Cela fait aujourd’hui douze jours que le pouvoir ivoirien et son opposition armée se concertent à Ouagadougou. Pendant tout ce temps, la médiation a écouté les récriminations de chaque partie contre l’autre. En douze jours, le ministre burkinabè de la Sécurité, Djibrill Bassolé a fait des va-et-vient entre les frères ivoiriens qui se regardent en chiens de faïence depuis bientôt quatre ans.

L’étape des consultations tire véritablement à sa fin puisque, on annonce que la première phase des consultations est terminée. On pourrait alors amorcer la deuxième phase des négociations, celle qui consistera à examiner le document de synthèse, le draft que la médiation va soumettre dans les heures à venir aux différentes délégations. « Les consultations des différentes délégations sont terminées », a indiqué un délégué qui prend part aux discussions. La veille, le ministre Bassolé affirmait qu’ « il n’ya rien qui bloque » dans les discussions. Et d’ajouter qu’il faut « beaucoup de consultations dans ces genres de chose ».

Après plusieurs allées et venues Abidjan-Ouagadougou entre vendredi soir et mardi, le porte-parole du président Laurent Gbagbo, Désiré Tagro continue de diriger avec sérénité, la délégation du pouvoir qui prend part aux discussions. Une ambiance bon enfant s’est d’ailleurs installée entre les frères « ennemis » ivoiriens qui partagent le même hôtel.

On a ainsi aperçu le porte-parole de la présidence ivoirienne en pleine conversation avec le secrétaire du RDR (Rassemblement des républicains) chargé des relations avec les partis politiques, Adama Bictogo. Le dialogue semble donc s’installer et le mur de la méfiance s’écroule de plus en plus. La chaleur des salutations entre M. Tagro et le commandant des Forces nouvelles, Issaka Ouattara dit « Ouattao » la semaine dernière peut confirmer la confiance du ministre Bassolé qui déclare que les choses avancent « bien, très bien même ».

Vous serez convié au « festin »

Tous les jours, la médiation burkinabè rencontre chaque délégation et on se demande quand arrivera l’heure des débats directs. Une véritable omerta entoure les négociations et il est presque inutile de chercher à savoir les détails de ce qui a été dit. « Nous voulons nous assurer que tout sera clair », avait indiqué le « monsieur négociation », laissant entendre par là que le président Blaise Compaoré, nommé médiateur par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avec les bénédictions de son homologue ivoirien, entend éviter les pièges des accords précédents qui ont tous connu des échecs dans leur application. Les textes flous ayant quelquefois ouvert la porte à toutes les interprétations possibles.

« Vous serez conviés au festin », a assuré le ministre Bassolé, rassurant ainsi les journalistes qui déplorent les difficultés qu’ils rencontrent à faire parler les différentes délégations. Tout semble s’acheminer vers un grand festin, comme l’a dit le ministre. Pourvu qu’après le champagne, on n’ait pas les mêmes résultats que Marcoussis.

Romaric Ollo HIEN

Sidwaya