Il est vrai que les contingents de l’UA déployés au Darfour sont démunis en matière logistique et financière, ce qui expose les hommes aux agressions des miliciens armés. Le coup de gueule du Sénégal, un pays qui a toujours répondu présent aux opérations de maintien de la paix, traduit toute la fragilité de la situation au Darfour et la vulnérabilité des soldats envoyés sous la bannière de l’Union africaine.

L’objectif de cette menace est évidemment de mettre la communauté africaine devant ses responsabilités, face à une crise qui est avant tout la sienne. Mais également, le gouvernement sénégalais entend interpeller l’ONU et les grandes puissances sur l’urgence d’agir, en renforçant les moyens de l’UA. Toutefois, l’insécurité à laquelle font face les contingents déjà déployés et le coup de gueule du Sénégal, peuvent refroidir les ardeurs des autres pays volontaires.

Déjà que les pays africains ne se bousculent pas au Darfour, les récents développements de la crise risquent donc de retarder le déploiement massif d’autres contingents. En attendant l’arrivée d’autres troupes, seules celles du Sénégal, du Nigeria, du Rwanda et d’Afrique du Sud sont sur le terrain. Quant aux casques bleus onusiens, il ne faut pas trop compter sur eux. Le Soudan continue à refuser leur présence sur son sol et pour retarder les différentes échéances fixées par l’ONU, use de méthodes dilatoires.

Les 7000 soldats de l’Union africaine qui ne tiennent jusque-là que grâce à l’aide internationale, sont donc encore pour longtemps exposés aux balles des milices qui pullulent au Darfour. C’est pourquoi le coup de gueule du Sénégal- tout comme celui du Rwanda d’ailleurs- est tout à fait justifié.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays