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Prix du transport Koudougou-Ouaga : Une augmentation qui n’est pas du goût de tous

Publié le vendredi 23 février 2007 à 07h09min

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Depuis le 10 février, le ticket de voyage Koudougou-Ouaga et vice versa est passé de 1500 F à 2000 F. Si du côté des transporteurs cette augmentation s’avérait nécessaire, du côté de la clientèle cette nouvelle tarification est tout simplement inopportune et injustifiable. C’est en tout cas le constat que nous avons pu faire après un tour des différentes compagnies opérant à Koudougou.

Longtemps, le ticket du voyage Koudougou-Ouaga ou Ouaga-Koudougou coûtait 1000 F. Un montant qu’il fallait débourser pour bénéficier d’une place dans une Peugeot 405 bâchée, une TOYOTA Hiace 18 places où une 504 familiale.

C’était au temps ou voyager entre les deux villes était un vrai parcours du combattant. Non pas que la route était mauvaise, car la nationale 14 reliant la 1re et la 3e ville du pays figure parmi les premières routes bitumées, mais parce que les véhicules étaient en piteux état.

Déjà, l’heure du départ était fonction du remplissage de la ‘’boîte de sardine’’. On pouvait prendre son ticket à 10H avec un convoyeur qui vous assurait que le départ était imminent et attendre jusqu’au soir. L’arrivée était soumise aux mêmes incertitudes : les multiples arrêts pour prendre ou déposer un passager et les fréquentes pannes.

Au début des années 1990, deux Sociétés de transport plus ou moins modernes Wendsongda (STWS) et Pengdwendé (STPW) feront leur apparition. Elles seront rejointes par les sociétés de Transport Rayi’s (TRS) et Kiendrébéogo et frères (STKF) puis, tout dernièrement, confort (qui ne fera pas long feu), STP-KZA et Liza transport.

Ça a été une vraie révolution dans le domaine du transport routier qui coïncidera avec la baisse du trafic ferroviaire due aux ennuis de SITARAIL. On pouvait aller de Koudougou à Ouaga comme bon vous semblait et inversement. Naturellement, la qualité du service étant liée au prix, celui-ci passa de 1000 F à 1250 F, puis à 1500 F. Non sans quelques grincements de dents vite étouffés par la qualité des prestations.

Mais paradoxalement, ces augmentations ne seront pas mises à profit par les différentes sociétés qui laisseront vieillir, si ce n’est pourrir leur parc auto. Certaines vont fermer boutique à l’image de STKF, de confort, de Liza Transport, de STWS.

Seules ont survécu Rayi’s, STP-KZA et STPW. Rien de notable n’ayant vraiment été fait dans le domaine du renouvellement du parc, rebonjour les désagréments, notamment les pannes. C’est vrai que les départs sont réguliers (quasiment un car bouge toutes les heures) mais pour le confort, la sécurité, l’accueil et la ponctualité, on repassera.

Les fréquentes augmentations du prix du carburant avaient fait craindre une répercussion sur celle du prix du voyage mais rien n’y fit et depuis lors, les 100 km séparant Koudougou et Ouaga étaient ralliés à 1500 F.

Mais, comme dit plus haut, cette donnée a changé depuis le 10 février au grand désarroi des usagers qui ne comprennent pas qu’ayant résisté à l’inflation du prix du pétrole les transporteurs revoient le prix à la hausse au moment où celui du carburant a nettement chuté.

Une mesure de 2004 appliquée maintenant

Il a fallu que nous fassions un tour du côté de la représentation locale de l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF) pour comprendre les raisons de cette augmentation. En effet, Lassané Zongo, secrétaire général de ladite organisation, nous informera qu’en 2004, il y a eu une augmentation générale des prix de transport au Burkina Faso.

Les nouveaux prix auraient été fixés suite à des études de terrain entreprises par l’OTRAF et à la signature d’une convention collective par la quasi-totalité des transporteurs routiers. Le trajet Koudougou-Ouaga devait être alors de 2000 F.

Mais selon Lassané Zongo, des problèmes spécifiques et autres divergences ont fait que les compagnies de Koudougou n’ont pas pu appliquer la nouvelle tarification. Il précisera qu’en 2005, avec l’augmentation du prix du carburant, les transporteurs ont fait des démarches auprès de l’OTRAF afin que les nouveaux prix soient appliqués.

L’organisation avait alors marqué son accord, mais au niveau des compagnies toujours, les mêmes divergences ont grippé l’augmentation. En effet, pendant que certains parlent de 2000 F le prix du ticket, d’autres planchent pour 1750F si ce n’est rester à 1500F. Ces divergences ont fait le bonheur des usagers qui continuent de payer l’ancien prix.

« Le constat de l’OTRAF est que les compagnies n’arrivent pas à s’en sortir avec les 1500 F. Les véhicules vieillissent sans qu’elles n’arrivent à les changer ou les réparer correctement, les pannes sont fréquentes. Avec cette augmentation qui n’est que l’application des prix de 2004, les compagnies ne font que se mettre à jour des termes de la convention collective », a conclu le secrétaire général de l’OTRAF, Lassané Zongo.

Quand nous avons fait le tour des différentes gares, nous avons constaté que les départs se font toujours régulièrement même si les cars ne sont pas remplis. A Rayi’s, devant nous, un car a bougé avec moins de 15 passagers à bord. Cela est-il dû à l’augmentation ?

A STPW tout comme à Rayi’s, on pense que non. Mais plutôt à la période morte. Mais nous sommes tenus de bouger aux heures fixées afin de respecter le programme et permettre la rotation des véhicules, nous confie-t-on à STPW, où il nous a été précisé que des usagers sont venus formuler leur mécontentement ; mais comme il s’agit d’une convention, la solution de la baisse n’est pas de leur ressort. De même, ajoute-t-on, l’augmentation s’est faite sur la base d’études, de la TVA et autres impôts et frais liés au trafic routier.

Lassané Zongo soutient que l’augmentation n’est pas liée au prix du carburant. Les premières autorités en charge du transport sont au courant de ces nouvelles tarifications et du processus y ayant abouti, a-t-il conclu.

Avant de sauter dans son car pour Ouaga, Tiendrébéogo Kibissi, convoyeur à Rayi’s, s’est refusé de faire un bilan de l’augmentation. L’affluence se constate surtout pendant les fêtes et les fins du mois. Parlant de rentabilité liée à l’augmentation, Tiendrébéogo Kibissi la relativise même s’il juge qu’elle était nécessaire.

Vision contraire des usagers

Les usagers n’ont pas cependant la même vison des choses. Tous ceux que nous avons approchés balaient du revers de la main les arguments avancés par les responsables de l’OTRAF et les compagnies de transport.

Mme Tagui Liliane qui vient juste de descendre d’un car trouve les nouveaux prix excessivement chers. « On doit travailler à soulager le citoyen ; mais avec cette augmentation, on est loin de cette donne ». De même, Ouédraogo François que nous avons rencontré à Rayi’s, trouve que 2000 pour 100 km, c’est trop. Il dit ne rien comprendre de cette augmentation alors que le gouvernement a fortement baissé le prix du carburant.

Pour Nabi Gilbert ex-travailleur de Faso Fani, les arguments avancés ne tiennent pas. « Toute la population s’est battue pour que le gouvernement revienne sur le prix du carburant. A défaut de diminuer, on ne devrait pas augmenter », a-t-il soutenu presque en colère. Il trouve que ce n’est pas cette augmentation qui va améliorer la qualité du service qui est, selon lui, loin d’être satisfaisante.

Même incompréhension sur l’opportunité et le moment où intervient cette nouvelle tarification selon Mme Gouem/Yaro Caroline. Car pour elle, avec la baisse des prix des hydrocarbures, cette augmentation devient superflue. « Ils ont peut-être des raisons sérieuses qui les ont contraints à revoir les prix à la hausse, mais j’aurais souhaité que la population en soit très largement informée », a-t-elle dit tout en appelant les compagnies à veiller à la ponctualité et au confort à défaut d’une baisse du prix.

Cette option de baisse, tous nos interlocuteurs l’ont émise et chacun y est allé de sa petite proposition : 1500 F, 1750 voir 1000 F ou 1250 F pour certains. Faut-il croire que ces propositions sont utopiques ? On ne saurait le dire ; mais du côté des transporteurs, on parle de nouvelles mesures pour éviter les retards en supprimant les multiples arrêts pour prendre des passagers.

En coulisse, on murmure qu’une compagnie envisage de faire venir de nouveaux cars pour augmenter son parc et veiller au confort des usagers. Ce sera ça de gagner en attendant, pourquoi pas, une révision à la baisse du prix du transport Koudougou-Ouaga. Car 4000 F en aller-retour entre ces 02 villes voisines, c’est, reconnaissons le, tout de même trop cher. A titre indicatif, nous vous proposons en encadré la convention collective signée en 2004 par 25 compagnies de transport.

Cyrille Zoma


Convention collective sur la concurrence du secteur "Transport de passagers"

Vu l’article 1134 du Code civil qui stipule que : "Les conventions légalement formées tiennent lieu de Loi à ceux qui les ont faites. Elles ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel ou pour les causes que la Loi autorise. Elles doivent être exécutées de bonne foi".

Considérant les réunions de concertation tenues dans la salle des assemblées générales de l’OTRAF les 15/09/2004 et 18/09/2004, 23/09/2004 et dont il est ressorti une pleine prise de conscience de la situation catastrophique dans laquelle sont plongés tous les opérateurs du secteur "transport de passagers".

Considérant que cette situation de déconfiture va en s’empirant au fur et à mesure des jours, à cause de la pratique irréfléchie d’une concurrence nuisible entraînée par la baisse du prix du voyage.

Attendu que cette concurrence, basée sur la baisse, sans étude préalable du prix du voyage, loin d’être un facteur de promotion, s’avère être dangereuse, voire destructrice pour le corps des transporteurs. Attendu qu’il est impératif d’inverser cette tendance néfaste.

Les responsables des sociétés de transport de passagers ;
- les responsables des gares publiques ;
- les particuliers transporteurs de voyageurs.

Déclarent sur l’honneur :

1. Convenir d’un prix plancher conforme aux prix officiels de 14 F le km, la route non bitumée. Qu’au-dessus de ce prix plancher, nul n’a le droit de transporter.

2. Encourager - les vertus de la concurrence pure et parfaite n’étant pas contestées - une concurrence saine axée désormais sur la qualité du service, les commodités offertes aux passagers.

Compte tenu de l’importance vitale de la question, un corps de contrôle sera mis sur pied pour veiller à l’application stricte de la présente convention.

En cas de manquement, les transporteurs pourront, à la demande et sur la base de la présente convention, investir la mission d’ester en justice pour demander des dommages et intérêts conséquents au fautif. Ainsi fait et signé pour servir et valoir ce que de droit.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 23 février 2007 à 09:09, par soul En réponse à : > Prix du transport Koudougou-Ouaga : Une augmentation qui n’est pas du goût de tous

    Selon la convention le tarif est de 14f le km pour les routes non bitumées,en faisant un calcul pour les 100km de koudougou cela ne devrait pas excedés les 1500 f.Donc cette histoire de convention est une fausse histoire,ils se foutent de nous.

  • Le 24 février 2007 à 11:31, par Pays En réponse à : > Prix du transport Koudougou-Ouaga : Une augmentation qui n’est pas du goût de tous

    Les compagnies de transport sont simplement gourmandes. Elles se sont liguées pour sucer les etudiants, eleves prof, infirmiers et autres eleves enseignants qui n’ont d’autre choix que de se plier à leur injonction. Conformement à la convention, 14cfa/km donne 1400cfa/100km. Le prix de 1500cfa pour le trajet est donc raisonable. C’est bon la liberalisation, mais il faut quelques gardes-fous pour controler les decisions des comer et autres hommes d’affaire qui ne pense que faire des benefices et se sucrer sur le dos des pauvres citoyens. Si on n’y prend garde, d’ici là, il faudra debourser 20000cfa pour un aller simple Ouaga-Bobo.

  • Le 24 février 2007 à 13:46 En réponse à : > Prix du transport Koudougou-Ouaga : Une augmentation qui n’est pas du goût de tous

    Je viens de lire l’article sur l’augmentation du prix du transport Koudougou-Ouaga. Je vous remercie de porter cette information à l’opinion publique. A mon avis c’est vraiment absurde. C’est du n’importe quoi. Arriver à résister à la crise pétrolière, et au moment que le prix du pétrole baisse on se base sur des textes datant de 3 pour rehausser le prix du transport. Tout simplement parce que ses propres intérêts et le consommateur, lui, il doit subir. Quand le responsable de OTRAF parle d’une étude ; une étude qui doit permettre de fixer un prix doit tenir compte du consommateur. L’objectif d’une étude de prix, c’est de trouver un équilibre, pour qu’à ce prix offreur et demandeur ne se plein. Sur la convention il es écrit que "convenir d’un prix plancher conforme aux prix officiels de 14 F le KM, la route non bitumée. Qu’au dessus de ce prix, nul n’a le droit de transporter". Alors je me dis qu’il y a violation de texte à ce niveau. Koudougou-Ouaga ça fait 100 km, 14 F * 100= 1 400F. En dessous du prix du transport qui était de 1500 F. alors c’est quel texte qui les permet alors de faire grimper le prix du transport Koudougou-Ouaga à 2000F ? Et cette convention précise "la route non bitumée". Koudougou-Ouaga est bitumée donc raisonnable le prix devrait être moins que ça. Je crois que c’est une stratégie courant au Burkina Faso de faire grimper les prix. Souvenez vous du carburant. On commence à augmenter un peu, si le consommateur ne réagi pas on augmente encore, s’il ne réagi toujours pas on fait grimper les prix. Et au fond ça ne tient pas !En réalité, c’est comme disait quelqu’un : "Ouagadougou on ne vit parce qu’on veut mais parce qu’on peut". Une manière de rendre la vie difficile au Burkina. Les pauvres s’appauvrissent et les riches s’enrichissent. Je vous remercie encore d’avoir défendu l’intérêt du consommateur espèrent que des mesures seront prisent pour satisfaire le consommateur. Je vous remercie

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