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Mines d’or de Poura et d’Essakane : De graves problèmes

Publié le mardi 27 mars 2007 à 06h55min

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L’Organisation pour le renforcement des capacités de développement (ORCADE) a organisé, le 26 mars dernier, un atelier à Ouagadougou. Elle a ainsi fait le diagnostic du cadre institutionnel et juridique de l’activité minière à Poura et Essakane. Les participants à l’étude ont décelé des problèmes très inquiétants.

La mine d’or de Poura, fermée définitivement en août 1999, "est aujourd’hui caractérisée par un état de délabrement total." C’est écrit à la page 37 du rapport d’étude. La situation est grave et même très grave. Morceaux choisis : "Les équipements sont dans un état de rouille avancé, des déversements importants d’hydrocarbures, notamment les huiles usagées de moteurs, graisses, essences et gas-oil, sont observés au sol ; coupe frauduleuse et abusive de bois et abatage d’arbres entièrement protégés tels que le karité ; inexistence de document relatif à la gestion environnementale depuis l’ouverture de la mine d’or de Poura, et ce, même au niveau du service départemental en charge de l’environnement."

Et ce n’est pas tout : "La ville est prise d’assaut par de gros tas de résidus de traitement, entreposés soit à l’intérieur, soit devant les maisons à usage d’habitation. Ces tas de résidus ainsi exposés aux intempéries contiennent toujours du mercure et du cyanure." Ils sont donc très dangereux pour la santé. "Les risques de contamination, voire de pollution des sols et de la nappe phréatique, sont associés aux produits chimiques utilisés tant dans l’exploitation industrielle qu’artisanale de l’or". Bref, la liste est longue.

A Essakane, le problème est tout aussi grave : "Conditions d’hygiène insalubres, utilisation de plus en plus importante, et de façon incontrôlée, de produits chimiques dangereux tels que le mercure ; pollution des sols et des eaux." En outre, les analyses d’eau effectuées montrent que les teneurs en mercure sont supérieures à la valeur limite recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé. Le rapport précise que le mercure "présente un risque sur le plan environnemental et sur le plan de la santé humaine. C’est un élément chimique naturel toxique. Il passe dans l’organisme humain à travers l’alimentation, l’eau et un long séjour dans une atmosphère polluée (...)."

Le directeur exécutif de l’ORCADE, Mosès Kambou, a invité l’Etat et les sociétés minières à mener de façon responsable l’exploitation de l’or. Certes, « l’industrie minière regorge de potentialités énormes pour soutenir le développement, mais il y a des risques importants : violation des droits humains, dégradation de l’environnement, problèmes de gouvernance", déplore le directeur régional Afrique de l’Ouest de Oxfam America, Mamadou Bitèye. Il faut "faire en sorte que les activités minières profitent à l’Etat et aux populations", a-t-il ajouté. Pour cela, "il faut une bonne gouvernance minière." Mamadou Bitèye insiste sur l’impérieuse nécessité pour l’Etat et les sociétés minières de tenir compte de l’avis des populations avant, pendant et après l’exploitation des mines d’or.

La représentante du ministre de l’Environnement et du Cadre de vie, Sidnoma Sam, a, elle, été catégorique : "Lorsque l’exploitation est tenue par des capitaux étrangers, elle engendre de multiples problèmes." Il faut donc que chaque acteur prenne ses responsabilités "pour que l’or brille pour tous". Sans exclusive.

Par Hervé D’AFRICK

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