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Visite de Faure Gnassingbé au Burkina : Pour le renforcement du processus de réconciliation nationale

Publié le lundi 26 mars 2007 à 08h29min

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Faure Gnassingbé et Blaise Compaoré

Vendredi 23 mars 2007, le président de la République togolaise, Faure Gnassingbé a effectué une visite d’amitié et de travail au Burkina Faso.

C’est une visite d’une teneur politique et économique que le président togolais a rendu à son homologue burkinabè, Blaise Compaoré, à entendre ses propos à l’aéroport international de Ouagadougou sur le coup de dix heures. "Une visite d’amitié et de travail qui nous offre l’occasion de remercier le président Blaise Compaoré pour sa constante disponibilité, puisqu’il préside lui-même les réunions du comité de suivi" (de l’accord politique global togolais ndlr), a précisé Faure Gnassingbé avant d’en décliner les lignes forces.

Il s’est agi entre les deux hommes d’État, de discuter des récentes réunions du comité de suivi, "particulièrement importantes et fructueuses en ce qu’elles ont permis à l’Union européenne de constater tous les progrès qui ont été réalisés".

C’est la phase d’exécution qui est en cours, avec "un chronogramme assez serré et rigoureux qui doit nous conduire aux élections législatives," a indiqué le président togolais. Aussi, d’autres problèmes notamment "économiques" figuraient au menu. Au rang de ceux-ci, "la crise énergétique" qui nous frappe, ainsi que certains pays voisins, notamment le Bénin et le Ghana. Des problèmes qui peuvent avoir des "implications politiques" et qui méritent un temps de réflexion donc.

Arrivé à Ouagadougou à dix heures du matin, heure locale et accueilli par le tout État burkinabè avec en tête le président Blaise Compaoré, Faure Gnassingbé a regagné Lomé dans l’après-midi. A l’occasion de cette visite, l’avion de son défunt père, le boeïng 747, baptisé "Togo I" était de service.

Boubacar SY


Entrée de l’UFC dans le gouvernement : un serpent de mer ?

Interrogé par la presse sur l’entrée de l’Union des forces de changement (UFC) de Gilchrist Olympio dans le gouvernement d’union nationale, Faure Gnassingbé a déclaré laconiquement que "nous (eux) discutons avec l’UFC pour son entrée au gouvernement". Une réponse qui nous semble-t-il, traduit un tant soit peu la lassitude du numéro un togolais face à une occurrence qui s’apparente de plus en plus à un serpent de mer.

En effet, si l’UFC a accepté d’être une partie prenante au processus de réconciliation nationale entamé sous l’égide de Blaise Compaoré, elle demeure toujours réticente à rentrer au gouvernement. Une réticence qui tient à certaines considérations historiques sur lesquelles il n’est point besoin d’épiloguer, mais plus certainement à ce que le parti a considéré comme un "crime" de lèse-majesté lors de la formation du gouvernement de Yaovi Agboyibo.

En l’occurrence, le parti, qui se considère comme le plus populaire de l’opposition, s’attendait, au minimum, à hériter de la primature en sus de quelques portefeuilles "consistants". Au lieu de quoi, c’est donc le CAR, par Agboyibo interposé, qui a eu le fauteuil. Depuis, toutes les tentatives pour ramener l’UFC à la raison sont demeurées vaines, au point que le placide médiateur Blaise Compaoré lui-même s’en est quelque peu "ému".

En effet, lorsque Compaoré a déclaré à l’issue de la troisième session du comité de suivi tenue à Ouagadougou le 16 janvier 2007 que "le plus important c’était le peuple togolais", il invitait toutes les parties à avoir à l’esprit les intérêts de celui-ci. Car, ledit peuple togolais est on ne peut plus fatigué de cette querelle crypto-personnelle qui s’éternise et qui le prend sporadiquement en otage.

Ce d’autant que Faure, fut-il le fils de son père, a, depuis son accession à la magistrature suprême, donné des gages de bonne foi quant à sa volonté de vider le contentieux politique et des droits humains. Il faut donc l’aider plutôt que de se braquer surtout que dans son propre camp, tout le monde ne partage pas son enthousiasme. La refonte de l’armée (lire par ailleurs) est ainsi rendue délicate par certaines "pesanteurs".

C’est dire que la position du président togolais n’est pas si enviable. Par ailleurs, le chantier est si vaste et le temps si compté que les états d’âme doivent être relégués au second plan au profit de l’intérêt supérieur du Togo. A bon entendeur...

B. S.

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Législatives togolaises de juin 2007

Le rôle des Forces de défense et de sécurité
"Maintenant c’est vraiment une phase d’exécution, du chronogramme assez serré, que nous entamons et qui doit nous conduire aux élections législatives", a affirmé le président Faure Gnassingbé dans son adresse à la presse, le 23 mars, peu après son arrivée dans la capitale burkinabè.

Ces propos confirment bien que les législatives sont une étape capitale dans le processsus de réconciliation, matérialisée par l’Accord politique global d’août 2006, conclu sous la facilitation du président Blaise Compaoré. Les Forces de défense et de sécurité joueront-elles le jeu dans ce virage stratégique ?

Lors de sa dernière session tenue le 10 mars dernier à Ouagadougou, la IVe session du comité de suivi de l’Accord politique global (APG), a prévu, dans le cadre des législatives du 24 juin 2007, "la constitution d’un contingent regroupant les forces de défence et de sécurité", et ce, avec l’appui du facilitateur, le président Blaise Compaoré. Ce contingent sera mis à la disposition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et de ses démembrements.

L’on se rappelle de ces ahurissantes scènes lors de la présidentielle du 24 avril 2005, relayées par la presse internationale, dans lesquelles des forces de défense et de sécurité ont empoigné des urnes, armes au poing.

C’est donc pour éviter de telles scènes, qui ne sont nullement pas de nature à honorer cette institution de la république, qu’il est demandé au facilitateur de s’investir personnellement afin que les uns et les autres permettent à la paix relative que connait le Togo d’aller en s’approfondissant. La paix réelle étant le premier gage d’une démocratie naissante.

Deux facteurs laissent à penser que les Forces de défense et de sécurité togolaises vont s’investir pleinement pour le bon déroulememnt des élections législatives. Le premier se rapporte à la stature du facilitateur. Cela fera près d’une quinzaine d’années que le président Blaise Compaoré s’investit à ramener l’accalmie politique dans ce pays voisin et frère. Par conséquent, il connait les différents acteurs de la faune politique togolaise.

A cela, il faut ajouter le fait que Blaise Compaoré est lui-même issu du milieu militaire. Il n’a aucun complexe à discuter avec un officier de quelque grade que ce soit. Surtout que le plus ancien dans le grade le plus élevé n’est plus depuis le 5 février 2005.

Le second facteur, est lié au climat politique sous régional, marqué par la recherche de paix dans les différents pays. Le dernier cas en date est la remise, il y a déjà quelques jours, des armes par les Touareg du Mali. Auparavant, c’est le démarrage des pourparlers entre militaires loyalistes et des Forces nouvelles en Côte d’Ivoire pour la mise en place d’un état-major unifié.

C’est dire que la communauté internationale, l’Union européenne surtout, n’est plus prête à cautionner des hold-up électoraux d’autant plus que c’est elle qui finance et l’organisation des élections et les projets de développement. Ces élections constituent la condition principale pour une reprise de la coopération avec les principaux soutiens financiers du pays.

Les Forces de défense et de sécurité togolaises ont donc tout à gagner en permettant au processus électoral de faire son bonhomme de chemin. Elles gagneront sur deux tableaux, à savoir, prouver à la face du monde qu’elles sont réellement républicaines, et permetre au peuple de retrouver la quiétude. Des choses sans lesquelles il n’y a point de développement. Les forces de défense et de sécurité togolaises ont donc rendez-vous avec l’histoire.
Alassane NEYA

Sidwaya

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