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INSD : Les travailleurs dénoncent une mauvaise gestion

Publié le jeudi 15 mars 2007 à 08h45min

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A l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), rien ne fonctionne comme il se doit. C’est ce que déclarent les travailleurs de cet institut, à travers le Syndicat national des travailleurs de la planification et de la coopération (SYNTPC).

Ce syndicat qui dénonce une mauvaise gestion à l’INSD, marquée entre autres par un manque de transparence et une gestion solitaire, proteste contre les affectations arbitraires de certains camarades. Pour en savoir davantage, nous avons rencontré le secrétaire général du SYNTPC, Félix Bonkoungou, qui était assisté du délégué du personnel de l’INSD, Paul Tiendrébéogo.

"Le Pays" : Qu’est-ce qui peut bien se passer à l’INSD pour que votre syndicat lance une pétition ?

Félix Bonkoungou : Au sortir du congrès de la CGTB des 26, 27, 28 et 29 novembre 2006, il a été recommandé à tous les syndicats de base de se remobiliser, se restructurer afin d’être plus efficaces pour la lutte contre la vie chère et pour l’amélioraton des conditions de vie des travailleurs. A la suite de ce congrès, le SYNTPC entendait dynamiser l’organisation pour contribuer davantage

aux débats au niveau de notre ministère. Pour cette raison, nous avons convoqué le 17 janvier 2007 une assemblée générale des travailleurs de l’INSD et notre objectif était de remettre en place les structures du syndicat à l’INSD. A notre grande surprise à l’issue de cette assemblée générale, le secrétaire général du syndicat (NDLR : notre interlocuteur), recevait une affectation au secrétariat général du ministère de l’Economie et du Développement le 22 janvier.

Nous avons informé les camarades et une rencontre extraordinaire a été organisée le 25 janvier pour communiquer les résultats de l’assemblée du 17 janvier et la rencontre avec le directeur général de l’INSD. A cette occasion, nous avons informé les travailleurs de la nouvelle situation et il a été décidé de faire une pétition pour dénoncer les problèmes de fonctionnement et de mauvaise gestion à l’INSD de même que les affectations, parce qu’il y a eu en plus du secrétaire général, celle d’un autre collègue qui a auparavant démissionné de son poste d’une direction technique de l’INSD.

Sur quels sujets a porté votre rencontre avec le DG de l’INSD ?

Immédiatement après l’affectation des agents en question par le secrétaire général, nous avons rencontré le directeur général, en lui posant les différents problèmes évoqués en assemblée générale. Il a été, entre autres, question du reversement des agents de l’INSD dans la grille EPA et nous lui avons demandé s’il était au courant des affectations. Il a dit non. Le directeur nous a fait savoir qu’il a pris contact avec le secrétaire général, et il estime qu’il a le droit d’affecter les agents.

Qu’est-ce que vous entendez concrètement par mauvaise gestion, manque de transparence, gestion solitaire de l’Institut ?

L’INSD est une structure très technique et les différentes questions nécessitent que l’ensemble des travailleurs y soient associés. Par le passé, les conseils de direction se tenaient régulièrement tous les mois, les directeurs se retrouvaient avec le directeur général pratiquement toutes les semaines et de temps en temps, il était organisé une assemblée générale de l’ensemble des travailleurs pour leur faire le point. Entre ces intervalles, les services devraient se retrouver et à cette occasion, les problèmes techniques étaient réglés.

Cela constituait un cadre pour informer les travailleurs sur ce qui se passe et la marche technique de la maison. Ces rencontres ont été supprimées et personne ne comprend absolument rien. Tout le monde suit comme si cela se passait ailleurs et non à l’intérieur. Le manque d’information développe la rumeur et nous estimons que c’est de la mauvaise gestion, parce que cela bloque les activités.

Quelles sont ces activités ?

Le service des Prix a des problèmes de fonctionnement ; le service des Statistiques agro-pastorales qui se trouve à la direction des Statistiques générales ne fonctionne plus pratiquement ; celui de la Conjoncture qui est à la direction des Etudes économiques ne mène plus d’activités depuis 2 ans et les activités sont au ralenti au service du Commerce et des entreprises.

Quand votre service ne fonctionne pas vous avez des difficultés pour vous épanouir. Dès que nous avons tenu l’assemblée générale, les travailleurs voulaient qu’on parle du problème de fonctionnement, pour que nous puissions identifier l’ensemble des problèmes et les traduire à qui de droit, afin de les résoudre.

Est-ce le blocage qui vous a améné à lancer la pétition ?

La difficulté majeure est le statut de l’INSD. Actuellement, l’INSD est un établissement public à caractère administratif (EPA) et dans ces conditions, le fonctionnement doit être conforme aux autres EPA. L’Institut est une structure assez spécifique qui réalise des activités ponctuelles devant se dérouler dans un temps bien déterminé. Par exemple, une enquête se fait en un temps bien déterminé pour mesurer un phénomène et si vous débordez cette période, la mesure du phénomène n’est plus cela. Si vous allez enquêter un foyer le 31 décembre, ce n’est pas la même chose si vous allez le 30 septembre.

La structure EPA est tellement lourde, qu’il n’est pas possible de réaliser dans les temps bien précis ce type d’enquête et il y a également des problèmes financiers, de décaissement qui se posent.

Paul Tiendrébéogo (délégué du personnel à l’INSD)

Le problème majeur à l’INSD est le texte d’EPA appliqué à l’institut. C’est comme une camisole qu’on doit porter à l’INSD par rapport aux textes en vigueur, sans tenir compte de la spécificité de l’institut.

A quel stade des négociations vous situez-vous depuis que vous avez saisi le ministre de l’Economie et du Développement ?

Nous avons adressé la pétition le 6 février dernier à notre ministre de tutelle, à savoir celui chargé de l’Economie et du Développement et nous en avons fait ampliation au ministre des Finances et du Budget, parce qu’il y a un volet financier dans la question. Après le 6 février, nous avons convoqué une assemblée générale des travailleurs pour faire le point du niveau de la pétition. Les travailleurs ont recommandé que par souci de contact et de dialogue, nous fassions un pas pour demander au ministre la suite réservée à la pétition.

Ce qui veut dire qu’avec le ministre, nous allons parler de la pétition et cela va être une opportunité pour échanger sur les autres points contenus dans la pétition tels que la mauvaise gestion et le dysfonctionnement des services. Depuis le dépôt, nous n’avons pas eu de réaction et nous avons fait une relance en demandant une audience le 12 février, sans avoir eu de réponse. Nous attendons toujours. Nous pensons que la situation à l’INSD est très sérieuse pour que nous puissions discuter de ces questions avec le ministre.

Comment comptez-vous finalement résoudre vos problèmes ?

La décision ayant été prise par les travailleurs, nous allons, dans un premier temps, les inviter à une assemblée générale, afin de décider de la conduite à tenir.

Pouvons-nous avoir une idée de la forme de lutte que le SYNTPC compte entreprendre ?

Les syndicats ont leurs méthodes de lutte et nous allons utiliser ces méthodes qui restent dans le cadre de la loi, et tout est possible.

Des problèmes avaient été soulevés lors du recensement général de l’habitat et de la population (RGHP). Qu’en était-il exactement ?

Le recensement général de la population est une grande opération qui en principe doit mobiliser tout le peuple burkinabè et surtout l’ensemble des cadres de l’INSD. Les problèmes organisationnels ne manquent jamais et tous les recensements réalisés en ont connu. Pour ce qui est du RGHP de 2006, il y a eu d’énormes difficultés de financements et lorsque les financements étaient disponibles, il y a eu beaucoup d’incertitudes qui entouraient l’opération. Ce qui fait que les taux ont dû être fixés en fonction de la mobilisation et cela a fait en sorte qu’à un certain moment de l’organisation, on veuille essayer de ramener les choses à leur juste valeur par rapport à ce qui existe.

Ce qui est certain et que nous déplorons, c’est l’organisation qui n’a pas été à la mesure des autres recensements de la population. Nous pensons qu’il fallait associer tous les cadres qui sont à l’intérieur de la maison, toutes activités cessantes. Au moment où le recensement se déroulait, plus de la moitié des cadres étaient toujours à l’INSD pour mener d’autres activités.

Propos recueillis par Antoine BATTIONO

Le Pays

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