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Côte d’Ivoire : L’attelage Gbagbo-Soro tiendra-t-il la route ?

Publié le mardi 27 mars 2007 à 07h34min

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Gbagbo, Compaoré et Soro

Les choses se précisent de plus en plus. Sauf tsunami de dernière minute, Guillaume Soro, le secrétaire général des Forces nouvelles, occupera le poste très envié de Premier ministre de Côte d’Ivoire. La grande question est de savoir si l’attelage Laurent Gbagbo-Guillaume Soro tiendra la route. Autrement dit, à l’image de Seydou Elimane Diarra et de Charles Konan Banny, Guillaume Soro se cramera-t-il lui aussi les ailes au contact étroit du boulanger d’Abidjan ?

Cependant, à la différence des deux autres, le leader des ex-rebelles a l’avantage de connaître suffisamment l’actuel locataire du Palais d’Abidjan pour l’avoir longtemps pratiqué et avoir été issu de son moule ; contrairement à Diarra et à Banny qui traînaient un autre handicap : être plus techniciens que politiciens. De fait, qui pourrait dire que Guillaume Soro n’a pas fait ses classes en politique, au point de pouvoir flairer les entourloupettes du boulanger ?

Evidemment, cela n’enlève rien au fait que le poste de Premier ministre qui échoira, vraisemblablement, bientôt entre les mains du dur à cuire de Bouaké, peut s’avérer un cadeau empoisonné pour celui-ci. Parviendra-t-il, bien que suffisamment aguerri, à déjouer les pièges que pourrait lui tendre le président ivoirien ? A ce propos, on peut d’ores et déjà s’interroger sur les pouvoirs qu’il pourra arracher de Gbagbo.

Aussi, quelle garantie de sécurité pour Guillaume Soro, s’il était effectivement nommé Premier ministre, lui qui a longtemps été dans le collimateur du camp Gbagbo ? Cela étant, les Forces nouvelles semblent bien parties pour tirer grand profit du nouveau processus de réconciliation et de paix enclenché. Non seulement à travers la consécration annoncée de leur leader, mais aussi le positionnement de leur organisation sur l’échiquier politique ivoirien.

Certes, les succès de Guillaume Soro seront, sur le papier en tout cas, ceux du G7. Mais dans le nouveau gouvernement que Guillaume Soro serait appelé à composer, quels seront la place et le poids des vieux partis tels le PDCI-RDA de Henri Konan Bédié ou le RDR de Alassane Dramane Ouattara ? Ecartés d’office du poste de Premier ministre, les deux hommes n’auraient sans doute pas craché sur le morceau, si le poste avait été proposé à l’un ou l’autre de leur parti.

Quelle réelle satisfaction pour ces poids lourds, contraints d’entrer dans les rangs de la réconciliation formés pour l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire, si le FPI de Laurent Gbagbo et les Forces nouvelles se taillaient la part du lion, faisant d’eux les perdants de la distribution des cartes ? Mais, peut-être, est-ce prématuré de se prononcer sur la clé de répartition des portefeuilles ministériels.

Toutefois, c’est déjà quelque chose de rassurant que la feuille de route élaborée à Ouagadougou connaisse un début d’exécution. Un bon départ, qui ne s’explique pas moins par l’assurance que Laurent Ggagbo a d’être en meilleure posture - aujourd’hui plus qu’hier - s’il était question pour lui d’aller aux élections. Après avoir eu le temps de se constituer un important trésor de guerre et de tisser suffisamment sa toile, le dirigeant ivoirien semble dorénavant prêt à faire face à n’importe quel candidat.

Que dire, par exemple, du président du PDCI qu’il a contribué à affaiblir sur son propre terrain ? Ou encore du RDR dont l’étoile est quelque peu terne du côté de la Côte d’Ivoire septentrionale, depuis la percée d’un certain jeune secrétaire général des Forces nouvelles ? Pour tout dire, Laurent Gbagbo a réussi à dompter bien de ses adversaires politiques, à l’exception de quelques-uns tels Guillaume Soro. Le président ivoirien peut donc boire son petit lait. Il sort gagnant de tous ces ballets destinés à remettre la Côte d’Ivoire sur les rails.

Et l’ancien locataire de la BCEAO, Charles Konan Banny, dans tout cela, dont les jours à la Primature semblent désormais comptés ? En tout cas, le banquier ne manque pas d’atouts suffisants pour lorgner, en temps opportun, le fauteuil présidentiel. Il a l’avantage d’être plus jeune que Henri Konan Bédié. Mieux, il est relativement "propre" et a le soutien d’une partie non négligeable du groupe akan.

Mais il apparaît clairement que tout l’échafaudage dressé pour conduire aux élections ne saurait reposer sur de solides fondements sans la bonne foi de part et d’autre des acteurs politiques ivoiriens. Chacun devra jouer pleinement sa partition dans le sens d’une meilleure consolidation de la paix, si tant est qu’il veuille que le pays soit définitivement mis à l’abri des démons.

"Le Pays"

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