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Exception de développement : Quelle démarche programmatique ?

Publié le jeudi 22 février 2007 à 03h39min

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Blaise Compaoré

Lors du dernier Sommet Afrique-France tenu à Cannes, le président du Faso, qui dirigeait la table-ronde consacrée aux matières premières, a parlé "d’exception de développement" pour offrir aux plus faibles "des chances plus grandes qu’aujourd’hui pour atteindre un niveau de développement acceptable". Une idée audacieuse, voire révolutionnaire qui appelle à la réflexion pour sa mise en chantier.

A entendre le président du Faso, il faut donc "créer un contexte nouveau où la question du développement doit se trouver au cœur des questions économiques du monde". Dans un langage peu diplomatique, Blaise Compaoré appelle à rompre avec l’iniquité caractérisant jusque-là les relations économiques internationales (inégalités des termes de l’échange, concurrence déloyale dans le commerce, libéralisme "sélectif", etc.) pour instaurer un système dans lequel "les peuples qui sont les plus faibles dans les échanges", auront désormais voix au chapitre.

Une démarche révolutionnaire, disons-nous, qui commande d’abord que l’on lutte contre l’aliénation culturelle, avec l’idée répandue selon laquelle "le Nègre n’a jamais été responsable de quoi que ce soit de valable, même de ce qui existe chez lui" (Cheick Anta Diop, Nations Nègres et culture, p.13).

Il faut donc s’intéresser aux problèmes de culture pour donner à cette lutte toute son efficacité pour la transformer en une lutte d’indépendance nationale, car, c’est de cela dont parle Blaise Compaoré en définitive. Cela nécessite une réappropriation de notre histoire commune, pour savoir d’où nous venons et "découvrir" que nous sommes les héritiers de la plus brillante des civilisations qui ait existé dans le monde jusqu’à nos jours.

Il s’agit de celle égyptienne dont grecs, sémites, phéniciens et peuples de l’Asie se sont inspiré pour bâtir la leur. Une démarche indispensable qui passe par une remise en cause des curricula actuels qui distillent insidieusement cette aliénation culturelle.

Passer à la conquête de l’indépendance économique

Un moyen de domination vieux comme le monde et nous sommes pris au piège, nous qui "nous instruisons de notre passé, de notre société sans esprit critique à travers les ouvrages occidentaux" (op cit, p14).
Rendre périmées et grotesques ces armes culturelles, voilà le rôle historique des leaders politiques et d’opinion africains.

Ce travail de construction théorique terminé, on passera facilement à la pratique avec, comme chantier, la conquête de l’indépendance économique. Laquelle restera au stade de l’utopie tant que l’existence d’États africains indépendants, fédérés au sein d’un gouvernement central, démocratique, ne sera pas une réalité.

Un tel État " n’aurait qu’à vendre sur le marché international ses produits en excédent et à y acheter ce dont il manque le plus, tout en évitant de subir la pression d’un monstre économique quelconque" ; (op.cit p21). Et, il ne dépendrait économiquement des autres qu’autant que ces derniers dépendraient de lui. Voilà la conception à avoir de l’interdépendance économique : éviter à tout prix de dépendre des autres plus qu’ils ne dépendent de nous, car il s’ensuivrait automatiquement des liens unilatéraux de colonisation et d’exploitation.

Pris individuellement, nos États ne sont pas encore indépendants car, par le biais des pressions extérieures et le jeu des forces économiques, ils sont forcément dans l’orbite d’une grande puissance. Seule la solution fédérale peut déduire cette objection. Il faut se faire à l’idée que les frontières actuelles, tracées pour la commodité de l’exploitation coloniale et parfois au hasard, ne sont pas forcément inviolables et nous devons éduquer notre conscience en vue de la rendre apte à accepter une future modification.

Derrière "les mesures exceptionnelles" du président du Faso, se cache donc un combat de titans que nous devons gagner, si nous voulons mériter des générations futures. C’est dire si on attend un signal fort lors du prochain sommet de l’UA à Accra qui doit "plancher" sur l’avènement des États-Unis d’Afrique.

Boubacar SY

Sidwaya

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