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Présidentielle française : Bayrou le jocker gagnant ?

Publié le jeudi 1er février 2007 à 08h04min

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François Bayrou

Alors que les instituts de sondage et les faiseurs d’opinion nous annonçaient un duel Royal-Sarkozy (Ségolène Royal, candidate du parti socialiste et Nicolas Sarkozy celui de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), les dernières tendances incitent à penser que les jeux sont loin d’être faits.

Et et ce, malgré la puissance logistique, matérielle et financière des deux « champions ». Comme quoi la politique, ce n’est pas seulement le « fric » et les réseaux.

Serait-ce la fin de la bulle médiatique qui avait porté Ségolène Royal au firmament des sondages, faisant presque de la présidente de la région du Poitou-Chaventes, la prochaine locataire de l’Elysée ? Celle qui était, il y a un lustre, juste une « bonne militante » du PS, grandie à l’ombre de François Mitterand, puis de Lionel Jospin, dégringole en tous les cas dans les sondages avec moins de 30 % des intentions de vote au premier tour.

Une chute vertigineuse qui coïncide avec la montée en puissance de François Bayrou le candidat centriste et qui ne manque pas d’inquiéter, à moins d’un trimestre du premier tour de la présidentielle. Il faut dire que la dame Royal a tout fait pour mériter son sort actuel, elle qui tarde à décliner son programme national et qui ne cesse de multiplier les impairs à l’international. Celle qui a promis une « autre France » à ses compatriotes n’arrive pas à leur dire laquelle, ce qui a le don de désorienter la base, de plus en plus encline à aller « voir ailleurs ».

Notamment du côté des écologistes de Dominique Voynet, des extrémistes de gauche d’Olivier de Besancenot (voire José Bové ?) et surtout du côté du centriste François Bayrou.
Lequel aurait le soutien de Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, deux barons du PS, candidats malheureux à l’investiture de leur parti face à Ségolène Royal. Et pourtant, l’un comme l’autre avaient la surface nécessaire pour prétendre être « premier de France » et ils doivent être déçus de la vacuité du programme de Ségolène Royal.

Laquelle multiplie aussi les bévues au plan international, elle qui vient d’adopter une position controversée sur le Canada et qui observe un silence assourdissant sur le dossier Proche-Orient. Et, quand elle « l’ouvre », c’est pour rester dans les lieux communs tel que le respect de la feuille de route du quartet (USA-Russie-UE-ONU) et le respect par l’Iran des « sommations » de l’Oncle Sam sur la question du nucléaire.

On passe sous silence sa méconnaissance de l’Afrique, elle qui y est pourtant née, pour dire que « Ségo » ne séduit plus, malgré ses yeux de velours et son sourire de nacre. La magie de la télévision n’opère plus, car les Français n’écoutent plus avec leur yeux, mais bel et bien avec leurs oreilles. Au point qu’ils en sont aujourd’hui à détester Nicolas Sarkozy, redoutable bretteur d’idées pourtant, mais qui en plus du « pêché originel », pâtit de son américanophilie trop prononcée.

Des extrêmes vers le Centre ?

Sur le premier point et même si le débat n’en est pas pollué, les Français ne semblent pas prêts à confier les rênes du pays à un « fils d’immigré ». Et, même si « la France est un pays métisse et Paris une ville black » selon le slogan cher à SOS racisme, le saint des saints est un lieu trop sacré pour être confié à des mains « étrangères ».
Du reste, les actes de ses concurrents à la course présidentielle tendent à le montrer.

Ségolène Royal a ainsi lancé sa compagne « chez elle » en Poitou-Charentes.
Cependant que le « Sarko-show » avait lieu à Paris. Un « show à l’américaine » ont prétendu ses détracteurs, qui voient dans « la rupture positive » qu’il propose aux Français une allégeance à l’Oncle Sam. En tous les cas, Sarkozy bat en brèche le discours anti-mondialiste tenu jusque-là par Jacques Chirac et Dominique de Villepin, lui qui a promis de « renforcer » l’axe Paris-Washington s’il était élu.
Cela supposera un engagement plus résolu en Afghanistan voire en Irak, car Bush ne voudra pas adoucir sa position sans gages d’amitié.

Ces deux terrains devenant de plus en plus brûlants, les Français ne voudront pas envoyer leurs fils s’y faire tuer pour d’obscures raisons mercantiles.
Sarko et Ségo en difficultés, les partis dits de l’extrême n’en profite pas pour autant, contrairement à 2002 où Jean-Marie le Pen avait surpris tout le monde.
C’est que l’extrême gauche semble trop morcelée avec Dominique Voynet, Olivier Besancenot, Arlette Laguillier voire José Bové comme
candidats.

Le tout sous l’œil critique du populaire Nicolas Hulot, qui a refusé « d’y aller » et qui n’en cultive pas moins sa différence.

« Une autre politique de l’environnement » est possible se contente-t-il de déclarer placidement, sans dire laquelle, mais en posant des actes forts dans le sens de la préservation de la nature. Du côté de l’extrême-droite, même si Jean-Marie le Pen a réussi à ramener Bruno Goldnish à la maison, les luttes de succession, la désaffection des Français et l’usure d’un discours qui ne peut plus faire mouche à l’heure de la mondialisation, semblent jouer en sa défaveur. Du coup, c’est « le fils du pays », François Bayrou, qui lorgne tant à gauche qu’à droite sa famille « naturelle », qui monte dans les sondages au bon moment. Plus qu’un troisième homme, il se pose en favori de la compétition, pour peu qu’il arrive à rallier à sa cause des barons des deux camps et qu’il affine son discours centriste.

Il a déjà commencé en allant vers Fabius et D.S. Kahn et il n’hésite pas à « gauchiser » son discours. Le « petit vilain canard » de la droite sent que son heure est proche et il taille des croupières à sa « famille », lui qui sait que c’est en assassinant le père que le fils grandit en politique.
Et si cette course d’obstacles nous réservait une divine surprise ?

Boubakar SY

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 1er février 2007 à 17:40, par Milenko En réponse à : > Présidentielle française : Bayrou le jocker gagnant ?

    Bien vu, et ce serait même souhaitable, enfin ni gauche ni droite !
    A moins que Jean-Marc Governatori , de la France en action ne passe d’avantage dans les médias, car son programme est plus généraliste

  • Le 1er février 2007 à 18:24 En réponse à : > Présidentielle française : Bayrou le jocker gagnant ?

    Ton analyse est très intéressante et objective jusqu’à ce que tu évoques Nicolas Sarkozy !
    Les français ne l’aimeraient pas alors qu’il a 54 % des intentions de vote ! (je te rappelle que ton Bayrou n’en est qu’à 13 %)...
    Quant à son programme, il faudrait que tu le lises au lieu d’affirmer que c’est un atlantiste confirmé.

    Au final, ton analyse est donc approximative et on voit bien que tu es en mal d’arguments pour affirmer que Bayrou est le joker gagnant !

  • Le 1er février 2007 à 18:33, par bonnal En réponse à : > Présidentielle française : Bayrou le jocker gagnant ?

    Certes cet article reflette bien l’idée générale de la majorité des électeurs, mais il oublie de dire qui est Bayrou.
    L’ancien jeune loup de VGE qui propose une constitution europeenne indigeste pour la majorité des français et qui de plus est prêt à rassembler les politicards de l’UMP avec ceux du P.S .Ce n’est ni plus ni moins que la continuité de l’existence d’une classe politique française plus crédible,version revue et corrigée
    Les français voient aussi cela, que vont-ils faire ?
    Dieu seul le sait si toutefois il existe.

  • Le 1er février 2007 à 21:31 En réponse à : > Présidentielle française : Bayrou le jocker gagnant ?

    Bravo pour cet article intelligent et documenté.

    • Le 2 février 2007 à 10:18, par crec’hanbleiz En réponse à : > Présidentielle française : Bayrou le jocker gagnant ?

      OUI François Bayrou va continuer saprogression face à une candidate socialiste dont l’absence de programme et les bévues démontrent, chaque jour , sa faiblesse de plus en plus ressentie par l’électorat et face à Sarkozy dont les électeurs se méfient .....Il reste des ajustements à faire , par exemple , sur les thèmes chers à Sarkozy : sécurité , immigration ( thème qui est au coeur de la campagne ) Il faudra une prise de position claire de F. Bayrou sur ces 2 thèmes et aussi des prises de position autres que le simple pacte de N. Hulot s’agissant de l’environnement ....On ne peut qu’applaudir F.B. sur le renforcement de la décentralisation , sur les langues régionales , sur l’esprit de terrain et de terroir qui l’anime . Là où les autres candidats connaitront des " trous d’air " , il ne faiblira pas .

  • Le 2 février 2007 à 13:33 En réponse à : > Présidentielle française : Bayrou le jocker gagnant ?

    François Bayrou sera gagnant, j’en suis sûr !

    Il est le seul candidat à avoir une vraie vison de la France des optiques à prendre.
    Il s’intéresse plus aux petits qu’aux puissants, car les puissants n’ont pas besoin qu’on les aide pour progresser, son engagement pour l’environnement, la recherche, l’éducation est très fort, sans parler de ses prises de positions pour les exclus,... Enfin son programme est le plus réfléchis, le plus aboutit.

    Sur cet article je voudrais réagir quand à un terme on dit que les français ne veulent pas voter Sarkon parce qu’il est fils d’immigré et c’est faux, moi je ne vote pas Sarkon parce que la seule chose qui l’intéresse est de favoriser les grandes entreprises, les actionnaires les patrons du MEDEF avec lesquels il est fortement lié. Son origine n’a rien à voir dans ce choix.

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