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Le barrage de Séboun, un océan dans le Centre-Ouest

Publié le mardi 27 avril 2004 à 07h03min

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Une tournée de deux jours a conduit le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques dans deux provinces du Burkina : le Boulkiemdé et le Sanguié. Buts de ce voyage, la visite d’un champ collectif dans le village de Savili, la pose de la 1re pierre du stade de Koudougou et le lancement des travaux de bitumage de 5 kilomètres de routes à Koudougou.

Le ministre Salif Diallo a également profité de cette tournée pour procéder à l’installation de la Chambre régionale d’agriculture du Centre-Ouest (CRA-CO), visiter le chantier du barrage de Séboun au Sanguié et lancer les travaux du barrage de Soum, dans le département de Nanoro.

Première visite après le départ de Ouaga, celle de Savili. Savili est un village situé à 8 km au Sud de Nabadogo qui, lui, est situé à 10 km de carrefour de Nimpouy, sur la nationale n°1. Sur ce site, les agriculteurs de contre-saison nouvelle formule cultivent le haricot vert, la tomate, les oignons, le niébé entre autres et ce, depuis 1983. Le site a une superficie aménagée de 42 ha dont l’irrigation est possible grâce à un barrage d’une capacité de 2 300 000 m3, réalisé en 1979.

Malheureusement, la campagne 2002-2003 a été mauvaise, car les motopompes étaient en panne. Aujourd’hui, grâce au ministère de l’Agriculture, Savili dispose de 7 motopompes neuves toutes installées. N’empêche, de petits problèmes demeurent . Des problèmes soulevés par le représentant des exploitants du site de Savili, M. Joseph Kaboré : l’état de la route depuis la voie bitumée, le fond de roulement et le problème d’écoulement du haricot vert. En réponse, le ministre Salif Diallo dira que la réhabilitation de la route ne relève pas de son ministère. Il a promis cependant de voir l’autorité de tutelle.

Quant au fond de roulement, il dira que c’est à l’exploitant de chercher son fond de roulement. Pour la vente du haricot, il conseillera aux agriculteurs de vendre leur haricot cash, car il y a des intermédiaires peu scrupuleux, et au ministère, on ne peut se porter garant de leurs comportements. Enfin, en homme de terrain, il ajoutera qu’il ne faudra pas seulement compter sur le motopompes, mais également installer des pompes à pédale et des bassins de rétention.

"Aujourd’hui, je suis un maire comblé"

C’est par ces mots que M. Marcellin Yaméogo, maire de la commune de Koudougou, a accueilli le lancement des travaux de bitumage de 5 kilomètres de route, et de construction d’un stade dans la ville de Koudougou. C’est vrai qu’il y a de quoi être satisfait, quand on connait le déficit d’infrastructures dans nos villes moyennes. Mieux, à Koudougou, en ce matin du 22 avril 2004, il ne s’agit pas de pose de la première pierre, mais du lancement effectif des travaux. Ces deux projets en cours à Koudougou sont des fruits de la coopération entre le Burkina Faso et la République de Chine, qui permet en outre de lancer aujourd’hui les travaux de bitumage de 20 km de voiries dans les villes de Ouahigouya, Koudougou, Kaya, Dédougou et Banfora, sans oublier 1 km de rue à Ouagadougou.

Cela, ajoutera le ministre Salif Diallo, aura "un impact considérable sur le développement socio-économique des communes concernées, à travers l’essor des quartiers traversés, la valorisation du foncier, l’accélération des opérations d’urbanisme et d’habitat, à travers la situation des investissements privés, et l’amélioration de l’image de la ville". En plus, le soutien de la République de Chine à hauteur de 500 millions de F CFA environ va permettre au gouvernement de réaliser deux stades provinciaux : l’un au Yatenga, et l’autre dans le Boulkiemdé, qui fait l’objet de la présente cérémonie du 22 avril 2004.

L’infrastructure à réaliser, d’un coût total de 250 millions, répond aux caractéristiques suivantes : la construction d’une nouvelle tribune couverte de 850 places assises, composée d’une salle de musculation, d’un magasin, d’un bureau de gérant, d’un secrétariat, d’un vestiaire pour arbitres, de deux vestiaires pour joueurs et d’une infirmerie. A cela, il faut ajouter deux buvettes, un télécentre, un débarras et deux douches-W.-C.

Pour couronner le tout, il est prévu la construction d’une clôture de 750 m, la réalisation d’un terrain d’athlétisme, d’un forage équipé pour l’entretien du gazon et l’aménagement d’un terrain de football avec gazon. Cerise sur le gâteau, lors de cette cérémonie de lancement des travaux, le secrétaire permanent des Enseignements nationaux, M. Alphonse Ouédraogo, a offert aux jeunes de chacun des 15 départements de la province, ainsi qu’à l’ASEK et au Bouloumpoukou club, les deux équipes vedettes du Boulkiemdé, un jeu de maillots et deux ballons.

Une CRA pour booster l’agriculture

Avec ses 30 000 rapatriés de la Côte d’Ivoire, la province du Boulkiemdé méritait vraiment l’installation du Chambre régionale d’agriculture. Depuis le 22 avril 2004, c’est chose faite. Les chambres régionales d’agriculture (CRA) sont des chambres consulaires, constituées exclusivement des producteurs du monde rural et ont la vocation de représenter la profession agricole dans toute sa diversité et d’accomplir essentiellement une triple mission : la représentation et la formation des agricultures, la promotion, l’appui à l’émergence et à la réalisation de projets de développement, et l’organisation des producteurs.

Dans le Boulkiemdé, 71 862 producteurs se sont mobilisés dans les assemblées villageoise pour la désignation de leurs représentants, en toute transparence. Arthure Yerbanga a été choisi pour être le président de la CRA du Centre-Ouest. A cette occasion, le deuxième Programme national de gestion des terroirs (PNGT III) et le Programme national pour le développement de la sécurité alimentaire (PNDSA II) ont mis la main à la poche pour soutenir les groupements villageois.

Pour l’année 2004, et en ce qui concerne le PNGT II, 70 conventions d’un montant de 332 millions ont été signées avec les Commissions de gestion des terroirs (CVGT) du Boulkiemdé et du Sanguié, au titre des guichets villageois. Les guichets provinciaux, eux, en auront pour 125 millions de F CFA au profit de ces deux provinces. Pour la région du Centre-Ouest, qui couvre les provinces du Boulkiemdé, du Sanguié, du Ziro et de la Sissili, le PNDSA II a contribué ce jour-là au financement de 89 microprojets de 138 millions pour l’année 2004.

Le 4e barrage du Burkina dans le Centre-Ouest

Bientôt, le village de Séboun sera connu pour son barrage. L’érection de ce barrage, à 8 km de la ville de Réo, est d’une importance stratégique indéniable.

D’abord dans le domaine agricole et surtout industriel. Une fois terminé, ce barrage permettra l’exploitation de la mine de zinc de Perkoua, située non loin de là. "Le jour où nous aurons 10 millions de m3, la mine de Perkoua va démarrer", annoncera le ministre de l’Agriculture. En effet, cette eau permettra le nettoyage de la matière première brute, le clinker, d’où l’urgence à terminer les travaux. Même si le guide de l’entreprise chargée des travaux dit être dans les délais, on sent pourtant une certaine mollesse, surtout que la saison des pluies approche. Cet état de fait n’a pas échappé à l’œil vigilant de M. Salif Diallo, "L’entreprise doit faire mieux, afin de gagner sur le temps".

L’autre préoccupation du visiteur de marque a été la réinstallation des habitants qui sont sur le site du barrage. Il a instamment demandé au haut-commissaire du Sanguié et au directeur régional de l’agriculture du Centre-Ouest de créer rapidement une commission afin de lister les différentes familles concernées et de les équiper de matériaux de construction (ciment, tôles) pour qu’elles puissent se reconstruire des maisons ailleurs. Cette dotation sera appuyée avec de petit matériel agricole, car dira le ministre d’Etat "Nous devons réaliser le barrage en tenant compte de leurs intérêts. J’insiste pour que le haut-commissaire mette le mécanisme en marche".

Un très vieux projet, que ce barrage de Soum

Si vous cherchez le site du barrage de Soum vers Djibo, vous vous foutrez le doigt dans l’œil, jusqu’au coude. Le village de Soum est plutôt situé dans le département de Nanoro, qui relève de la province du Boulkiemdé. En 1996, le ministre de l’Environnement et de l’Eau envoya une mission de l’ONBAH et du FEER visiter le site du barrage de Soum. La mission se rendit dans la province du Soum, aux environs de Djibo, et bien sûr ne trouva pas de site. La réalisation de ce barrage dans le département de Nanoro rendait sceptique plus d’un.

M. Salif Diallo fit en ces termes l’historique mouvementé de ce projet de barrage : "Dans les années 1958, le site du barrage de Soum est identifié par l’équipe du génie rural dirigée par Jean-Maton, coopérant français bien connu dans le milieu du génie rural. La première République tenta timidement une mise en œuvre : échec ! La deuxième puis la troisième République reviennent à la charge et posent des bornes à Soum. Echec de nouveau ! En 1996 c’est l’envoi de la mission ratée de l’ONBAH et du FEER".

Ces derniers mois, grâce à la coopération des acteurs que sont le gouvernement, sa Majesté le Naba Tigré de Nanoro, le général Guiguimdé, les fils de la région et les techniciens du département du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, le projet est aujourd’hui en bonne voie. La construction du barrage de Soum sur la rivière Vranso, affluent du Mouhoun, est le fruit de l’exemplaire coopération entre le Burkina Faso et la Banque islamique de développement. La première phase, lancée le 23 avril 2004, permettra la construction du 4e plus grand barrage du Burkina, après ceux de la Kompienga, de Bagré et de Ziga. Au-delà des céréales, les productions agricoles, toutes spéculations confondues, atteindront sur les périmètres 211 000 t par an".

Ces aménagements permanents seront une opportunité de formation des élèves du lycée agricole de Nanoro, qui en feront une école de la pratique. En outre, une étude sur l’alimentation en eau potable de la ville de Koudougou et des localités environnantes à partir du barrage de Soum, dont le lac est à moins de 15 km de Koudougou, sera entreprise. Son aboutissement constituera une solution définitive au problème d’adduction d’eau de la ville de Koudougou.

Issa K. Barry

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