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Etalons : Les confidences du nouvel entraîneur

Publié le mardi 27 avril 2004 à 07h01min

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Depuis le départ de Jean-Paul Rabier au lendemain de la
CAN’2004, le public burkinabè attendait le nouvel entraîneur des
Etalons, surtout qu’il ne reste plus qu’un peu plus d’un mois
pour le début des hostilités africaines et mondiales.
Depuis le 23 avril, le nouveau "messie" Ivan Todorov, a atterri au
"pays des Hommes intègres".

D’origine yougoslave et de
nationalité française, il est âgé de 53 ans. Il fera son baptême
de feu avec une équipe nationale. Il est prêt à relever le défi.
C’est du reste ce qu’il nous a confié quelques heures après son
arrivée à Ouagadougou.

"Le Pays" : Quel est le passé de Yves Todorov en tant
qu’entraîneur ?

Ivan Todorov : J’ai commencé ma carrière d’entraîneur à 28 ans.
J’étais joueur-entraîneur en France dans un petit club de 4e
division. Ensuite, je me suis occupé d’un club de 2e division. J’ai
été aussi à Limoges. En son temps, on avait éliminé l’équipe de
grands comme Buruchaga, Bossic en coupe de France. C’est là
que mon exploit a commencé.

Par la suite, je suis allé en
Afrique, précisément au Gabon pour m’occuper d’un club qui
était dernier au classement avec zéro point dans un
championnat court (dix équipes). Le 10e et le 9e descendaient
en division inférieure et le 8e jouait les matches de barrage. Je
peux dire que j’ai réussi le plus grand exploit de ma carrière à ce
niveau parce que je suis bien placé pour savoir qu’il est plus
difficile de sauver une équipe que d’être champion. On a fini
donc en 6e position. Deux années après, on a recruté un très
bon attaquant ghanéen du nom de Abdul Aziz et on a été
champion. Aly Bongo (le fils du président gabonais) a pris le
club en main et a changé le nom qui est devenu Jeunesse
athletic club. Nous avons été champion et nous avons réussi
l’exploit d’éliminer l’Africa sport d’Abidjan en coupe d’Afrique des
champions.

Sur recommandation de Arsène Wenger, j’ai été proposé à
l’ASEC Mimomas. Entre temps, j’avais une autre proposition à
Dijon, un club de D2 en France. J’ai accepté d’aller à Dijon et
quinze jours après, Philippe Troussier est allé à l’ASEC à ma
place. Vous connaissez tous le bien qu’il a fait à ce club.
Dijon était dernier au classement à la mi-saison et on a terminé
6e. L’année suivante, on était 3e et on a gagné Strasbourg de
Jorkaef. On a fini par me surnommer "spécialiste des équipes
en difficultés" ou encore "docteur pour les malades". J’ai aussi
pris Lyon, 3e division, qui était classé 15e et on a terminé 5e
pour finir 1er l’année suivante pour monter en D2.

Quels sont les derniers clubs que vous avez entraînés avant
d’arriver au Burkina ?

Au Maroc, j’ai entraîné Marrakech où j’ai terminé 2e. Ensuite, j’ai
pris FUS, toujours au Maroc et j’y ai terminé 2e. Dubaï m’a
sollicité avant que je n’atterrisse à Chabbat de Ryad.
L’Etoile du Sahel m’a accueilli avec laquelle j’ai été 2e pour
nous qualifier à la Coupe d’Afrique. J’ai joué la finale de la coupe
de Tunisie en éliminant en quart de finale le club africain et en
demi-finale, l’Espérance de Tunis. Malheureusement, on a
perdu la finale dans des circonstances un peu compliquées.
Cela m’a fait mal. Je suis retourné au Maroc au FUS qui était
mal classé. Il fallait le sauver et on s’est sauvé.

Cette année, j’ai démarré avec le WAC de Casablanca. On était
4e au classement, à 5 points du premier avec un match en
retard. Là, j’étais un peu découragé parce qu’en coupe du Maroc,
on a éliminé le Raja entraîné par mon ami Henri Michel. Des
supporters nous ont rejoints dans les vestiaires pour agresser
certains joueurs et moi-même.
En plus, ma femme a eu un problème de Thyroïde (à la gorge).
Après 3 opérations, tout s’est bien passé. Avec ces ennuis de
santé de mon épouse, je suis rentré chez moi. Je me suis
reposé.

Comment avez-vous eu l’idée de venir au Burkina ?

En parlant avec Troussier, il m’a donné cette idée de tenter mon
expérience avec une équipe nationale, surtout en Afrique où il a
eu de bons souvenirs. C’est comme cela que j’ai eu un contact
avec le président de la Fédération burkinabè de football, Seydou
Diakité depuis un mois et demi. Les choses ont ralenti un tout
petit peu. On est resté en contact. Il y a quelques jours, il m’a
recontacté pour me dire que parmi les nombreuses
candidatures, son choix s’est porté sur moi. Il m’a appelé et je
n’ai pas hésité. Je suis là.

A vous suivre, vous semblez vous occuper des équipes en
difficultés. Doit-on comprendre que vous venez au Burkina pour
être au chevet d’une équipe en difficulté ?

L’arrivée de Philippe Troussier ici a déchaîné un certain
enthousiasme dans ce pays. Je peux me permettre de dire que
c’est grâce à la CAN’98 que l’Afrique a commencé à mieux
connaître le Burkina Faso et son football. Malheureusement
depuis ce temps, je remarque qu’on remplace difficilement un
grand entraîneur comme Troussier. Ce n’est pas une critique
envers les autres entraîneurs.
Le public burkinabè est fier de son football et de son pays. Ce
public est devenu donc un peu plus difficile, plus exigeant. On ne
peut pas dire que l’équipe est en difficulté parce que c’est grâce
à Philippe Troussier que ce football a commencé à se
construire. Après, il y a eu un frein qui vous fait dire que l’équipe
est en difficulté. Je pense qu’elle cherche son deuxième souffle,
elle cherche à rebondir. Je suis un homme de défis. C’est
pourquoi je suis là. Il y a deux compétitions : les éliminatoires de
la CAN et du Mondial’2006.

Quels objectifs vous êtes-vous fixé en venant au Burkina Faso ?

Je dois d’abord suivre le football burkinabè de près. Je dois vite
voir les joueurs professionnels, voir dans quel état ils sont, à
quel poste ils jouent. Je n’ai plus beaucoup de temps mais
j’aime bien découvrir moi-même et lancer des jeunes qui ont
des qualités. La locomotive sera constituée de professionnels
mais il faut surtout les remotiver, qu’ils n’oublient pas que la
carrière du footballeur est courte et qu’une coupe du monde est
quelque chose d’exceptionnel, pour eux, pour moi et pour le
pays. Mes objectifs vont s’éclaircir tout seul.

Si je suis venu ici, je
n’ai pas besoin d’objectif. Mon objectif est de transmettre cette
envie de jouer et cet esprit de solidarité dans les batailles. Il faut
qu’on fasse le maximum pour redonner ce plaisir au peuple.

Vous arrivez à un peu plus d’un mois du match contre le
Ghana...

Ce n’est sûrement pas l’idéal que de commencer à travailler à
un mois du premier match. Mais si je me mets à pleurer, je
serai un mauvais capitaine. Ce qui est fait est fait, mais il faut
voir ce qu’on peut faire. Il faut redynamiser ce groupe, remettre
cet enthousiasme en selle.

Combien de temps durera votre contrat ?

J’ai rendez-vous avec le président Diakité. Donc on va éclaircir
certaines choses.

Vous comptez donc relever le défi ?

Je suis venu pour ça. Mais je ne voudrais pas parler dans le
vide. Il faut qu’avec le président, nous fixions notre ligne de
conduite. A partir de là, chaque jour va nous apporter quelque
chose de plus. On se connaîtra mieux. Le temps nous permettra
ce qu’on est capable de faire.

Connaissez-vous déjà certains Etalons ?

Je connais un tout petit peu le football burkinabè parce que je le
regardais par amitié pour Philippe Troussier. Je sais que ce
sont des joueurs qui ont des qualités athlétiques. Troussier m’a
expliqué que ce sont des joueurs assez disciplinés et
combatifs. Je sais qu’il y a un petit retard au niveau tactique.
C’est là où le délai court cause un dommage, mais il y a quand
même des professionnels qui ont beaucoup progressé. Je n’ai
pas envie de me retourner vers des noms. Comme je suis
nouveau, je vais essayer de regarder avec des yeux propres et
nets.

Propos recueillis par Alexandre LE GRAND ROUAMBA
LE Pays

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