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Dialogue direct Gbagbo/Soro : Après les missions exploratoires, place aux modalités pratiques

Publié le mardi 6 février 2007 à 08h38min

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Le président en exercice de la CEDEAO et facilitateur dans le dialogue direct interivoirien, Blaise Compaoré, a été formel hier à Ouaga 2000 : "Je crois que d’ici la fin de la semaine nous devons pouvoir avoir une visibilité sur la poursuite du dialogue".

C’était tout juste après avoir rencontré les protagonistes de la crise. Un conclave qui a permis de fixer les modalités de cette palabre ivoiro-ivoirienne. En fait, un schéma clair des négociations.

Le 22 janvier dernier, Blaise Compaoré recevait le ministre d’Etat Guillaume Soro à Ouaga, 48 heures après, c’était au tour du président Laurent Gbagbo de s’entretenir avec son homologue burkinabè à Bobo-Dioulasso.

Dans la capitale économique burkinabè, Gbagbo avait était limpide : "Je suis venu pour dire à mon homologue Blaise Compaoré, président en exercice de la CEDEAO, de nous aider dans le dialogue entre Ivoiriens". Il est vrai que le 19 janvier, lors du 31e Sommet de la CEDEAO, les chefs d’Etat de l’institution sous-régionale ont chargé le Burkinabè d’œuvrer à faciliter ce dialogue direct demandé par Gbagbo lui-même. Le 1er février dernier, le PM Charles Konan Banny était également à Ouagadougou, où il a été reçu en audience le lendemain par le chef de l’Etat burkinabè.

Après toutes ces chassés-croisés diplomatiques, ce que Blaise Compaoré a appelé "missions exploratoires", l’heure semble venue pour le début de ce dialogue direct entre les frères ennemis.

C’est pourquoi, hier à Ouaga 2000, le facilitateur a d’abord échangé avec les deux délégations, à savoir celle du camp présidentiel, conduite par Désiré Tagro, et l’autre, des Forces nouvelles, amenée par Louis Dacourey-Tabley, puis il les a reçues séparément.

A l’occasion Désiré Tagro, conseiller juridique de Gbagbo, a tenu quelques propos dignes d’intérêt. Morceaux choisis : "... Vous avez certes été saisi en votre qualité de président de la CEDEAO, mais bien avant d’avoir été porté à la tête de notre organisation sous-régionale par vos pairs, vous aviez déjà accepté de prendre votre place dans le règlement de la crise ivoirienne... Votre décision, vous l’avez dit, est fondée non seulement sur votre volonté de rechercher une paix véritable et définitive en CI et dans la sous-région (vous êtes bien l’initiateur du dialogue intertogolais, qui s’est achevé de manière heureuse), mais aussi pour donner un sens aux liens historiques, sociologiques, culturels et économiques qui unissent nos deux pays...".

Tagro ira jusqu’à qualifier Blaise Compaoré d’Ivoirien par alliance en affirmant : "... Les relations entre nos pays sont particulièrement renforcées par vos liens personnels avec le président Laurent Gbagbo... mais également par le fait que votre épouse est ivoirienne, ce qui fait de vous un Ivoirien au regard de nos lois". Il a rappelé que ce dialogue direct accepté par tout le monde est une première, une solution ivoiro-ivoirienne.

Il n’a pas oublié les effets désastreux de cette crise, vieille de 4 ans 5 mois, dont les plus visibles sont, entre autres : l’insécurité croissante, le chômage généralisé, la fermeture de certaines écoles...

Des problématiques qui interpellent à une restauration des prérogatives régaliennes afin de les résoudre.

Pour les proGbagbo, ce dialogue direct vise deux objectifs :
- mettre ensemble les belligérants, qui doivent rechercher ensemble la paix pour la CI ;
- ensuite, régler ensemble les multiples maux dans lesquels barbote le pays depuis 2002.

En tout cas au sortir de ce préround du dialogue ivoiro-ivoirien, le président en exercice a campé le décor en ces termes "... Pour le moment, on a rappelé aux membres des délégations les responsabilités historiques dans la crise ivoirienne et nous attendons d’elles qu’elles fassent un dialogue constructif... Ce matin, nous avons surtout fait une évaluation des modalités pour la tenue de ce dialogue, à savoir les thèmes qui vont être traités, mais aussi les mécanismes qui vont nous permettre de fonctionner, une fois les accords obtenus, afin de ne pas tourner en rond comme cela s’est passé à différents moments".

Selon Blaise Compaoré, le dialogue direct, c’est-à-dire les débats contradictoires, n’ont pas encore débuté.

Quant à la durée de cette discussion entre Ivoiriens, le facilitateur estime que d’ici la fin de la semaine, quelque chose de tangible pourrait être enfanté. D’ici là, il faudra que les dialogueurs s’entendent sur certains sujets, pomme de discorde entre les deux camps :

- il y a d’abord la polémique de l’interprétation de la résolution 1721 de l’ONU, votée le 1er novembre 2006 ;

- ensuite, ce qu’il convient de nommer bras de fer entre Gbagbo et son PM, Banny, car la communauté a beau donner les pouvoirs élargis au second, pour le moment, il n’arrive pas à les exercer. Les exemples des nominations des DG du district d’Abidjan et des médias d’Etat sont illustratifs de cet état de fait ;
- tout cela butant, c’est connu, sur les étapes (audiences foraines, DDR...) devant conduire à l’élection présidentielle du 31 octobre 2007.

Pour le moment, chacun se dit confiant comme Sidiki Konaté, porte-parole des Forces nouvelles, qui a lancé un laconique : "Je suis optimiste" avant de s’engouffrer dans son véhicule, ou encore Désiré Tagro qui dira : "Nous sommes confiant...". Attendons de voir, d’ici le week-end, ce qu’il adviendra de cette palabre.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana


Composition des deux délégations

Camp présidentiel :

1) Tagro Désiré

2) Alcide Djédjé

3) Navigué Konaté

Forces nouvelles

1) Louis Tabley-Dacourey

2) Mamadou Koné

3) Sidiki Konaté

4) Alain Lobognon.

L’Observateur

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