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Afrique : Enterrement de première classe pour le NEPAD

Publié le jeudi 22 mars 2007 à 08h19min

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Tout était beau, du moins sur le papier, qui finit... mal. Pour beaucoup d’Africains, c’est sans doute un rêve qui s’écroule et des espoirs qui s’envolent.

Alors que sa naissance devait consacrer un nouveau départ, une vision et un cadre stratégique pour la renaissance du continent africain toujours à la recherche de ses marques, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) est aujourd’hui au plus mal.

Les faits sont là, têtus. Le NEPAD est dans l’agonie et la mort semble avoir déjà sorti ses griffes. Et si rien n’est fait pour le sortir de cette situation critique, il ne restera plus qu’à lui préparer un enterrement de première classe.

Mais faut-il vraiment s’en étonner ? Assurément pas. D’autant que, on s’en souvient, le monde avait assisté, à l’époque, à une querelle autour de la paternité du projet, qui cachait mal une bataille de leadership. Cette petite bagarre entre certains parrains du NEPAD n’était-elle pas finalement un signe des temps ?

Autres récifs qui pourraient avoir pu se dresser sur le parcours du NEPAD et retarder ainsi sa marche pour une Afrique plus prospère, plus unie et plus présente sur la scène internationale : des blocages organisés par des forces souterraines dont les intérêts personnels pourraient être en totale opposition avec les retombées d’une Afrique résolument debout.

Quant à l’Occident dont les promoteurs du NEPAD attendent certainement beaucoup trop, en termes de financement du programme, il n’est pas certain qu’il soit toujours disposé à financer cet ambitieux programme, surtout que sa réalisation consacre l’émancipation, l’union des forces et le décollage de l’Afrique. Ce qui n’est sans doute pas dans l’intérêt d’un Occident toujours jaloux de son ascendance sur le continent.

Le talon d’Achille du NEPAD, c’est peut-être sa trop grande dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Tout se passe en effet comme si la réalisation des grands chantiers du projet devait reposer essentiellement entre les mains des entreprises occidentales. En acceptant de délier grandement les cordons de la bourse, que gagneraient-elles en retour ? Une satisfaction morale d’avoir permis au continent noir de moins se passer des pays du Nord ? Tout laissait penser que le NEPAD était déjà un programme mort-né.

Aux raisons de l’échec sus-citées, il faut ajouter que le NEPAD, programme pour le moins surdimensionné, semblait trop embrasser sans pouvoir bien étreindre. Autant ses concepteurs avaient vu trop grand, autant, visiblement, ils ne s’étaient souciés au préalable de la question des moyens, financiers notamment. Comme si l’on avait mis la charrue avant les boeufs.

Toujours est-il que cet échec presque consommé révèle, une fois encore, l’incapacité des dirigeants africains à concevoir et à réaliser des projets de grande envergure, qui engagent le destin du continent.

Au manque de foi, de vision et de volonté politique, pour certains, s’ajoute, pour la quasi-totalité des chefs d’Etats, la tendance maladive et malsaine à toujours tendre la sébile aux pays du Nord.

Et puis, le fait que le NEPAD ait été pratiquement imposé par quelques chefs d’Etat africains, donc par le sommet, n’était pas pour garantir son succès. On fera remarquer par exemple le mépris par les initiateurs du programme, de toute consultation préalable des populations. De fait, durant l’élaboration du NEPAD, quel syndicat, quelle association, quel mouvement politique ou quel parlement les têtes couronnées ont-elles consultés ?

Ceci étant, la quasi mise en bouteille du NEPAD sonne-t-elle comme une occasion ratée pour le continent de rattraper son retard vis-à-vis du reste du monde ? En tout cas, un échec effectif du programme ne sera pas sans conséquences pour l’avenir de l’Afrique. On le sait, la création du NEPAD devait répondre notamment aux exigences de la mondialisation. Dans un monde impitoyable où elle doit trouver les moyens de se frayer le chemin de son indépendance et de son affirmation, il est clair que l’Afrique, sans l’atteinte des objectifs du programme, sera davantage reléguée à la périphérie et, de ce fait, plus écrasée encore.

Au moment où le rempart pour l’Afrique contre les effets pervers de la mondialisation est en train de s’écrouler comme un château de cartes, quel avenir pour l’Afrique ? Cette situation impose au moins un constat : pour le continent, la rupture avec les micro-Etats n’a pas encore sonné. Encore moins la fin des sempiternels errements.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 22 mars 2007 à 13:23, par BANSE Zinguin Mohamed En réponse à : > Afrique : Enterrement de première classe pour le NEPAD

    Le problème de paternité pour le NEPAD suite à sa naissance ne devrait pas poser de problèmes. Si le problème de sa survie vient des promoteurs la solution est simple :

    1°) Que ce projet devienne une institution de développement pour l’Afrique et toutes les organisations régionales et sous régionales soient simplement des Bureau NEPAD pour tel ou tel zone. Et que ces organisations soient toutes simplement rebaptisées.

    2°) Que cette institution NEPAD devienne le seul organisme par lequel tous les investissements de développement provenant de tous les bailleurs de fonds, de toutes les instituions de Brettonwood, le FMI, et la Banque Mondiale doivent converger, pour la gestion financière et la gestion du projet durant toute son implémentation, que le projet soit destiné à un pays africain ou un autre peu importe, l’institution veillera à ce que le projet rentre dans la ligne des projet du NEPAD en ce qui concerne ce pays.

    3°) Selon Pascal : "quand vous avez un gros problème, divisez le problème jusqu’à la plus petite particule que vous pouvez solutionner et en solutionnant plusieurs particules tout le problème sera résolu" .

    Si le problème ne vient pas des promoteurs, raison de plus pour renforcer la lutte en créant cette institution comme décrite au-dessus.

    Ce que les africains doivent comprendre :

    1°) Personne au monde ne laissera sa maison pour construire leur maison.

    2°) Les dirigeants africains doivent dès maintenant apprendre à gérer des projets qui dépassent leur longévité dans l’intérêt du continent et de leur générations futures.

    3°) Si consulter le peuple n’est par dans leur habitudes quotidiennes cela ne doit pas être un frein au développement pourvu qu’il y est développement.

    4°) Un projet de cette taille, tel que le NEPAD ne peut pas être récupéré à des fins politiques personnelles puisqu’il s’étend sur plusieurs décennies et concerne tout le continent.

    Au lieu d’exiger des urnes transparentes, la bonne gouvernance, la lutte pour l’environnement, contre le Sida, l’éducation, contre la pauvreté, etc.. voilà déjà un moyen de tester et corriger les dirigeants africains sur leur bonne foi, si les bailleurs de fonds ont vraiment pour objectif le développement d’un continent qui ne fait que du jour au lendemain perdre le pas de l’évolution et les conséquences se résument par la fuite des populations vers les zones du monde ou ils peuvent mieux vivre.

    Notre monde est un vase communiquant s’il n’y a pas d’équilibre, vous versez une goutte d’eau et le vase déborde sur l’autre côte. Si l’Afrique ne se développe pas tout développement du reste du monde sera un mal de plus pour le continent africain.

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