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France/USA : Les Chiraquiens soldent leurs comptes !

Publié le jeudi 8 février 2007 à 08h02min

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Jacques Chirac

Persuadés qu’ils sont que les carottes sont désormais cuites pour eux dans la course à l’Elysée, les Chiraquiens par l’entremise du Premier ministre Dominique de Villepin et du ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste Blazy ont décidé de solder leurs comptes avec l’administration Bush qui aura été pour beaucoup dans leur bilan désastreux dans la gestion de la France.

« La politique américaine en Irak est un échec qui promet d’être plus désastreux si Américains et Anglais ne se retiraient pas du pays en 2008 ». On croirait entendre Oussama Ben Laden ou son maître à penser Ayman All Zawari, lançant une de leur « fatwa » à l’encontre de l’Oncle Sam, mais on aura tout faux.

Ce constat amer est en effet établi par le Premier ministre français Dominique de Villepin lequel en compagnie de son ministre des Affaires étrangères Philippe Douste Blazy vient de condamner sans rémission la politique proche et moyen orientale de l’administration Bush. Et nos duettistes d’enfoncer le clou en affirmant que le constat établi en février 2003 qui avait amené la France à se démarquer de cette « sale guerre » est plus que jamais réel, avec cette « déstabilisation » du Moyen-Orient qui va influer « durablement » sur l’état du monde au regard de la « folie » qui s’est emparée des cours de l’or noir, du terrorisme qui redouble « d’intensité » et last but not the least du « radicalisme » observé au niveau de certains Etats de la région jusque-là alliés sûrs du monde occidental.

Une attaque en règle qui avait été précédée du coup de semonce de Jacques Chirac himself, lorsque le président français s’était « oublié » devant la presse en affirmant qu’il n’y avait pas trop de « danger » à ce que l’Iran entre en possession de l’arme nucléaire. Plus qu’un crime de lèse-majesté, un affront à l’Oncle Sam et à son « petit-frère » israélien, lesquels n’ont jamais fait mystère de leur opposition à cette occurrence « grosse de dangers » pour le monde civilisé selon eux.

A travers ses critiques acerbes et ses prises de position contre-nature, Chirac et ses affidés règlent en fait leurs comptes avec une administration qui aura été l’une des causes de leur bilan économique et social catastrophique à la tête de la France avec comme corollaire, leur mise à l’écart dans la course à l’Elysée.

Chirac qui voulait rebelotter, ne le peut pas, lui qui n’a pas su reformer la France et apporter une réponse au mal-être de plus en plus grandissant de ses compatriotes. Bien sûr, il en est le premier responsable, mais, l’Amérique de Bush l’aura aussi « aidé » en adoptant des mesures de rétorsions économiques face à son discours anti-mondialiste et en mettant à mal les intérêts français un peu partout à travers le monde.

Sur le premier point, il vous souviendra qu’après les envolées lyriques de Dominique de Villepin devant le Conseil de sécurité de l’ONU en février 2003, l’administration Bush avait décrété un embargo sur les vins français fort prisés en Californie ainsi que sur d’autres produits de consommation courante sinistrant davantage un secteur industriel français déjà mis à mal par une insertion mécanique du pays dans la mondialisation.

La politique du dollar faible venait surenchérir le coût des exportations françaises accentuant le déficit de la balance commerciale. Malgré les supplications de l’UE, l’Amérique est restée de marbre punissant toute la « vieille Europe » qui avait eu le toupet de rompre le lien transatlantique.

Sarkozy « l’Américain »

Pour en revenir au cas de la France, il faut noter que l’intervention américaine en Irak avait remis en cause ses intérêts pétroliers, avec le décagnotage de Total-Fina-Elf qui avait un peu moins de 20% du marché et en Afrique notamment, la mise en œuvre du « Millenium Challenge Account » étant une indication claire de la volonté de l’Amérique de jouer un rôle majeur sur le continent jadis « chasse-gardée » des Gaulois en maints endroits.

Conjuguée à la concurrence des produits manufacturés chinois et de l’industrie automobile japonaise, cette politique « agressive » de l’Amérique fait plus que jamais de la France une puissance moyenne. Et, Dominique de Villepin a beau faire preuve d’inventivité après l’échec de Jean-Pierre Raffarin, qu’il n’arrivera pas à rallumer la flamme de l’espoir au niveau de ses compatriotes.

Carbonisé par son projet de contrat première embauche (CPE) et « brûlé » par l’affaire Clearstream, de Villepin a dû remiser au placard ses ambitions présidentielles et assister impuissant à la montée en flèche de son rival Nicolas Sarkozy. Lui et son patron en ont donc gros sur le cœur et ils ne peuvent que léguer à titre « posthume » leurs vœux d’insuccès à leur « malfaiteur ».

Lequel n’en a pas trop cure, car le nouveau patron de la Droite française et potentiellement de l’Etat après mai 2007 est un américanophile convaincu. Nicolas Sarkozy dont il s’agit, ne cache pas sa volonté de battre en brèche le discours anti-mondialiste de ses prédécesseurs et de redonner de la vigueur à l’axe Paris-Washington.

Premier gage de bonne foi, sa visite il y a un trimestre à New-York, au cours de laquelle il a louangé l’administration Bush pour sa « clairvoyance et sa fermeté » dans sa gestion des affaires du monde, notamment dans sa lutte contre le terrorisme. Sur le chantier de la laïcité, il est tout aussi offensif, lui qui clame que lorsque l’on choisit de vivre en France, on doit respecter les lois et le mode de vie français.

Exit donc le voile et autres pratiques « barbares », ce qui a le don de ravir les « neocons » Américains connus pour leur puritanisme. Et si d’aventure Sarko ne raflait pas la mise, la dame Royal est trop légère sur les questions internationales pour inquiéter l’ogre américain. George Walker Bush boit donc du petit lait et peut faire adopter un budget qui accorde la part belle à sa croisade irakienne (700 milliards de dollars) laquelle a le « don » d’enrichir sa famille par le biais de la flambée de l’or noir.

Aussi, la désintégration de l’Irak profite au protégé israélien, ce qui rend moins virulentes les campagnes de presse contre cette guerre de prédation. Bien sûr, il y a des Américains qui se font trucider, mais ce sont pour l’essentiel des citoyens de « seconde zone » en quête de « green card » (carte de séjour américaine).

Alors on n’a rien à « cirer » que quelques « aigris » épanchent leur bile, si tant est que la bannière étoilée est toujours le phare qui éclaire le monde. Plus qu’ailleurs, « l’hypocrisie est l’hommage du vice à la vertu » en politique.

Boubakar SY

Sidwaya

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