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Dialogue inter-palestinien : La médiation saoudienne légitime le Hamas

Publié le lundi 12 février 2007 à 07h10min

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Ça y est : la paix revient doucement mais avec davantage de chances dans le camp palestinien. Au grand bonheur non seulement de ce peuple martyr, mais aussi de la partie saoudienne qui aura mis tout son poids dans la balance.

Ce faisant, Ryad aura non seulement coupé l’herbe sous les pieds des Occidentaux, mais aussi légitimé le Hamas, qualifié d’organisation terroriste. Reste à faciliter la mise en œuvre de l’accord.

En parvenant à faire signer le nouvel accord par les frères ennemis du Fatah et du Hamas, les premiers responsables des lieux saints ont certainement fait d’une pierre plusieurs coups. D’abord, au plan moral : l’accord a mis fin -du moins pour l’instant- à la discorde dans la famille palestinienne. Ensuite, au plan religieux : l’on a rappelé à leurs devoirs des fidèles musulmans arabes jusque-là égarés dans le labyrinthe de la politique politicienne. Avant toute chose, n’ont-ils pas prié ensemble pour purifier leur cœur et retrouver le difficile chemin de la paix ?

Cet accord a aussi confirmé, s’il en était encore besoin, l’ascendance morale des Saoudiens, défenseurs des valeurs cardinales des lieux saints. Les autorités royales ne pouvaient, en effet, demeurer longtemps indifférentes face aux diatribes de tous ceux qui affirment haut et fort leur appartenance à l’Islam tout en n’hésitant pas à massacrer leurs correligionnaires, allant ainsi à l’encontre même des commandements divins.

Enfin, c’est bien une victoire diplomatique pour Ryad qui se repositionne ainsi sur l’échiquier régional. Ceci à un moment où les tensions internationales sont des plus vives : dossiers syro-libanais, crise nucléaire avec les Iraniens et les Nord-Coréens, fractures sociales, rébellions internes ou tiraillements aux abords des frontières, entre autres. En outre, les puissances occidentales, la Chine et la Russie ont bien d’autres chats à fouetter : joutes électorales sur fond de crises socio-politiques, économiques et religieuses, conquêtes de marchés, élargissements du cercle d’amis, etc.

Faut-il rappeler que le compromis historique intervient après tant de rancoeurs et surtout aux lendemains du refus des Occidentaux de faire la part belle au Hamas, pourtant vainqueur reconnu d’élections démocratiques transparentes et propres ? En légitimant de fait le Hamas, que l’Occident voue aux gémonies, l’Arabie Saoudite ne prend-elle pas le risque de s’aliéner la bienveillance de ses amis occidentaux ? A moins que ces derniers aient donné leur accord de principe, ce qui semble peu probable. Reste à veiller à une mise en œuvre effective de ces accords signés des belligérants d’une seule et même famille.

Sur ce point, l’Arabie Saoudite nous semble bien détenir les moyens et l’autorité morale nécessaires pour soutenir le projet. À cet égard, la mise en place d’un gouvernement d’union nationale coupe bien l’herbe sous les pieds des Occidentaux.

Bien que ces derniers et Israël soient constamment aux aguets, on ne saurait assez les inviter à calmer le jeu, à éviter d’envenimer les choses. Certes, l’Arabie Saoudite a les moyens de sa politique de médiation. Mais la paix dans la région impose une ligne de conduite raisonnable à chacune des parties prenantes au dossier. Nul n’a intérêt à ce que ce conflit perdure.

Israël a présentement trop de fronts qui l’occupent, dont ceux du Liban et de l’Iran menaçants. Il n’est nullement dans son intérêt de continuer à harceler les Palestiniens au moment même où certains de ses dirigeants ont maille à partir avec la justice. Il ne servirait donc à rien de jeter de l’huile sur le feu. Bien au contraire, il faudrait aider le voisin à éteindre le brasier qui consume sa case, sous peine de faire soi-même les frais de l’incendie.

Et si la rue doit se féliciter de la signature d’un tel accord, la réaction des officiels de certains pays arabes ne devra, par contre, pas surprendre. Certains n’apprécieront guère d’avoir été ignorés ou d’avoir joué à la cinquième roue de la charrette. Mais quels que soient les dividendes de la démarche, l’Arabie Saoudite est véritablement seule à les connaître. Il est toutefois hors de doute qu’elle a misé gros et semble bien sur la voie de gagner son pari.

"Le Pays"

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