas s’attendre à autre chose du pouvoir. Ce n’est pas le président Olesegun Obasanjo qui, après avoir échoué dans sa tentative de réoccuper le fauteuil, favorisera des élections transparentes. On a l’impression que tout a été expressément orchestré par les tenants du pouvoir. Il faut regretter qu’à cela vienne s’ajouter la situation d’instabilité constante, notamment les conflits religieux, les mouvements armés dans le Delta, dans laquelle vivait déjà le Nigeria. Depuis dimanche, les résultats ont commencé à tomber, et le pays est sous tension. Les premières tendances donnent vainqueur le Parti démocratique du peuple (PDP) d’Olesegun Obasanjo, le parti au pouvoir.

Cette formation politique arrive en tête, selon les premiers résultats publiés dans 11 des 14 Etats sur les 36 qui composent le Nigeria. Toutefois, Lagos, l’ancienne capitale politique de l’Etat fédéral, a de nouveau échappé au PDP qui tenait pourtant à se l’approprier cette fois-ci. C’est le candidat du parti d’opposition, Babatunde Raji Fashola de l’Action Congress, qui y a remporté le scrutin dans 19 des 20 circonscriptions contre une pour son adversaire Musiliu Obanikoro du PDP.

Après ce scrutin, le Nigeria abritera le samedi 21 avril 2007, soit dans quelque cinq jours, des élections présidentielle et législatives. Au regard de l’expérience amère du week-end dernier, la plus grande interrogation, c’est ce que nous réserveront les consultations du 21 avril prochain. Il faut se féliciter de l’acceptation, à la dernière minute, du candidat du parti de l’opposition, l’Action congress, en l’occurrence le vice-président Atiku Abubakar ; c’est hier seulement, à moins d’une semaine du scrutin, que la Cour suprême a annulé la décision de la commission électorale qui disqualifiait ce dernier de la course à la magistrature suprême.

Peut-être cela calmera un tant soit peu la tension qui avait commencé. Il faut, malgré tout, espérer que les différentes erreurs constatées çà et là lors des locales passées serviront de leçons pour les consultations du 21 avril prochain.

En tous les cas, ce qui s’est passé n’honore pas le Nigeria, et, pis, nous amène à douter de sa capacité à être véritablement le leader de notre sous-région. Eu égard aux violences ayant entaché ces consultations, il faut dire que c’est une triste fin de règne pour un président de la trempe d’Olesegun Obasanjo.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique